Je me suis rendue en audience privée auprès du Rabbi de Loubavitch au printemps 1990. Je lui demandai entre autres une bénédiction pour ma sœur qui, mariée depuis quelques années, n’avait toujours pas d’enfants. Les nombreux spécialistes qu’elle avait consultés l’avaient assurée sans ménagement qu’elle n’avait pratiquement aucune chance de mettre au monde des enfants.

Le Rabbi accorda sa bénédiction et ajouta que ma sœur devrait fixer des Mezouzot aux portes de sa maison. Je n’avais pas révélé au Rabbi que ma sœur n’en avait aucune chez elle mais, apparemment, il le savait.

Comme je me trouvais à Brooklyn, je me rendis à quelques mètres de la grande synagogue du Rabbi, entrai dans un magasin de Judaïca, calculai combien de Mezouzot seraient nécessaires pour la maison de ma sœur et les lui envoyai en express. Elle et son mari les fixèrent immédiatement à toutes leurs portes avec la bénédiction adéquate – comme indiqué sur le prospectus.

Un an plus tard – presque jour pour jour après mon entrevue avec le Rabbi – ma sœur mit au monde un premier enfant et, deux ans après, un deuxième. Inutile de décrire la joie de toute la famille devant ces miracles auxquels les meilleurs médecins lui avaient conseillé de ne pas rêver…

De nombreuses années ont passé mais la bénédiction miraculeuse n’a jamais quitté la famille.

Mon beau-frère fut l’une des premières victimes lors des attaques du 11 septembre 2001 contre les tours jumelles à New York. Il se trouvait là quand le World Trade Center s’écroula sous le crash des avions. Toute communication téléphonique dans ce quartier de Manhattan était pratiquement impossible. Le chaos était tel que, pendant plusieurs jours, personne ne fut capable ni de dénombrer avec précision les victimes ni de les identifier. Ma sœur était affolée et terriblement angoissée comme le reste du monde. Finalement, elle apprit que son mari avait survécu et était soigné à l’hôpital. C’est là que nous avons appris ce qui s’était passé et que nous avons constaté que la bénédiction continuait.

Mon beau-frère se souvint avoir aperçu un objet qui allait s’abattre sur lui et ce fut la dernière chose dont il eut conscience avant de s’évanouir. Quand il se réveilla des heures plus tard, il apprit qu’un pompier lui avait sauvé la vie en le poussant hors de la trajectoire de l’objet qui aurait pu définitivement le tuer.

Pourquoi lui ? Pourquoi le pompier avait-il eu le réflexe de le pousser lui plutôt que d’autres personnes alentour ?

Nous apprîmes par la suite que ce pompier avait un enfant dans la même classe que mon neveu. Le pompier s’était souvenu avoir vu mon beau-frère lors des réunions de parents d’élèves et fêtes enfantines. Dans l’affolement de l’attentat – alors que tout se passait si vite, qu’il y avait tant de mort et de destruction dans les débris des deux tours – le pompier avait eu le réflexe de sauver une personne qu’il avait déjà eu l’occasion de croiser dans sa vie, le père d’un camarade de classe de son propre fils. Instinctivement, il s’était souvenu de son enfant et avait agi aussi rapidement que possible pour sauver celui qui n’était pas un total inconnu pour lui.

L’enfant qui était dans la classe du fils du pompier n’était autre que l’enfant du miracle, né grâce à la bénédiction du Rabbi qui aime chacun et voit en lui la lumière qu’il peut apporter dans le monde. Cet enfant était né après que ses parents aient accompli la Mitsva de la Mezouza, ce parchemin fixé aux portes de nos maisons et de nos chambres pour nous protéger constamment – que nous soyons à l’intérieur ou à l’extérieur.

Raconté par Sofya Tamarkin - Chabad.org