Lettre n° 5027

Par la grâce de D.ieu,
12 Tévet 5717,
Brooklyn,

Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu
et assume une mission divine, le Rav Its’hak(1),

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre, dans laquelle vous évoquez la question, traitée dans le Ha Tamim, volume 5, page 78, paragraphe 2, qui figure au chapitre 8 du Tanya. Son contenu est le suivant. Celui qui prie ou étudie la Torah grâce à la force physique qu’il a tirée de la consommation d’aliments interdits ne peut pas en élever la vitalité dans le domaine de la Sainteté.

Et, l’on peut souligner la gravité de cet Interdit également d’après ce qui y est dit au début du chapitre 37 du Tanya, selon lequel l’âme divine est alors incapable de s’exprimer par les lèvres(2).

En réalité, l’explication de tout cela est bien simple. Car, cette élévation(3) est bien un fait nouveau, comme le dit le Midrash Kohélet Rabba, chapitre 3, paragraphe 14. La logique première, en effet, indiquerait plutôt que le contraire est vrai(4), car quelle relation y a-t-il avec un aliment matériel(5) ? Quelle relation y a-t-il même entre la matière du corps et la sainteté de la Torah ou de la prière, qui sont spirituelles ?

Bien plus, la même question peut aussi être posée à propos de l’âme animale. Ainsi, la main qui rédige des notions abstraites n’en semble pas, pour autant, plus raffinée ? Et, si elle écrit des bêtises, on ne verra aucune différence, qu’il s’agisse de propos sensés ou non. Ainsi, l’Admour Hazaken dit que “ la sagesse ne peut pas être touchée avec les mains ”.

En fait, quand la matière est élevée, elle reçoit une ascension, comme c’est le cas, par exemple, pour la matière du cerveau, laquelle, comme l’expliquent les discours ‘hassidiques, est modifiée par l’activité intellectuelle, ce qui n’est pas le cas s’il s’agit de bêtises.

L’activité intellectuelle apporte donc l’élévation et l’on peut en déduire que, même si la matière a déjà reçu cette élévation, mais que, par la suite, l’homme a connu la chute, il retrouvera bien son niveau précédent.

On peut le comprendre d’après la raison pour laquelle la Mitsva peut être accomplie avec un objet matériel seulement après que le monde et la matière aient reçu l’élévation, ce qui fut globalement possible grâce à l’exil d’Egypte, comme le précisent le Torah Or, Yethro, à la page 74a et d’autres textes encore. Tout cela est bien évident.

Avec ma bénédiction,

Notes

(1) Le Rav I. Hutner, de Brooklyn. Voir, à son sujet, la lettre n°4925.
(2) De l’homme qui, ayant consommé des aliments interdits, souhaite prier ou étudier la Torah.
(3) Quand elle est possible, parce que l’aliment est cacher et que les parelles de Sainteté s’y trouvant peuvent donc recevoir l’élévation.
(4) Qu’un aliment physique ne peut pas s’élever vers le domaine de la Sainteté.
(5) Et, une élévation morale, une accession au domaine de la Sainteté.