Lettre n° 4926

Par la grâce de D.ieu,
11 Kislev 5717,
Brooklyn,

Au distingué ‘Hassid qui craint D.ieu
et se consacre aux besoins communautaires,
le Rav Chnéor Zalman(1),

Je vous salue et vous bénis,


A) Je fais réponse à votre lettre, dans laquelle vous évoquez l’écriture d’un Séfer Torah et sa conclusion.

Tout est effet de la divine Providence, en particulier ce qui est lié à la Torah et à ses Mitsvot. Vous m’écrivez à propos de ce Séfer Torah. Il est donc, pour moi, une obligation et un mérite de vous rappeler ici la décision hala’hique de l’Admour Hazaken, auteur du Tanya et Décisionnaire de la partie cachée de la Torah, auteur du Choul’han Arou’h et Décisionnaire de la partie révélée de la Torah, selon laquelle la dernière lettre de l’expression Petsoua Daka doit être un Aleph(2), comme le disent les responsa Chéérit Yehouda, chapitre 16, du frère de l’Admour Hazaken(3). Le Michnat Avraham, au chapitre 32, recense les différents avis émis à ce sujet.

Mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera, m’a dit qu’étant à Worms, avant la première guerre mondiale, il vit un Séfer Torah qui, selon une tradition locale, a été écrit par le Maharam de Rothenburg. Il est rédigé de cette façon. De même, il consulta, à Prague, un Séfer Torah qui, selon une tradition locale, transmise d’une génération à l’autre, fut corrigé par Ezra le Scribe, le Otsar Ha Sefarim, les manuscrits de monsieur Sasson, de Londres, dont certains sont très anciens, un Tana’h ayant appartenu au petit-fils du Rachba, un autre, manuscrit, d’un disciple du Rachba, auteur du Migdal Oz, un ‘Houmach de Damas rédigé il y a mille cent ans, un Tana’h écrit il y a cinq cents ans, un autre datant à peu près de la même période, le manuscrit d’un ‘Houmach yéménite de la même époque. Dans tous ces textes, Daka était écrit avec un Aleph. Bien plus, dans le Tana’h manuscrit de l’auteur du Migdal Oz, il y avait un Hé, dans Daka et cet auteur l’a lui-même effacé pour le remplacer par un Aleph.

J’ai dressé cette longue liste parce que, à ma surprise et pour ma douleur, j’ai appris que très peu, en Terre Sainte, ont connaissance de ces éléments, bien que ma lettre, à ce propos, ait été reproduite dans le Otsar Ha Posskim, à la fin du premier tome.

L’écriture d’un Séfer Torah est très importante et la Mitsva est accomplie avec sa conclusion. Il ne me semble donc pas qu’il faille la repousser de quelques mois, bien que l’on n’ait pas coutume de se hâter, en la matière et, de fait, on peut s’interroger sur ce manque d’empressement. Mais, cela ne justifie pas de tout repousser pour plusieurs semaines et, a fortiori, pour plusieurs mois.

Quand le Sofer parviendra à la fin, il faudra la fixer(4) à la date propice la plus proche de cette conclusion. Il existe, pratiquement en chaque mois de l’année, une telle date. En Chevat, il s’agit du Roch ‘Hodech, selon le verset Devarim 1, 3. En Adar, ce sera les jours de Pourim ou le 7 Adar.

B) Deux synagogues demandent que leur soit attribué ce Séfer Torah. Vous dites que, dans l’une d’elles, vous enseignez la Loi Orale. Vous y introduirez donc également la Loi Ecrite, de sorte que l’une et l’autre soient intègres.

C) Vous parlez, dans votre lettre, “ d’introduire le Séfer Torah dans le domaine de la synagogue ”. Vous ne précisez pas ce que vous entendez par “ domaine ”. Toutefois, il me semble que vous ne devriez pas faire cadeau ce Séfer Torah. Vous le mettrez à la disposition de la synagogue, mais il restera votre propriété. Car, de la sorte, on accomplit pleinement la Mitsva(5).

J’espère que, de temps à autre, vous rencontrez les ‘Hassidim de votre ville, que vous fixez également un temps pour étudier la ‘Hassidout. Bien entendu, à ceci s’applique l’enseignement de nos Sages selon lequel “ on connaît l’élévation, dans le domaine de la Sainteté ” et “ à quiconque ajoute(6), on ajoute(7) ”.

Conformément à votre demande, on mentionnera votre nom et celui des membres de votre famille près du saint tombeau de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera. Puisse D.ieu faire que, dans le calme de l’esprit et du corps, vous me donniez de bonnes nouvelles de tout cela. Vous me direz également que vous vous efforcez de guérir ceux qui vous consultent(8) non seulement physiquement, mais aussi moralement. Car, rien ne résiste à la volonté.

Avec ma bénédiction,

Notes

(1) Le Rav C. Z. Its’haki, de Ramat Gan. Voir, à son sujet, la lettre n°5008.
(2) Conformément à la coutume Ashkénaze, alors que les Sefardim l’orthographient avec un Hé. Voir, à ce sujet, les lettres n°1623 et 5046.
(3) Le Maharil.
(4) La fête de conclusion.
(5) Le Rabbi note, en bas de page : “ Selon les commentateurs du Choul’han Arou’h, Yoré Déa, chapitre 270, paragraphe 2 ”.
(6) Des efforts.
(7) Des bénédictions.
(8) Le destinataire de cette lettre est vraisemblablement un médecin.