Par la grâce de D.ieu,
10 Adar Chéni 5717,
Brooklyn,
Au distingué ‘Hassid qui craint D.ieu
et se consacre aux besoins communautaires,
le Rav Barou’h(1),
Je vous salue et vous bénis,
Je fais réponse à votre lettre de l’issue du Chabbat Parchat Vaykra, qui a donc été rédigée en Adar Chéni, un mois pendant lequel on multiplie sa joie et quelques jours avant Pourim, lorsque cette joie devient “ jusqu’à ne plus savoir ”(2).
Malgré tout cela, le contenu et surtout l’état d’esprit de votre lettre sont étrangers à Pourim et à cette joie. Malgré toutes les explications, toutes les justifications que vous donnez, à ce propos, il n’en reste pas moins que D.ieu, Qui non seulement crée le monde, mais, en outre, le dirige, a ordonné : “ Servez D.ieu dans la joie ”. Ainsi, D.ieu a conscience de tous les aspects de chaque situation. Il n’en demande pas moins de se réjouir.
On peut déduire de tout cela trois éléments :
A) D.ieu demande qu’il en soit ainsi et il est donc une certitude que chacun en a la capacité, la possibilité. En effet, “ le Saint béni soit-Il n’agit pas avec félonie envers Ses créatures ” et lorsqu’Il leur demande un certain accomplissement, il est certain qu’elles disposent des forces nécessaires pour cela.
B) Même dans une situation comme la vôtre, il y a effectivement de quoi se réjouir. Il suffit de refuser de fermer les yeux pour s’en apercevoir aussitôt.
C) Différents textes, en particulier le chapitre 26 du Tanya, expliquent que, bien au contraire, quand il s’agit d’obtenir gain de cause et d’être victorieux au combat, a fortiori quand celui-ci est âpre, la joie est impérative, car elle ouvre le cœur, l’apure de tout soucis, des tracas et de la tristesse. Le Tanya explique tout cela longuement.
Vous connaissez le dicton(3) de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera, selon lequel un soldat partant pour le front, chante une marche victorieuse et se réjouit, bien qu’il n’ait pas encore, à proprement parler, pris part à la guerre. Dans la pratique, une telle démarche et une forte confiance en la victoire et en la joie renforcent et hâtent l’issue positive de la lutte.
Puisse D.ieu faire que les difficultés dont vous faites état dans votre lettre soient transformées, qu’elles contribuent à la réussite de votre entreprise. Il est dit de l’ensemble de ce mois, avec tous les jours qui le constituent, en particulier Pourim, que “ il fut transformé ” en joie et en fête.
Avec ma bénédiction pour un joyeux Pourim et pour donner de bonnes nouvelles,
Notes
(1) Le Rav B. Litvin, de Monts Calmes. Voir, à son sujet, la lettre n°4843.
(2) Faire la différence entre “ Béni soit Morde’haï ” et “ Maudit soit Haman ”.
(3) Voir, à ce sujet, la lettre n°5100.