Lettre n° 4597

Par la grâce de D.ieu,
4 Mena’hem Av 5716,
Brooklyn,

Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu et se
consacre aux besoins communautaires, le Rav Yaakov(1),

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre de la veille de Roch ‘Hodech Mena’hem(2).

Vous évoquez la répétition et la modification des mots Ve La Harog, “ et de tuer ”, Lifneïhem, devant eux(3). Peut-être y a-t-il eu là deux enseignements successifs(4). En effet, les coutumes de Pourim ont été imprimées du vivant, ici-bas, de mon beau-père, le Rabbi, après qu’il en ait relu le texte.

Concernant ce que vous dites de la bénédiction Ha Rav Et Rivénou, j’ai effectivement vu mon beau-père, le Rabbi, la réciter en l’absence de dix personnes, lorsqu’il était à Paris(5). A ce propos, c’est moi qui lui ai alors lu la Meguila et, quand j’ai répété ces mots, il m’a, d’un geste, exprimé sa satisfaction. Bien entendu, il s’est contenté d’un geste, parce que nous étions au milieu de la lecture. Puis, après celle-ci, la conversation a porté sur d’autres sujets.

Vous évoquez le mot Zé’her, que l’on peut orthographier avec cinq ou six points(6). Vous avez sûrement vu les différents avis, émis à ce sujet, dans le Ketsot Ha Choul’han. Je n’ai pas eu l’occasion de recevoir une instruction de mon beau-père, le Rabbi, à ce sujet.

La raison de ma proposition, en la matière, est exposée dans une note sur cette coutume, qui est éditée dans les fascicules de Pourim. Mais, il existe, en outre, une autre raison, qui ne figure pas dans ce texte. On sait, en effet, ce qu’instaura Rabbi Abbahou, à Césarée, comme le rapporte le traité Roch Hachana 34, afin de rassembler toutes les coutumes à la fois et que l’on n’ait pas l’impression qu’il s’agisse de deux Torahs.

Vous me dites avoir envoyé ici une liste des coutumes qui vous sont connues. Je n’en garde pas le souvenir. Peut-être l’ai-je oublié ou bien ce document a-t-il été envoyé à quelqu’un d’autre. Ma proposition reste donc valable(7) , dans l’intérêt de tous.

A ce propos, toutes les coutumes publiées dans les fascicules et les brochures, imprimées du vivant, ici-bas, de mon beau-père, le Rabbi, ont, bien entendu, été relues par lui. Quant à celles qui ont été éditées par la suite, j’ai indiqué si elles résultaient de mon propre raisonnement et, dans ce cas, j’en ai donné l’explication. Et, si ce n’est pas le cas, c’est que je l’ai entendu de mon beau-père, le Rabbi, ou vu chez lui.

La semaine dernière, trois jeunes gens du Canada m’ont rendu visite. Ils étaient de passage ici, se rendant en Terre Sainte et je me suis permis de leur donner votre adresse, en précisant que, par votre intermédiaire, ils pourraient entrer en contact avec ceux qui peuvent faire une évaluation de la situation, dans le domaine de l’éducation et de la jeunesse, leur apprendre les détails que d’autres voudraient leur cacher.

Je ne les ai vus qu’une seule fois, mais ils sont issus de familles ‘hassidiques. En Amérique, ils sont considérés comme craignant D.ieu. S’ils avaient de plus larges connaissances et savaient la valeur des choses, leur crainte de D.ieu sera encore plus profonde.

J’ai appris que vous n’étiez pas en bonne santé. Puisse D.ieu faire que vous recouvriez vos forces, que, selon l’expression courante, vous conserviez le pouvoir, au sens littéral et selon l’explication qu’en donne l’Admour Hazaken, dans le discours ‘hassidique intitulé Maskil Le Etan Ha Ezra’hi, imprimé dans le Kountrass Limoud Ha ‘Hassidout.

Avec ma bénédiction,

M. Schneerson,

Notes

(1) Le Rav Y. Landa, Rav de Bneï Brak. Voir, à son sujet, la lettre n°4311.
(2) Av.
(3) Des mots de la Meguila d’Esther, quand elle est lue, à Pourim. Dans sa lettre de la veille de Roch ‘Hodech Mena’hem Av, le Rav Landa, répondant à la lettre n°4443, disait : “ Voici ce que je me souviens de notre saint maître, le Rabbi Rachab. Quand il m’a demandé, pour la première fois, de lire la Meguila à Rostow, en utilisant sa propre Meguila, il m’a dit, avant de commencer cette lecture : ‘Chez nous, on ne répète pas. On dit Ve La Harog et Lifneïhem’. C’est bien ce que j’ai fait. J’ai également lu ainsi, à Moscou, devant votre beau-père, le Pourim qu’il revint de Rostow, craignant des fouilles qui devaient alors avoir lieu dans cette ville. Et, nous avons lu la Meguila, étant quelques personnes, dans un hôtel de Zaradya. De fait, il m’a alors demandé de réciter la bénédiction Ha Rav Et Rivénou, ‘Il mène notre combat’, même en l’absence de dix personnes. De même, dans la Parchat Za’hor, le mot Zé’her, souvenir, était toujours lu avec un Ségol et, dans la Paracha ‘Et, Amalek vint’, avec un Tseïré ”.
(4) Dans un premier temps, le Rabbi Rachab demanda de ne pas répéter ces mots, puis, dans un second temps, il conseilla de le faire.
(5) A Pourim 5698-1938.
(6) Avec un Tseïré et un Ségol ou bien avec deux Ségol.
(7) D’établir une telle liste de coutumes.