La portion de la Torah lue à Yom Kippour est extraite du livre de Vayikra : c’est le commencement de la section : A’haré Mot. Elle décrit, essentiellement et avec force détails, les services sacerdotaux que devait accomplir le Cohen Gadol (le Grand Prêtre), en ce saint jour, lorsqu’il pénétrait dans le Kodèch Hakodachim (le Saint des Saints).

Malheureusement, de nos jours, nous ne possédons ni Beth Hamikdach (Saint Temple) ni Kodèch Hakodachim ni Cohen Gadol. Il semblerait donc que tous les détails décrits dans cette partie de la Torah soient purement théoriques et n’aient aucun rapport avec le temps de l’exil présent.

La Torah n’est pas un livre d’Histoire ni un livre d’histoires dans lequel sont relatés des contes et des récits. Selon le Midrach, le mot Torah est étymologiquement associé au mot Horaa qui signifie « enseignement et guide » (Zohar III :53b). Quelle que soit la partie de la Torah que l’on étudie, il nous faut nous approfondir et réfléchir sur le sens caché dans les mots. Car la Torah renferme des instructions et des messages éternels.

Attardons-nous sur l’un des premiers versets de cette lecture de Yom Kippour.

Moché reçut l’instruction de dire à son frère Aharon (le Cohen Gadol) qu’: « il ne peut entrer de tout temps dans le Sanctuaire » (« Al yavo bekhol èt él hakodèch). Il s’agit simplement d’une directive adressée à Aharon selon laquelle, tout au long de l’année, il ne peut pénétrer dans le Saint des Saints du Tabernacle.

On peut en tirer un message pour chaque Juif sur la manière dont il doit se comporter à l’égard de la Sainteté de notre peuple : la Torah et les Mitsvot.

Nombreux sont ceux qui pensent, de façon erronée, que la Torah est archaïque et inadéquate pour les temps d’aujourd’hui. Ainsi, clament-ils, il faut la modifier et l’ajuster pour qu’elle soit compatible avec le mode de vie contemporain. C’est pour contrecarrer ces propos que la Torah déclare : « et quand il s’approche du Kodech », c’est-à-dire de la Torah et des Mitsvot, qu’il n’utilise pas les ajustements de « tout temps », autrement dit, les courants et les tendances de la mode. Nous devons rejeter la philosophie de « tout moment », en d’autres termes, l’idée de se conformer aux dictats de la mode et aux normes de la société contemporaine.

Un jour, un homme emmena son fils à Londres pour lui montrer les sites intéressants de cette ville historique. Au cours de la visite, ils se rendirent à l’incontournable horloge en haut du Parlement : Big Ben. L’enfant, comme tous les touristes, étira son cou pour voir l’horloge dans toute sa perspective.

« Papa ! Je voudrais te demander quelque chose, dit-il à son père. Pourquoi ont-ils mis l’horloge si haut que les gens doivent se tordre le cou pour la regarder ? N’auraient-ils pas pu l’installer au niveau des yeux pour qu’on puisse la voir facilement ? »

Le père réfléchit un instant et répondit :

« S’ils l’avaient placée plus bas, les gens régleraient Big Ben sur l’heure de leur montre personnelle. Comme l’horloge est en hauteur, hors d’atteinte de tous, on ne peut essayer de la régler. Si on veut avoir l’heure juste, on doit régler sa montre sur Big Ben. »

Il en va de même pour la Torah. La Torah est le Big Ben du Peuple Juif. Il nous faut toujours la contempler dans sa hauteur, ne pouvant être changée par des êtres mortels. C’est l’heure juste pour nous tous. Nous devons nous ajuster à cette horloge Divine et non la trafiquer pour tenter de l’ajuster à notre opinion et à notre avantage.

En ce jour le plus saint de l’année, prenons la décision de conformer notre vie à la Torah et laissons l’enseignement authentique de la Torah nous guider pendant toute l’année.

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Il vivait en Pologne un pauvre paysan qui travaillait dur son lopin de terre pour obtenir de bien maigres revenus. Il aimait sa terre mais il aspirait à en posséder davantage, juste quelques hectares de plus et il serait alors le plus heureux des hommes de son village.

