Par la grâce de D.ieu,
2 Mena’hem Av 5716,
Brooklyn, New York,
Je fais réponse(1) à votre lettre à laquelle était jointe un extrait du courrier de la Zim(2) décrivant partiellement le fonctionnement des machines, mais ne disant rien de points fondamentaux(3). J’en rappellerai quelques uns :
A) Le gouvernail ne peut pas fonctionner automatiquement pendant vingt quatre heures. Or, il influence la pression du moteur et modifie l’approvisionnement en huile, en essence, en air. Il s’agit donc bien, en l’occurrence, d’allumer du feu et de l’éteindre(4).
B) On envoie et l’on reçoit des télégrammes, ce qui est indispensable pour déterminer la trajectoire du bateau et sa direction.
C) Les atomiseurs(5) sont changés(6) plusieurs fois par jour. On les nettoie le jour-même, d’une manière interdite pendant le Chabbat, puis on les rallume.
D) Il en est de même pour les filtres que l’on appelle, en anglais, “ oil strainer ”(7).
E) Le réglage de l’approvisionnement en huile, en essence, en air, ne peut pas être automatique pendant une durée de vingt quatre heures. Les modifications conduisent à allumer du feu et à l’éteindre.
F) Le fonctionnement des machines, en particulier, doit être immédiatement consigné dans les carnets du bateau, conformément à une réglementation internationale, qu’aucune compagnie ne peut modifier.
G) Il y a, sur un bateau, plusieurs petites machines destinées à venir en aide et qui sont différentes d’un bâtiment à l’autre. Il est impossible de les faire fonctionner automatiquement.
H) La transmission d’instructions, d’un service à l’autre, est partiellement liée à des actions interdites, par exemple à un appel téléphonique ou au déclenchement d’une cloche.
I) Concrètement, il est impossible qu’en vingt quatre heures, il n’y ait rien à réparer, à changer, à régler, dans ces machines. On ne peut retarder tout cela et il faut donc confier cette tâche à un homme.
J) Tout ce qui vient d’être dit peut être démontré clairement, de même que la transgression de plusieurs autres travaux introduits par la Torah, à propos du Chabbat, en consultant les journaux de bord, pour la journée du Chabbat, que les bateaux sont obligés de tenir et qui, selon la réglementation internationale, sont rédigés immédiatement.
J’ai écrit longuement et un second courrier(8) arrive.
Avec mes respects et ma bénédiction,
Mena’hem Schneerson,
Ajout ultérieur : D’après la réglementation internationale, l’équipe travaillant sur les machines doit être changée toutes les quatre heures. Celle qui prend ses fonctions doit vérifier que les machines sont en bon état de fonctionnement. Pour s’en assurer, ces hommes tournent eux-mêmes les manivelles qui augmentent ou diminuent l’approvisionnement en essence, en huile, en air, ce qui veut dire que l’on allume du feu et qu’on l’éteint.
De même, différents détails sont notés et consignés, dans un carnet spécifique, par l’équipe qui est relevée, juste avant de partir.
Notes
(1) Une version corrigée de cette lettre, adressée aux deux grands rabbins d’Israël, le Rav Herzog et le Rav Nissim, fut publiée en 5718-1958 dans un fascicule spécifique et dans le Likouteï Si’hot, tome 6, page 402. Voir, à ce propos, la lettre n°4555. C’est cette version corrigée qui est présentée ici.
(2) La compagnie des bateaux israéliens.
(3) Voir cet extrait à la fin de la lettre n°4580.
(4) Travaux interdits pendant le Chabbat.
(5) En anglais dans le texte, “ atomizer ”.
(6) Le Rabbi note, en bas de page : “ Il faut alors éteindre la partie correspondante du fourneau, avant de la changer ”.
(7) En anglais dans le texte.
(8) Il s’agit de la lettre n°4580.