Lettre n° 5360

Par la grâce de D.ieu,
11 Nissan 5717,
Brooklyn, New York,

Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu,
se consacre aux besoins communautaires, aux
multiples connaissances, le Rav Chlomo Yossef(1),

Je vous salue et vous bénis,

J’ai bien reçu votre lettre.

A l’occasion de la fête des Matsot, temps de notre liberté, qui approche, pour nous et pour tout Israël, pour le bien, je vous adresse ma bénédiction pour une fête cachère et joyeuse, pour une liberté véritable, pour vous défaire des tracas matériels et spirituels, de tout ce qui empêche de servir D.ieu avec joie et enthousiasme.

Et, vous conserverez cette liberté et cette joie tout au long de l’année.

Bien plus, le service de D.ieu, comme nous l’ordonne notre Torah, Torah de vie, s’applique à tout ce qui concerne l’homme, pendant toute la durée de la journée et de la nuit, ainsi qu’il est dit : “ En toutes tes voies, reconnais-Le ”. Et vous consulterez attentivement le début du cinquième des huit chapitres du Rambam.

Avec ma bénédiction, à l’occasion de la fête,

M. Schneerson,


Le Pela’h Ha Rimon sur Chir Hachirim(2) est, à ma connaissance, extrêmement rare. Il en existe un exemplaire dans la bibliothèque de mon beau-père, le Rabbi et son impression n’est pas claire.

Pour l’heure, je n’ai pas encore reçu vos livres, Sippoureï ‘Hassidim sur les fêtes et Le Or Ha Hala’ha.

J’ai parlé, avec celui que vous citez, de sujets encore plus importants que l’édifice de la Yechiva Torat Emeth. Il ne vous l’a pas dit, semble-t-il, parce qu’il est mal à l’aise, vis-à-vis du parti.

Vous faites référence à la signification du Nom divin Avaya(3). Trois explications sont données à ce sujet :
A) Le Créateur du temps et de l’espace.
B) Il a été, Il est, Il sera, transcendant l’espace et le temps. Ces deux explications figurent dans le Zohar, tome 3, page 257b, le Pardès, porte 1, chapitre 9, Chaar Ha I’houd Ve Ha Emouna, de l’Admour Hazaken aux chapitres 4 et 7, de même que dans d’autres textes encore.
C) Il n’a aucune explication.

Plus généralement, ces trois explications correspondent à la Lumière divine qui pénètre les mondes, à celle qui les entoure et à celle qui transcende les deux précédentes, ou encore au réceptacle, à la lumière et à l’essence, comme le précise le Ginat Egoz, cité et commenté au début du Chneï Lou’hot Ha Berit, dans les discours ‘hassidiques intitulés “ Quiconque apprend ” et “ On se tient ”, prononcés en 5666, les discours de Pessa’h et Chavouot 5668, de même que d’autres textes encore.

Il est clair que Avaya possède l’existence, n’est ni lu ni écrit, ce qui n’est pas l’avis du Gaon de Vilna.

La question que je posais, dans les additifs à la Haggadah(4), à propos de la seconde raison donnée par le Abudarham(5) n’est pas que l’on ne s’est pas acquitté de son obligation, comme vous le sous-entendez, en citant l’exemple de la vérification du ‘Hamets, liée à la bénédiction de Chéhé’héyanou qui la suit. De fait, vous auriez pu citer également la bénédiction de la Mitsva de la Soukka, selon le Ora’h ‘Haïm, à la fin du chapitre 639. En réalité, la question que je posais portait sur la nécessité de penser à tout cela, quand la bénédiction est récitée. Or, on n’en trouve pas l’équivalent pour la recherche du ‘Hamets et pour la Soukka, car on ne peut penser qu’à ce qui existe déjà. De plus, on ne dit pas de bénédiction sur ce qui est uniquement accessoire.

Vous comparez la bénédiction de Chéhé’héyanou, à celle qui concerne les cadeaux aux amis de Pourim(6). Le Sidour du Yaabets établit clairement que, pendant cette bénédiction, il faut penser à ces cadeaux. Et, de ce fait, celui qui n’a pas de Meguila la dira, néanmoins.

Vous posez une question sur le Tsafnat Paanéa’h(7). Or, son explication porte sur les propos du Rambam sur lesquels vous-même, vous interrogez. Une différence y est faite entre la période du Temple et l’époque actuelle.

