Lettre n° 4604

Par la grâce de D.ieu,
5 Mena’hem Av,
Brooklyn, New York,

A l’attention du comité national de l’association
des enseignants d’Agoudat Israël en notre Terre Sainte,
puisse-t-elle être restaurée et rebâtie par notre juste Machia’h,
très bientôt, de nos jours, que D.ieu vous accorde longue vie,

Je vous salue largement et vous bénis,

Je fais réponse à votre invitation et je citerai ici, brièvement, quelques points qu’il aurait fallu développer, mais il est difficile de le faire dans le cadre épistolaire.

Il est clair que ces propos, sont dits et adressés, par votre intermédiaire, à tous les professeurs et à tous les éducateurs.

Un enseignant et un éducateur doit toujours garder présent à l’esprit que la jeunesse ne croit pas aux compromis(1), n’accepte pas les demi-vérités, si toutefois il en existe. C’est la raison pour laquelle l’éducation sans compromis a une grande réussite, à la différence des compromis à moitié, au tiers ou au quart, en particulier pour ce qui concerne la Torah et ses Mitsvot.

Certains commettent l’erreur de penser qu’une éducation sans compromis effrayera les jeunes, qu’elle sera trop radicale. Le contraire est vrai. Tout compromis sur les valeurs suscite, dans le cœur de l’élève, un manque de confiance non seulement pour l’éducateur, mais aussi pour les idées qu’il représente.

Un autre point est essentiel également. Le compromis est un renoncement, un écart par rapport au droit chemin. Or, à quoi peut-on comparer le moindre écart par rapport à la voie de la vérité absolue ? A une entaille pratiquée sur la graine que l’on porte en terre. Même si sa taille est infime, elle sera, à terme, à l’origine d’une immense malformation de l’arbre qui poussera par la suite. Or, il est difficile d’imaginer d’emblée ce que sera cette malformation. Vous devez comprendre ce que cela veut dire.

A l’opposé, il faut prendre en compte le fait que les Juifs sont des “ croyants, fils de croyants ”. Selon le dicton(2) de l’Admour Hazaken, auteur du Tanya et du Choul’han Arou’h : “ Un Juif ne veut pas et ne peut pas se séparer de la Divinité ”.

Dans la vie pratique, certains adoptent un comportement qui n’est pas conforme à ce qui vient d’être dit. Bien plus, ils font le choix d’aller à l’encontre de la Torah de vérité et de ses Mitsvot. Quiconque observera tout cela s’apercevra que l’explication d’une telle situation est la suivante.

Un homme est fait de chair et d’os. Il possède deux âmes, une âme divine et une âme animale. Il ne surmonte pas toujours l’épreuve. S’il trébuche, dans la pratique de la Torah et des Mitsvot et fait le contraire de ce qui devrait être, il aura le courage de faire face à la vérité, de s’avouer qu’il a succombé, a transgressé la Volonté de D.ieu, de même que sa volonté véritable, selon sa conscience. Il est dit que “ celui qui confesse sa faute et l’abandonne sera pris en pitié ”. Il reviendra donc vers le droit chemin et sera guéri.

A l’opposé, celui qui n’a pas ce courage, même envers sa propre personne, recherchera son propre mérite, tentera de justifier son mauvais comportement. Bien plus, nos Sages disent qu’une faute en attire une autre. Il ressentira donc un besoin profond de justifier son attitude, par rapport à lui-même et par rapport aux autres, de défendre son honneur, qu’il perd, à ses propres yeux, du fait de sa faiblesse.

Il est dit que “ l’amour-propre recouvre toutes les fautes ”. C’est en particulier vrai pour l’amour de sa propre personne. Et, la corruption, celle de l’amour-propre, rend aveugle. Elle oriente l’esprit et permet de découvrir une explication “ logique ” ou même une conception du monde englobant toute la création et expliquant le comportement que l’on a adopté. De la sorte, on fait taire les remords que l’on peut éprouver, en “ démontrant ” qu’une telle attitude n’est pas un échec et une chute, mais, bien au contraire, une ascension, qu’elle n’est pas une faute, mais, à l’opposé, une Mitsva.

De telles conceptions ont, bien entendu, donné naissance aux systèmes éducatifs qui en sont le résultat et ne prône le respect que d’une moitié, engageant au compromis, pour l’autre moitié.

Le point commun à toutes ces conceptions est le suivant. L’écart par rapport au droit chemin, la chute et l’obscurité sont présentés comme une élévation et une lumière.

En conséquence, l’éducation sans compromis rejette résolument la conception selon laquelle “ les temps ont changé ”, l’affirmation selon laquelle la Torah et les Mitsvot doivent être adaptées en conséquence.

Cette vision de l’éducation ne consiste pas uniquement à ajouter quelques heures d’étude de notre Torah, à multiplier le nombre des Mitsvot, des lois et des coutumes, dans le programme éducatif et dans la vie de l’élève.

En effet, tout cela reste compté, limité. On peut alors mesurer l’effort qu’il convient d’investir.

En fait, l’éducation sans compromis est, avant tout, un moyen de placer l’élève face à la vérité, de lui dire que l’obscurité est obscure, que la lumière est lumineuse, que la Torah est unique, intègre, depuis qu’elle a été donnée, jusqu’à l’heure actuelle et pour l’éternité. Dans sa totalité, elle est une Torah de vérité et également une Torah de vie, au sens le plus littéral, dans notre monde.

Puisse D.ieu faire que votre réunion vous apporte une ardeur et un enthousiasme accrus dans votre travail, qui est une mission sacrée, celle d’éduquer et d’enseigner, afin d’apporter aux fils et aux filles d’Israël, les Paroles du D.ieu de vie, une Parole intégrale et conservant toute sa pureté, sans faire intervenir les actions des hommes et leurs stratagèmes.

De cette façon, vous parviendrez à vous acquérir la jeunesse, à l’éduquer et à la conduire sur la voie de D.ieu, celle de la Torah et des Mitsvot. Et, “ le petit sera mille, le jeune constituera une immense nation ”.

De vos jours et des nôtres, ces jours(3) seront transformés en allégresse et en joie. “ L’un n’enseignera plus à l’autre, car tous Me connaîtront, du plus petit au plus grand ”.

Avec mes respects et ma bénédiction de réussite,

M. Schneerson,

Notes

(1) Voir, à ce sujet, la lettre n°4463.
(2) Voir, à ce sujet, la lettre n°2079.
(3) Précédant le 9 Av et commémorant la destruction du Temple.