Par la grâce de D.ieu,
8 Nissan 5713,
Brooklyn, New York,
Au distingué et agréable ‘Hassid qui craint D.ieu, issu d’une
illustre famille, se consacrant aux besoins communautaires,
le Rav C. Z.(1),
Je vous salue et vous bénis,
Je me souviens de la discussion que nous avons eue, lors de votre visite ici et de vos conceptions respectueuses envers les sentiments des Juifs orthodoxes et la Tradition du passé de notre peuple, sentiments que l’on est en droit d’attendre, selon vous, de toutes les administrations et des institutions, en notre Terre Sainte, puisse-t-elle être restaurée et rebâtie. En conséquence, je vous adresse les quelques lignes qui suivent :
A) Sans doute vous imaginez-vous ou même savez-vous, au moins quelque peu, l’impression douloureuse et amère que conçoivent différents groupes, pas nécessairement parmi les orthodoxes, du fait du souhait, formulé par le gouvernement, de modifier la situation actuelle, d’assumer la responsabilité de toute l’éducation en Terre Sainte et de supprimer les différents courants(2), alors que la position gouvernementale, jusqu’à maintenant, n’a pas été neutre et que, de temps à autre, elle va même en s’empirant. Je souligne que je ne me prononce pas sur le fait, proprement dit, de confier l’éducation des enfants aux partis politiques. Ce n’est ni le moment ni le lieu de ce débat. En revanche, la modification de la situation actuelle et son transfert “ de la droite vers la gauche ”, de la sorte, est affligeant.
B) Il semble, et la logique établit qu’il en est bien ainsi, que le gouvernement ne souhaite pas supprimer les courants dans le seul but d’attaquer les religieux, mais uniquement pour des considérations politiques, ce qui veut dire, pour écarter les périphrases, qu’il désire, très simplement, empêcher que l’on éduque les enfants et qu’on les forme dans des écoles affiliées aux courants s’opposant aux conceptions politiques et économiques des partis actuellement au pouvoir. En effet, ces courants, dans le domaine de l’éducation, sont actuellement politiques et ils servent à défendre les conceptions des partis qui s’opposent.
C) Même si certains veulent supprimer les courants dans le but d’attaquer la religion, ils sont assurément peu nombreux et ce ne sont pas eux qui dictent les conceptions des partis au pouvoir. En outre, si l’on médite à l’approche qu’il convient d’adopter, on s’apercevra que l’on peut trouver, dans le cœur de chaque Juif, un lien à la religion, non pas à la religiosité, en général, mais bien à la foi d’Israël, même si, chez différents membres de notre peuple, ce lien s’exprime de diverses façons, pour plusieurs raisons.
D) Il découle des trois points ci-dessus que la bonne solution, à mon sens, s’il a déjà été décidé de supprimer tous les courants, consiste à ôter aux systèmes éducatifs qui sont affiliés à ces courants, toute connotation politique. Ces écoles ne se trouveront donc plus sous la direction et sous la domination des partis politiques. Elles seront confiées à des organismes à vocation purement morale et éducative(3). En d’autres termes, elles seront dirigées par des organisations et par des personnes, responsables communautaires, parents, enseignants, dont le mode de vie et la conception de la religion correspondent au choix de l’école. En revanche, la direction d’une école ne pourra être confiée à quelqu’un qui a fait le choix d’autres options. Et, l’on nommera, en la matière, un “ surveillant de Cacherout ”(4).
J’espère que vous accepterez ma proposition et que vous vous efforcerez de la promouvoir, de la manière qui convient. Car, les chances de concrétiser tout cela dépendent, à n’en pas douter, de votre intervention et celui qui a eu le mérite d’instaurer la scolarité obligatoire aura aussi celui d’institutionnaliser l’éducation aux Mitsvot et à la Torah. Je vous remercie de me communiquer votre avis sur tout cela. Avec mes respects et ma bénédiction pour une fête de Pessa’h cachère et joyeuse.
Notes
(1) Monsieur Chnéor Zalman Shazar. Voir, à son sujet, la lettre n°7475.
(2) Auxquels le Rabbi était également opposé et il demanda, à cause de cela, de créer un “ courant non affilié ”. Voir, à ce sujet, la lettre n°1535.
(3) Voir, à ce sujet, la lettre n°2107.
(4) Chargé de vérifier cette adéquation, pour le système Mamla’hti Dati, “ enseignement public religieux ”.