Par la grâce de D.ieu,
9 Nissan 5717,
Brooklyn,
Je vous salue et vous bénis,
Je fais réponse à votre lettre, qui n’était pas datée. Vous me dites que vous étudiez à la Yechiva et vous envisagez quelques possibilités d’installation à court terme. Vous me demandez ce que j’en pense et ce que vous devez choisir.
De nos jours, l’étude de la Torah, en Terre Sainte, dans le cadre d’une Yechiva, a une portée beaucoup plus large qu’auparavant. Elle a un rôle essentiel et est d’une très grande utilité, en apportant à celui qui la pratique des bases solides, en le préservant des épreuves de notre époque, en lui permettant de ne pas craindre les vents de tempêtes qui soufflent de toute part. Malheureusement, ceux-ci ne diminuent pas et, bien au contraire, nos Sages disent que “ il n’est pas de jour…(1) ”.
En conséquence, une étude de quelques années à la Yechiva n’est pas uniquement réservée à celui qui choisit, dans la vie, une fonction sacrée, au Rav, au recteur de Yechiva ou au Cho’het. Elle concerne, à proprement parler, chaque jeune qui désire réellement, au cours de son existence, étudier la Torah et pratiquer les Mitsvot, selon la Volonté du Créateur. Quelques années dans ce cadre sont indispensables.
Bien plus, vous n’entendez pas exercer une fonction sacrée et l’on peut en conclure que vous serez exposé à des épreuves encore plus forte. Pendant ces années déterminantes pour votre personnalité morale, vous devez donc vous trouver à la Yechiva, sans y être dérangé par d’autres études, sans être confronté à un autre environnement. Il ne s’agit pas simplement, en l’occurrence, d’acquérir quelques connaissances de plus, d’être un plus grand érudit, mais, à proprement parler, de vous donner les moyens de pratiquer les Mitsvot.
De plus, vous devez savoir que l’enseignement de la Michna : “ Ne crois pas en toi-même(2) ” s’appliquent encore de nos jours, c’est bien évident. Combien plus est-ce le cas pour les jeunes qui n’ont pas encore quitté les quatre coudées de la maison de leurs parents ou bien celles de la Torah et de la prière. Ceux-là sont donc dans l’impossibilité de déterminer l’ampleur des épreuves auxquelles ils seront confrontés, dans quelques années et de décider s’ils sont déjà assez protégés, dans toute la mesure du besoin, pour lutter contre les voiles et les obstacles.
Certains soulèvent, contre ce qui vient d’être dit, l’objection suivante. Les années de Yechiva retardent le commencement de la vie active. Mais, au final, c’est le Saint béni soit-Il Qui nourrit chacun et subvient à ses besoins, car “ l’homme ne vit pas uniquement de pain ”. Quand cela est nécessaire, il doit donc renforcer sa stature morale, afin que celle-ci soit suffisamment ferme. Et, quand le fondement est solide et puissant, on peut profiter de l’édifice s’appuyant sur lui, le décorer et l’embellir. Il n’en est pas de même quand ce fondement est vacillant.
Puisse D.ieu faire que vous preniez la décision qui sera réellement bonne, c’est-à-dire celle de consacrer quelques années aux études sacrées, dans une atmosphère et un environnement de sainteté. Ainsi, vous connaîtrez la réussite, à l’avenir, également dans le domaine matériel.
Avec ma bénédiction pour une fête de Pessa’h cachère et joyeuse,
Pour le Rabbi Chlita,
le secrétaire,
Notes
(1) Dont la malédiction ne soit pas supérieure à celle de la veille.
(2) Jusqu’au jour de ta mort.