Lettre n° 4723

Par la grâce de D.ieu,
24 Elloul 5716,
Brooklyn,

Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu,
le Rav Avraham Tsvi Ha Cohen(1),

Je vous salue et vous bénis,

Je suis surpris de n’avoir aucune nouvelle de vous, depuis très longtemps déjà. Or, si à chaque époque et de tout temps, chaque journée doit avoir son contenu spécifique, combien plus est-ce le cas, en cette période du talon du Machia’h(2). Nos Sages nous ont fait savoir que “ il n’est pas un jour dont la malédiction ne soit pas…(3) ”. Bien entendu, ils ont précisé qu’il en est ainsi afin que les Juifs multiplient, au quotidien, les applications du verset : “ L’Eternel ton D.ieu transformera pour toi la malédiction en bénédiction ”.

Vous consulterez également le Likouteï Torah, de l’Admour Hazaken, Parchat Be’houkotaï, au discours ‘hassidique intitulé “ En brisant… dix femmes pétriront ”, soulignant que toutes les remontrances sont, en réalité, des bénédictions.

Bien évidemment, rendre compte des actions qui ont été menées n’est que l’aspect le plus accessoire(4). Mais, concrètement, on peut observer que, quand on sait qu’à telle date, on devra écrire à telle personne ou lui raconter ce qui a été fait, on redouble d’ardeur et d’empressement. En effet, qui est plus grand pour nous que le fils aîné d’Israël, Reouven ? Or, nos Sages disent que “ s’il savait…(5) ”.

Il faut, en effet, interpréter cette affirmation au sens simple, malgré ce qu’explique le Yefé Toar, à cette référence, dans le Midrach Vaykra Rabba, au chapitre 34. Et, pour répondre à sa question et à l’étonnement dont il fait état, on peut avancer l’explication figurant dans une lettre de mon beau-père, le Rabbi(6), imprimée dans le Ha Tamim, qui fait référence à notre père Avraham, selon laquelle toutes les interprétations ont leur place, dès lors qu’il s’agit d’une âme vêtue d’un corps(7). Vous consulterez ce texte.

Pour l’heure, voici ce qui fait l’objet de la présente(8). D’après les nouvelles qui m’ont été transmises par les émissaires(9), les jeunes Rabbanim, auxquels D.ieu accordera longue vie, à l’issue de leur visite à Jérusalem, en particulier à Méa Chéarim, je propose que l’on instaure un cours de Tanya, quelques fois par semaine, dans l’une des synagogues de ce quartier.

Bien évidemment, je ne fais pas allusion à ceux qui participent déjà à ce cours, mais aux synagogues de ceux qui se dénomment les Natoureï Karta. Dans leur bulletin, il a été imprimé, dernièrement, que l’on ne doit pas permettre l’étude de la ‘Hassidout ‘Habad. L’opposition à cette étude se renforce tellement qu’elle s’exprime également dans cet organe. Malheureusement, certains disent que, de ce fait, une ou deux personnes ont effectivement été empêchées d’étudier la ‘Hassidout.

Tous ceux qui boivent l’eau du Baal Chem Tov, de ses disciples et des disciples de ses disciples doivent donc, non seulement protester contre les quelques lignes qui ont été publiées, car, au final, la protestation n’est pas un but en soi, mais aussi renforcer l’étude de la ‘Hassidout et la diffuser, y compris à l’extérieur et même dans les quatre coudées de ceux qui s’y opposent.

Je suis convaincu que vous connaîtrez la réussite. En effet, le Tribunal céleste a tranché(10) qu’en tout ce qui concerne la Torah, la crainte de D.ieu et les bonnes actions, ceux qui sont attachés à lui(11) et suivent sa voie auraient le dessus. Vous consulterez, à ce sujet, les résumés et notes sur le Tanya, à la page 122.

Nos Sages disent que le monde ne peut pas se passer de tanneries(12) et de parfumeries(13) et “ heureux celui qui… ”. On peut comprendre à quel point il faut avoir pitié du tanneur qui lutte contre le parfumeur ou s’oppose à lui. De façon générale, notre sainte Torah “ fait directement référence à ce qui se passe là-haut et seulement par allusion à ce qui est ici-bas ”(14). Cette affirmation de nos Sages s’applique également au service de D.ieu que l’homme assume dans le monde, afin qu’il soit la Demeure de D.ieu. Ce service se répartit en deux domaines, “ Ecarte-toi du mal ” et “ Fais le bien ”.