Ce paysan juif fréquentait régulièrement la synagogue de sa communauté. Un soir de Kol Nidré, une fois que tous eurent quitté les lieux, il s’attarda un peu plus longtemps, récitant les Tehilim (les Psaumes de David) et déversant son âme devant D.ieu. Puis il s’approcha de l’Arche Sainte et s’écria à haute voix : « Oh ! Maître du monde ! Si seulement j’avais un terrain un peu plus grand, combien je serais heureux et satisfait ! »

Le Parits (le duc local qui possédait pratiquement toute la terre de cette région) passa devant la synagogue, à ce moment précis de ce soir de Yom Kippour. Remarquant que le lieu était éclairé, il ouvrit la porte et y pénétra subrepticement, au moment-même où le Juif implorait D.ieu. Il comprit chaque mot de cette supplique, ayant vécu depuis toujours parmi les Juifs. Il s’approcha donc du Juif et lui dit :

« Itsik ! Il se trouve que j’ai entendu ta prière et j’en ai été très ému. Je veux donc te faire la proposition suivante : le lendemain du jeûne, à l’aube, présente-toi devant la grille de mon domaine. A mon signal, tu iras arpenter mes champs et mes villages. Toute la terre que tu couvriras de tes pas, de l’aube au crépuscule, sera à toi. Mais il y a une condition : au crépuscule, tu devras être de retour à ton point de départ. Sinon, tu n’obtiendras rien du tout. »

A ces mots, rempli de gratitude, Itsik se précipita chez lui pour annoncer la bonne nouvelle à sa femme et à ses enfants.

Le lendemain de Yom Kippour, bien avant l’aube, Itsik courut au lieu du rendez-vous, accompagné de sa femme et de ses enfants. Au lever du soleil, le Parits apparut et lui donna le signal du départ. Et Itsik se mit à marcher, avançant de plus en plus vite au point que sa femme et ses enfants avaient du mal à le suivre.

« Itsik, ne cours pas si vite ! Prends ton temps, ménage-toi ! » l’implorèrent-ils.

« Ne voyez-vous pas que chaque moment veut dire un autre hectare de terre pour nous ! Demain je vous parlerai, demain je vous achèterai tout ce qu’il existe de mieux. Mais là, laissez-moi me dépêcher ! »

Il croisa un voisin dont il connaissait la situation matérielle désespérée.

« Itsik ! Je sais que tu as un grand cœur ! Je t’en supplie accorde-moi un prêt à court terme et tu me sauveras de la ruine ! » Itsik aurait bien aimé sauver ce Juif… mais il n’avait pas le temps.

« Désolé, je ne peux t’aider maintenant. Mais je te verrai demain. »

Il pensait : « Demain je serai riche et je pourrai l'aider financièrement. Mais là, je dois encore couvrir et posséder quelques hectares. »

Le soleil descend maintenant rapidement à l’horizon et Itsik se dirige vers son point de départ. Ses jambes sont lourdes, sa bouche est asséchée par la poussière et son cœur ne bat plus mais résonne comme un tambour. Il sait que pour son propre bien il devrait s’arrêter, mais il ne peut pas, car il est déterminé à acquérir toute la terre possible. Alors il court de plus en plus vite. Et au moment où les derniers rayons du soleil disparaissent, Itsik tombe au sol… terrassé par un arrêt cardiaque !

Ne sommes-nous pas trop souvent des Itsik, à l’égard de notre propre entourage ?

En ce jour saint, faisons en sorte que les requêtes auxquelles nous laissons libre court contiennent également la gratitude à D.ieu pour ce qu’Il nous a accordé et qu’Il nous donne un bon cœur, plein de sensibilité pour notre famille, pour les nécessiteux, plein d’amour pour la Torah et les Mitsvot et aussi, le bon sens de se satisfaire et de jouir de Ses bénédictions.

Que D.ieu nous accorde la santé, la subsistance et la satisfaction de nos enfants et le temps de profiter de ces bénédictions.