Par la grâce de D.ieu,
28 Mar’Hechvan 5711,
Brooklyn,
Je vous salue et vous bénis,
Je vous joins la copie de ma lettre à monsieur David Bubis. Il serait bon que vous trouviez l’occasion d’évoquer avec lui la visite qu’il a faite ici, afin de l’encourager à mettre en pratique ce qui a été dit ici et, de façon générale, à lui souligner l’importance d’influencer son entourage. J’espère avoir de bonnes nouvelles du succès que vous connaîtrez, dans ce domaine.
Je fais suite aux deux lettres(1) que je vous ai écrites avant la fête. Du fait des occupations du mois de Tichri, qui a une portée générale, je n’ai pu poursuivre mon propos, concernant l’université. Je le ferai donc maintenant, bien que je n’ai pas reçu de réponse à mes deux lettres.
Vous pourriez tenir le discours suivant : "Malgré ce que dit le Rambam, à la fin du second chapitre des lois du divorce, il me semble que j’ai envie de fréquenter l’université et d’y poursuivre des études. Mais, quelqu’un me dit que, compte tenu de ma situation, une telle démarche est déplacée. Je suis, en effet, un ancien élève de la Yechiva Loubavitch, disciple du Rabbi et que le Rabbi accompagne, à chaque pas. En conséquence, si je me rends à l’université, je le contrains à me suivre dans ce lieu.
De fait, nos Sages disent, au traité Makot 10a, que lorsque l’élève part en exil, on contraint le maître à le suivre. Néanmoins, qui me dit que je suis tenu par cet avis ? Je cesserai momentanément d’être un élève de la Yechiva Loubavitch, ce qu’à D.ieu ne plaise. J’arrêterai, pendant quelques temps, d’être un ‘Hassid du Rabbi, que D.ieu m’en garde. Dès lors, on ne pourra plus rien me reprocher".
En fait, vous ne pouvez plus agir de la sorte. La partie révélée de la Torah stipule que le converti ne peut plus retrouver son état antérieur, ce qu’à D.ieu ne plaise. Même s’il commet des fautes par la suite, il reste un Juif, dès lors qu’il a été converti une fois. Et, il en est de même également dans le domaine de la sainteté. Celui qui est devenu un ‘Hassid, s’est attaché au Rabbi, fait que le Rabbi s’attache à lui, "comme le visage se reflète dans l’eau". Dès lors, il ne peut plus rompre ce lien, ce qu’à D.ieu ne plaise, puisqu’il dépend également du Rabbi qui, dans sa grande bonté, s’enchaîne à lui.
Ceci peut être comparé à ce que dit Igueret Hatechouva, au début du chapitre 7 : "Le roi est lié par des chaînes, celles de l’esprit. C’est pour cela que le Saint béni soit-Il est appelé Roi humilié". Vous consulterez ce texte. Il en est de même pour les Justes et, en particulier, pour les chefs de génération, tout spécialement ceux qui sont liés à la partie profonde de la Torah. Le Zohar, tome 2, page 38a, dit, en effet : "Qui désigne le verset par l’expression "la Face de l’Eternel" ? Rabbi Chimeon Ben Yo’haï".
Le Nitsoutseï Orot, citant le Yaabets, dit que le mot Et, superflu dans ce verset, introduit, en fait, les érudits de la Torah. Mais, la ‘Hassidout, au discours "élevez les yeux vers le ciel" de 5688(2) et "je n’irai pas" de 5699(3) dit le contraire. C’est, à proprement parler, le Nom de D.ieu Qui désigne Rabbi Chimeon.
Les commentateurs du Zohar citent, à l’appui de cette affirmation, le traité Baba Batra 75b, le Yerouchalmi Bikourim, chapitre 3, paragraphe 3, le Midrach Chmouel, chapitre 7, le Zohar, tome 2, pages 124b, 163b, tome 3, page 79b, Rabbénou Be’hayé, à la Parchat Tissa, dans son commentaire du verset "quiconque recherche l’Eternel". Vous consulterez également le Or Hatorah du Tséma’h Tsédek, Parchat Chemot, pages 39 et suivantes.
Je ne voudrais pas allonger mon propos, car je suis convaincu que, lorsque l’on décoche une flèche en l’air, elle retombe sur sa pointe. Votre source se révélera donc, c'est-à-dire votre attachement à mon beau-père, le Rabbi, qui s’exprimera en s’engageant "sur la voie droite qu’il nous a tracée et que nous emprunterons, en suivant ses pas". Vous m’annoncerez de bonnes nouvelles, dans ce domaine.
Bien sûr, vous le ferez au plus vite. Vous savez que des jours ont été créés et qu’un homme en reçoit un certain nombre, afin de transformer la part du monde qui lui est confiée. Il est dommage de perdre un jour, une heure, un instant qui ne serait pas consacré à l’accomplissement de la mission pour laquelle votre âme est descendue ici-bas.
Dans l’espoir de recevoir de bonnes nouvelles et en saluant votre famille,
Mena’hem Schneerson,
Notes
(1) Il s’agit des lettres n°719 et 755.
(2) 1928, du précédent Rabbi.
(3) 1939, du précédent Rabbi.