Un tanneur travaille les peaux, comme l’explique le Torah Or, au début de la Parchat Michpatim, à propos du serviteur juif assumant cette forme du service de D.ieu. Le parfumeur, en revanche, est celui qui diffuse la Torah, en général et son aspect profond, la ‘Hassidout, en particulier, laquelle est directement liée à l’odeur. En effet, nos Sages disent, comme le rapporte Rachi, commentant le verset de Chir Hachirim “ Il m’enivrera des baisers de sa bouche ”, que les raisons de la Torah et son enseignement profond seront révélés par le Machia’h. Or, le signe qui est lié à lui est bien l’odeur et nos Sages affirment que, par celle-ci, on prouvera l’authenticité du Machia’h, quand il ne sera pas possible de le déterminer d’une autre manière.

Cette affirmation de nos Sages fait la preuve que le monde ne peut pas exister sans le travail du tanneur, comme l’établissent différents textes. Pour autant, si ce tanneur soulève une opposition contre le parfumeur, la situation devient effroyable. Il est inutile d’en dire plus, tant cela est évident et également douloureux.

A quoi sommes-nous parvenus, en cette génération ? Jusqu’à maintenant, ceux que les rédacteurs de ce bulletin prétendent écouter, ceux dont ils acceptent l’autorité et qui ont le pouvoir de protester ne se sont même pas fait entendre. On peut donc penser que leur silence…(15).

Je propose donc de fixer l’étude à laquelle je faisais précédemment allusion et, bien entendu, je ne souhaite pas qu’elle soit confidentielle, qu’on ne sache pas qu’il s’agit de ‘Hassidout. Il faut agir comme le fait l’opposant, c’est-à-dire affirmer clairement qu’elle doit avoir lieu dans telle synagogue.

Il serait bon qu’un des temps de cette étude soit pendant le Chabbat, qui est spécifiquement consacré à l’étude de l’enseignement profond de la Torah, comme l’établissent les écrits du Ari Zal et différents textes ou, plus en détail, le Kountrass Ets ‘Haïm, du Rabbi Rachab.

Je vous adresse la présente en express, afin que vous commenciez votre action, en la matière, à titre de préparation pour la nouvelle année. Il serait bon que cette étude commence à la veille de Roch Hachana, afin d’en conférer le mérite à l’année qui vient de s’écouler, ou, tout au plus, au début de l’année qui vient.

Puisse D.ieu faire que cette année soit celle de notre délivrance et de la venue de notre juste Machia’h. En effet, la diffusion des sources(16) prépare tout cela et l’introduit. Le réceptacle pour obtenir un tel résultat est l’application des termes du verset selon lequel “ le monde s’emplira de connaissance de D.ieu, comme l’eau recouvre le fond de la mer ”, grâce à l’enseignement du Machia’h, qu’il délivrera à tout Israël et qui sera infiniment supérieur à la Torah que nous possédons à l’heure actuelle, comme le soulignent nos Sages, dans le Midrach Kohélet Rabba, au chapitre 11, commentant le verset : “ Il y en aura deux ”.

A l’occasion de la nouvelle année, qui approche, pour nous et pour tout Israël, pour le bien et pour la bénédiction, j’exprime ma bénédiction, à vous et à tous les vôtres, afin que vous soyez inscrits et scellés pour une bonne et douce année, matériellement et spirituellement.

Avec ma bénédiction,

M. Schneerson,

Notes

(1) Voir, à son sujet, la lettre n°3458.
(2) Juste avant sa venue.
(3) Supérieure à celle de la veille.
(4) L’essentiel étant, bien sûr, de les réaliser.
(5) Voir Iguerot Kodech du précédent Rabbi, tome 3, lettre n°810.
(6) Que ce qu’il avait fait serait inscrit dans la Torah, il s’en serait abstenu.
(7) Qui peut donc avoir des réactions humaines.
(8) Voir, à ce sujet, la lettre suivante.
(9) Envoyés en Terre Sainte à la suite de l’attentat perpétré à Kfar ‘Habad. Voir, à ce sujet, l’avant-propos et la lettre n°4546.
(10) Après la libération de l’Admour Hazaken des prisons tsaristes, le 19 Kislev.
(11) A l’Admour Hazaken.
(12) Dont l’odeur est particulièrement désagréable.
(13) Les deux extrêmes sont donc nécessaires.
(14) Le matériel est uniquement l’aboutissement du spirituel.
(15) Est un consentement.
(16) De la ‘Hassidout.