Lettre n° 5238

Par la grâce de D.ieu,
2 Adar Chéni 5717,
Brooklyn,

Au distingué ‘Hassid qui craint D.ieu
et se consacre aux besoins communautaires,
le Rav Barou’h(1),

Je vous salue et vous bénis,

J’ai bien reçu votre lettre de la veille du Chabbat. A ma grande surprise, vous ne dites rien de l’affaire, bien connue, de la synagogue(2) et je ne trouve pas, dans votre lettre, de raison justifiant ce silence. Vous précisez qu’il y aurait eu beaucoup à dire, mais cela n’explique rien, car cette même affirmation aurait pu avoir pour effet de supprimer une moitié de votre lettre ou peut-être même plus que cela.

Je vous joins la copie d’une lettre, adressée à tous(3), en relation avec le livre de Chemot que nous venons de conclure. Elle vous intéressera sûrement. En marge de cette lettre, vous trouverez quelques explications, faisant référence à la question que vous posez, bien qu’il y aurait eu beaucoup à dire, à ce sujet, comme c’est le cas pour tout ce qui concerne la Torah, “ plus longue que la terre et plus large que la mer ”. Pour autant, on n’est pas dispensé d’écrire ce qu’il faut, quand cela est possible.

J’espère qu’à ‘Hanouka, vous avez allumé des lumières dans tout votre entourage, bien qu’on le fasse quand s’installent, dans la rue, l’obscurité et la pénombre. Et, il faut en allumer le plus grand nombre, précisément “ à la porte de sa maison, vers l’extérieur ”. Vous devez comprendre ce que cela veut dire.

Et, vous vous préparez également à Pourim, afin d’obtenir le résultat décrit par les termes de la Meguila, “ les nations du monde se judaïsèrent ”.

Avec ma bénédiction pour donner de bonnes nouvelles,

Vous m’interrogez sur le Tanya, à la page 76a : “ D’un niveau à l’autre, avant d’atteindre celui qui est supérieur, on connaît la chute, par rapport au précédent ”. Pourquoi cette chute est-elle nécessaire pour accéder a un stade plus élevé ?

L’explication est la suivante. On accède à un certain niveau, par le fait que l’on agit, que l’on pense, que l’on fait des efforts en tout ce qui permet de l’atteindre. Puis, pour se hisser vers un stade plus élevé, il faut se concentrer, s’approfondir sur de plus hautes préoccupations. Ainsi, à l’issue d’un certain effort, d’une compréhension et de sentiments, on parvient effectivement à ce niveau supérieur.

Pour autant, il est impossible de s’investir en deux niveaux à la fois. Il faut donc cesser de s’inscrire dans le précédent, se couper de lui et donc perdre ce qui en résulte, n’en conservant plus qu’une simple trace.

Un exemple illustrera cette idée. Un bon orateur, par un discours enflammé, saura faire verser des larmes à son auditoire. Puis, viendra un autre orateur, qui parlera encore mieux, d’un sujet qui concerne encore plus les présents et qui les fera donc sangloter ou encore les fera exploser de joie.

Après la fin de l’intervention du premier orateur et avant que le second captive l’assistance, les présents ne versent pas de larmes, même s’il conservent la trace du premier discours.

Dans cette image, bien entendu, l’orateur est l’intellect et le discours porte, par exemple sur la grandeur du Créateur et sur l’insignifiance de l’homme. C’est une évidence.

Notes

(1) Le Rav B. Levitin, de Monts Calmes. Voir, à ce sujet, la lettre n°4843.
(2) Du procès intenté pour qu’y soit installée une séparation entre les hommes et les femmes.
(3) Il s’agit de la lettre n°5010.