Lettre n° 994

Par la grâce de D.ieu,
1er Iyar 5711,
Brooklyn, New York,

A l’homme agréable, qui craint D.ieu,
responsable communautaire empressé,
le Rav Morde’haï Cohen,

Je vous salue et vous bénis,

J’ai bien reçu votre compte rendu sur la situation de la Tunisie, dans le domaine éducatif et je vous en remercie. Je recevrais avec plaisir, de temps à autre, de vos nouvelles, à propos des réalisations positives que vous introduisez, dans ce pays, pour assurer l’éducation des enfants juifs.

Comme vous me l’avez demandé, j’ai dit au Merkaz Leïnyaneï ‘Hinou’h de vous adresser un colis de livres à l’adresse du Rav Bembaron(1). Ces ouvrages vont sont sûrement parvenus dans de bonnes conditions et vous voudrez bien me confirmer les avoir reçus.

Nous venons de célébrer la fête de Pessa’h et nous nous approchons avantageusement du printemps. Or, le verset précise que Pessa’h doit être célébré pendant le mois du printemps. Concrètement, durant cette saison, les forces vives de la nature, restées cachées pendant l’hiver, au point de sembler disparaître complètement, réapparaissent soudain. Dès lors, il est établi que ces forces se sont voilées pendant quelques temps seulement pour mieux agir par la suite. Les arbres fleurissent, les champs se couvrent de légumes. Et, nos Sages disent que : “ celui qui se rend dans les champs, pendant le mois de Nissan et voit les arbres en fleur doit réciter une bénédiction(2) ”.

Il découle de cela une leçon pour nous tous. On peut se dire qu’une certaine période de notre existence n’est pas créative, n’apporte rien de nouveau. On doit savoir qu’une telle conception est, de façon générale, erronée, qu’une interruption a pour but d’ajouter des forces ou, pour reprendre l’image précédemment énoncée, d’assurer la floraison et de donner naissance à des fruits.

La fête de Pessa’h fait allusion à tout cela. Peu après l’amer exil de l’Egypte, exil du corps et de l’âme tout à la fois, au point que l’ange protecteur de ce pays dit : “ En quoi ceux-ci sont-ils différents de ceux-là ?(3) ”, l’élévation qui résultait de cet exil apparut à l’évidence. En cinquante jours, les enfants d’Israël quittèrent les quarante neuf portes de l’impureté, afin de recevoir la Torah de D.ieu Lui-même.

Avec ma bénédiction pour que vous connaissiez la réussite dans le rapprochement des enfants juifs de notre Père Qui se trouve dans les cieux,

Notes

(1) Voir la lettre précédente.
(2) “ Béni sois-Tu, Eternel notre D.ieu, Roi du monde, Qui a fait un monde dans lequel il ne manque rien, y a placé toutes les créatures positives et les bons arbres, afin que les hommes en profitent ”.
(3) En quoi les enfants d’Israël diffèrent-ils des Egyptiens puisque les uns et les autres sont idolâtres et pourquoi ces derniers se noient-ils dans la mer Rouge, alors que les premiers la traversent à pied sec ?