Par la grâce de D.ieu,
12 Adar Chéni 5717,
Brooklyn,
Je vous salue et vous bénis,
Après une longue interruption, j’ai bien reçu votre lettre du 19 Adar Richon, avec la demande de bénédiction qui l’accompagnait et qui sera lue, en un moment propice, près du saint tombeau de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera.
J’y ai lu, avec plaisir, que vous avez eu la possibilité de diffuser des exemplaires du Tanya. Sans doute continuez-vous à le faire et vous expliquerez, à tous ceux qui reçoivent ce livre, ce qu’est la ‘Hassidout, sa nécessité, en particulier à notre époque de confusion des valeurs et d’imprécision, au point de faire passer le bien pour du mal et le mal pour du bien, l’obscurité pour de la lumière et la lumière pour de l’obscurité.
De fait, il est remarquable que la ‘Hassidout soit appelée “ luminaire de la Torah ”, “ âme de la Torah ”, “ lumière de la Torah ”.
Vous me demandez des précisions supplémentaires sur les instructions que je vous ai données dans ma précédente lettre. Il est clair que l’on ne peut pas énoncer de règles intangibles, en la matière(1). En effet, chacun a sa propre personnalité et il n’est pas une personne qui soit identique à la seconde.
Vous m’interrogez également sur l’oubli(2). Il me semble vous avoir déjà dit, dans ma précédente lettre, que celui-ci est le contraire de la lutte contre une pensée indésirable. Il faut donc prendre cette expression au sens le plus simple d’oubli afin de penser à autre chose.
Vous me demandez des conseils pour provoquer la joie. Différents textes traitent de ce sujet, en particulier le Tanya, dont vous consulterez l’index.
Conformément au dicton(3) bien connu de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera, un bilan moral, aussi important soit-il, ne doit être effectué qu’à des moments bien précis, selon l’usage des commerçants(4), c’est-à-dire seulement quelques fois par an. En effet, si on le faisait constamment, non seulement cela n’aurait aucun intérêt, mais, bien plus, une telle pratique pourrait même être dommageable(5).
Puisse donc D.ieu faire que vous adoptiez cette même pratique, que vous repoussiez ce bilan jusqu’au mois d’Elloul ou bien à la veille de Roch ‘Hodech(6). Ainsi, dans la joie, vous multiplierez vos actions et vous illuminerez la part du monde qui vous est confiée. Dès lors, par un effet de réverbération, la lumière qui se trouve au fond de votre âme en sera accrue.
Ces jours sont propices pour un bon début en ce sens, au point que les voiles et les obstacles subis jusqu’à maintenant cessent de déranger, bien plus qu’ils viennent en aide. En effet, la Torah dit de l’ensemble du mois de Pourim, de tous les jours qui le constituent, que “ il fut transformé pour eux ” en joie et en fête.
Or, la signification de cette transformation est la suivante. Ce mois est susceptible de changer ce qui, d’emblée, n’était pas un bien visible et tangible en joie et en fête, que l’on peut observer de ses yeux de chair.
Avec ma bénédiction pour donner de bonnes nouvelles,
Notes
(1) S’appliquant à tous de manière identique.
(2) Le fait de ne plus penser à un certain problème.
(3) Voir, à ce sujet, la lettre n°4017.
(4) Qui n’établissent pas les comptes de leur affaire en permanence.
(5) Faire obstacle à l’action proprement dite.
(6) De chaque mois, appelée “ petit Yom Kippour ”.