Notes

(1) Le Rav C. Y. Zevin, de Jérusalem, auteur de l’Encyclopédie talmudique. Voir, à son sujet, les lettres n°4811, 5604, 5743 et 5772.
(2) De Rabbi Hillel de Paritch.
(3) Le Rav Zevin écrivait : “ Dans l’article intitulé ‘la prononciation du Nom de D.ieu’, qui figurera dans le tome 8 de l’Encyclopédie talmudique, j’ai cité la discussion entre le Tour et le Choul’han Arou’h, d’une part, le Gaon de Vilna sur le Choul’han Arou’h, Ora’h ‘Haïm, chapitre 5, d’autre part, sur deux points. Le Tour et le Choul’han Arou’h disent que, dans les bénédictions, on doit penser qu’il faut lire Ado-naï et écrire Avaya, alors que, selon le Gaon de Vilna, il n’est pas nécessaire de penser à ce que l’on écrit. De plus, le Tour et le Choul’han Arou’h disent que Avaya signifie : “ Il était, Il est, Il sera ”, alors que sa signification, selon le Gaon de Vilna est : “ Il existe ”. Le Choul’han Arou’h de l’Admour Hazaken est du même avis que le Choul’han Arou’h. Tout ceci a une incidence sur l’action concrète, au quotidien, à tout moment. Il est donc important de déterminer ce qu’il en est, pour la ‘Hassidout et la Kabbala. Le Tanya, au chapitre 4 de Chaar Ha I’houd Ve Ha Emouna semble donner une troisième interprétation du Nom Avaya. De façon générale, l’Encyclopédie est basée uniquement sur la Hala’ha, mais, en l’occurrence, si je disposais de références de la Kabbala ou de la ‘Hassidout, je les aurais citées.
(4) A la page 33 de la nouvelle édition.
(5) Le Rav Zevin écrivait : “ Je viens de recevoir le fascicule d’additifs à la Haggadah de Pessa’h et je vous en remercie beaucoup. Une question y est posée sur le Abudarham, selon lequel on ne dit pas la bénédiction de Chéhé’héyanou en consommant la Matsa, car on l’a déjà dite pour le Kiddouch. Or, il aurait alors fallu penser à la Matsa, comme on le fait, à Pourim, pour les cadeaux envoyés à des amis. Pourtant, le Roch, au traité Pessa’him, chapitre 1, paragraphe 10 et dans ses responsa, règle 25, paragraphe 3, le Tour, au chapitre 432 et le Choul’han Arou’h de l’Admour Hazaken, chapitre 432, paragraphe 3, disent que l’on ne récite pas la bénédiction de Chéhé’héyanou en recherchant le ‘Hamets, car cette recherche est une préparation de la fête. Elle est donc incluse dans le Chéhé’héyanou de la fête, bien qu’elle la précède. Combien plus doit-il en être de même pour la Matsa, pour la même raison.
(6) Le Rav Zevin écrivait : “ S’agissant des cadeaux envoyés aux amis à Pourim, il me semble qu’une différence peut être faite. Le Chéhé’héyanou suivant la bénédiction de la Meguila fait suite à ce qui concerne spécifiquement la lecture de la Meguila. Pourquoi porterait-il également sur ces cadeaux. Dans ce cas, il faut, en effet, y penser. A l’opposé, le Chéhé’héyanou du Kiddouch fait suite à la sanctification du jour et de la fête, comprenant donc tous ses aspects, ce qui le précède et ce qui le suit. Certes, le Meïri, au traité Meguila 4a, cite un avis selon lequel la bénédiction de Chéhé’héyanou du jour porte sur la fête et non sur la lecture de la Meguila. Pour autant, même d’après cet avis, il n’est pas dit qu’il faut penser à ces cadeaux au moment de la bénédiction. Et, le Meïri lui-même dit qu’il n’adopte pas cet avis. Et, le Maguen Avraham dit clairement, au début du chapitre 692, que, si l’on n’a pas de Meguila, on ne dit pas de bénédiction.
(7) Le Rav Zevin écrivait : “ On peut s’interroger sur ce qui est présenté comme une évidence, dans les additifs de la Haggadah de Pessa’h, (page 37 de la nouvelle édition), au nom du Tsafnat Paanéa’h, c’est-à-dire l’obligation faite par la Torah de consommer du Maror, y compris quand on n’a pas de sacrifice de Pessa’h. En effet, le Rambam affirme clairement le contraire, dans ses lois du sacrifice de Pessa’h, chapitre 8, paragraphe 2. C’est aussi ce qu’indiquent ses propos, dans les lois du ‘Hamets et de la Matsa, chapitre 7, paragraphe 12. Quant aux traités Pessa’him 91a et Kiddouchin 37b, le Min’hat ‘Hinou’h a déjà longuement expliqué qu’il emploie uniquement l’expression courante de ‘Matsa et Maror’ pour désigner, en fait, seulement la Matsa.