Par la grâce de D.ieu,
29 Nissan 5717,
Brooklyn,
Je vous salue et vous bénis,
J’ai bien reçu votre télégramme, me demandant de répondre à votre question, qui est sûrement la suivante : “ Est-il permis de prélever du liquide séminal, après une relation conjugale, aux fins d’analyse, afin de déterminer un traitement efficace pour avoir des enfants ? ”.
De façon générale, je ne tranche pas de questions hala’hiques, surtout dans ce domaine. Mais, je fais une exception, en l’occurrence, car il existe, à ce sujet, une instruction de mon beau-père, le Rabbi. Quelqu’un lui demanda s’il pouvait pratiquer cette même analyse, à la demande de son médecin et il lui répondit(1) : “ Il faut se sacrifier pour avoir des enfants ”. Quelle que soit l’interprétation que l’on peut donner de ces mots, ils veulent bien dire, en tout état de cause, que l’on doit pratiquer cette analyse. En pareil cas, si l’on adopte une position trop rigoriste, on ne fait pas qu’opter pour un comportement permis. On en est réellement coupable. En effet, il faut faire la preuve que l’on est en mesure d’autoriser un rigorisme sans fondement solide, lequel aura pour effet, en l’occurrence, de refuser cette analyse, même si, compte tenu du manque de rigueur de la génération, on peut se demander s’il faut faire une très large diffusion d’une telle position.
Il est plusieurs façons(2) de prélever le liquide séminal :
A) chez le mari,
B) chez la femme, en plaçant une gaze, avant la relation conjugale, que l’on transmet ensuite au médecin,
C) sans gaze, mais par prélèvement direct de ce liquide, après la relation.
Selon les responsa du Tséma’h Tsédek, sur le Choul’han Arou’h, Even Ha Ezer, fin du chapitre 9, il est clair que la Hala’ha préfère la troisième manière à la première et même à la seconde, qui peut être considérée comme une perte de semence. En outre, plusieurs médecins ne sont pas satisfaits d’un prélèvement sur une gaze. En conséquence, un télégramme vous a été adressé, vous signifiant un accord pour la question que vous posiez dans votre lettre sur un prélèvement direct après une relation conjugale normale.
Comme vous le savez, certains, parmi les derniers Décisionnaires, adoptent, en la matière comme en ce que disent les responsa du Tséma’h Tsédek, une position rigoriste. Il s’agit essentiellement de ceux qui sont originaires de Hongrie. Néanmoins, la crainte de D.ieu s’est affaiblie, de nos jours, de sorte que cette position rigoriste, destinée à renforcer la pureté et à éviter l’émission de liquide séminal en pure perte, peut aboutir à l’opposé de l’effet escompté, car nombreux sont ceux qui ont, malheureusement, adopté un comportement libre. Aussi, les Rabbanim de Hongrie, en ces toutes dernières générations, ont également commencé à adopter une position plus large. En tout état de cause, nous devons nous en tenir à la parole du roi, car “ qui sont les rois ? Ce sont les Sages ”, en l’occurrence celle de notre maître, le Tséma’h Tsédek, dont nous buvons l’eau et dont la lumière nous guide.
Certains considèrent que, si une permission doit être donnée en la matière, il faut se servir, par exemple, d’un préservatif. Et, quelques grands Décisionnaires ont opté pour cette position. Mai, à mon humble avis et sans vouloir leur manquer de respect, ceci ne me semble pas du tout justifié, car il n’y a pas là une relation conjugale normale. J’ai donc été satisfait de trouver cet avis dans les responsa(3).
Je vous adresse ma bénédiction pour que le Créateur du monde, Qui le dirige, exauce le souhait de votre cœur et celui de votre épouse, vous accorde très prochainement un enfant, de la meilleure façon. Vous les éduquerez afin qu’ils soient des ‘Hassidim, craignant D.ieu et érudits.
Dans l’attente de vos bonnes nouvelles,
M. Schneerson,
N. B. : Vous me dites, à la fin de votre lettre, que vous êtes peiné de constater que telle personne s’est emportée contre vous parce que vous êtes entré… Mais, vous savez ce que demande l’Admour Hazaken, dans Iguéret Ha Kodech, à la fin du chapitre 2, à propos du verset “ Comme le visage se reflète dans l’eau… ”(4). En l’occurrence, peu importe donc qui est le premier à changer d’attitude. Celui qui le fera conduira l’autre à en faire de même, “ comme le visage se reflète dans l’eau… ”.
Notes
(1) Voir, à ce sujet, la lettre n°4557.
(2) Voir, à ce sujet, la lettre n°4935.
(3) Le Rabbi note, en bas de page : “ Plusieurs d’entre eux sont cités dans le Otsar Ha Posskim, tome 9, page 114a. Vous consulterez ce texte et ce qui a été dit avant, à partir de la page 86a et de la page 103b. ”
(4) C’est en adoptant une attitude positive envers lui qu’il changera lui-même de comportement.