Lettre n° 9392

Par la grâce de D.ieu,


4 ‘Hechvan 5728,
Brooklyn, New York,


Je vous salue et vous bénis,


Je fais réponse à votre lettre du 1/11, dans laquelle vous me décrivez brièvement ce qu’a été votre vie, les problèmes qui se posent actuellement à vous, du fait de votre désir de poursuivre vos études jusqu’à un niveau universitaire supérieur. De façon générale, pour ce qui concerne la poursuite de vos études, vous prendrez sûrement conseil auprès de ceux qui connaissent votre caractère, vos aptitudes et qui possèdent des notions de pédagogie. Vous me dites que vous êtes élève, depuis un certain déjà, d’un séminaire de formation des enseignants. Il ne fait donc pas de doute que vous pouvez consulter l’un des membres de la direction ou des professeurs qui vous connaissent, conformément au principe selon lequel : “ le salut provient des nombreux conseillers ”(1).


Vous me dites qu’il vous arrive d’être saisi par la peur. Vous savez sans doute que cela est relativement fréquent, à un âge intermédiaire comme le vôtre. Il serait bon de solliciter le conseil d’un médecin spécialiste en ce domaine, puis de se conformer à sa directive et à sa prescription. Je conclurai en me référant à ce que vous écrivez au début de votre lettre. Vous me dites que vous n’êtes pas pratiquant, mais que vous croyez en une Existence supérieure, Qui dirige les merveilles de la nature et la vie de l’homme.


Il est inutile de préciser que vos propos se contredisent. Comment est-il concevable que celui qui croit, avec une foi pure, en une telle Existence, qui La considère comme supérieure et qui admet qu’Elle conduit la vie de l’homme, puisse prétendre qu’il n’est pas pratiquant ? S’il s’agit d’un homme qui pense et qui s’efforce d’être conséquent, dans sa vie, il se doit d’adopter les conclusions qui découlent de la conception qu’il s’en fait, pour la vie, en général et pour la sienne, en particulier. Car, il est insensé d’affirmer, simultanément, qu’il y a une Existence guidant la vie de l’homme, mais que cette Existence, pour reprendre votre formulation, ne s’intéresse en aucune façon au comportement de l’homme.


Il n’est pas du tout logique de penser que Celui Qui guide la vie de l’homme ne lui ait jamais indiqué de quelle façon il devait vivre cette vie(2), qu’Il l’a, bien au contraire, abandonné à son sort, le laissant tâtonner et chercher sa voie, dans la vie, sans lui donner d’instructions claires, sans même lui donner d’instruction du tout. Est-ce là ce que l’on peut appeler guider la vie ? Cela serait bien surprenant !


La conclusion immédiate découlant de cette foi est qu’à n’en pas douter, cette Existence Qui guide est à l’origine non seulement des détails de la vie, de ses événements obscurs, de moindre importance, mais “ aussi ”, et même de manière encore plus claire, de ses éléments fondamentaux, qui doivent occuper une place centrale dans la vie de l’homme. Le croyant doit donc se mettre à rechercher, avec le plus grand empressement et au plus vite, quand une telle directive lui a été donnée. En effet, il est bien clair que cette directive ne doit pas nécessairement être répétée chaque jour de nouveau. Il est amplement suffisant de l’exprimer une fois, d’une manière claire et aux yeux de tous(3), en public, en présence des foules les plus grandes et les plus larges. Dès lors, les pères peuvent communiquer cette directive à leurs enfants et leur demander de la transmettre à leur tour aux leurs. Il en a bien été ainsi, en chaque génération, jusqu’à la nôtre.


Il est évident également que ce Guide n’a pas transmis cette directive à une seule personne, en tout cas pas la première fois, qui a été essentielle. En effet, on peut toujours remettre en cause les paroles d’un homme, aussi élevé qu’il soit, car, au final, il n’est qu’un être de chair et de sang. Or, un enseignement est clair uniquement lorsqu’il ne laisse pas de place au moindre doute. Il faut en conclure que cette directive a bien été transmise, au moins la première fois, à des personnes appartenant à différentes catégories et qui, en outre, étaient numériquement nombreuses. Le fait que tous l’aient reçue en même temps, jusque dans le moindre détail, que celle-ci inclut bien en elle tous les principes permettant de déterminer l’attitude que l’on devra adopter en toutes les situations nouvelles qui se feront jour par la suite, interdit le doute, le moindre doute.


Quelqu’un qui n’a pas d’a priori insensés en la matière et qui effectue une recherche sur l’histoire de toutes(4) les nations de la terre s’apercevra qu’un seul et unique événement satisfait tous ces critères à la fois, faisant état d’une directive qui a été émise en présence d’une foule nombreuse, laquelle l’a reçue au même moment, selon la même formulation, avec l’Injonction d’en transmettre le message aux générations suivantes et en précisant comment en tirer les conclusions qui s’appliquent aux événements nouveaux pouvant survenir par la suite. Seule la révélation du Sinaï remplit toutes ces conditions à la fois.


Ces quelques lignes, peu nombreuses compte tenu de l’importance de l’enjeu, suffiront sûrement, d’autant que de nombreux ouvrages et articles traitent de tous ces sujets. J’espère que vous les trouverez dans la bibliothèque du séminaire de formation des enseignants en lequel vous poursuivez vos études, même si l’on peut y constater que certains élèves, pour l’heure, ne sont pas encore pratiquants.


Puisse D.ieu, Qui accorde Sa Providence à chacun et à chacune, faire que vous retrouviez votre origine et votre source, qui sont celles de quiconque appartient à notre peuple, les enfants d’Israël, descendants d’Avraham, d’Its’hak, de Yaakov et descendantes de Sarah, de Rivka, de Ra’hel, de Léa. Vous avancerez, avec certitude, sur la voie de la Torah, Torah de vie, qui est éternelle, par votre comportement quotidien, dans la joie et l’enthousiasme. Avec ma bénédiction afin de me donner de bonnes nouvelles de tout cela,


M. Schneerson,


Il serait bon de faire vérifier vos Tefillin afin de vous assurer de leur conformité à la Hala’ha. Vous prendrez soin de les mettre chaque jour de semaine. Si vous me transmettez les noms de tous ceux que vous citez, en précisant le nom de leur mère, on les mentionnera, en un moment propice, près du saint tombeau de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera.


Notes


(1) Michlé 11, 14 et 26, 6.
(2) Voir, à ce sujet, la causerie du 20 Tévet 5745, dans le Séfer Itvaadouyot 5745, tome 2, à partir de la page 1036.
(3) Voir, à ce sujet, la lettre n°6876.
(4) Le Rabbi souligne le mot : “toutes”.