Par la grâce de D.ieu,
22 Tamouz 5716,
Brooklyn,
Je vous salue et vous bénis,
Je fais réponse à votre lettre du jeûne du quatrième mois(1), qui sera bientôt transformé en joie et en allégresse. Vous me décrivez ce qu’est l’activité de votre succursale des jeunes de l’Agouda, dans votre ville. Vous attirez le plus grand nombre de jeunes à la Torah et aux Mitsvot, ce qui implique le recours à différents moyens qui sont sujets à caution, dans la mesure où ils sont exclus par certains milieux.
De telles questions dépendent totalement des conditions du lieu et de l’époque, de la réaction des personnes se trouvant sur place, laquelle peut évoluer, d’une époque à l’autre. Ainsi, nos Sages disent, au traité Yoma 86a : “ Rav dit : Pour ma part… cet enseignement est spécifique à l’endroit ”. Et, le contexte précise cette idée : “ Ravina dit : Mata Me’hassya est un endroit où l’on réclame… ”. Pourquoi Ravina apporte-t-il cette précision ? N’est-elle pas connue de tous les habitants de Mata Me’hassya ? Quelle idée nouvelle introduit-il ainsi ? Il faut en conclure qu’en pareil cas, une profonde réflexion est nécessaire pour déterminer si ceux qui réclament sont représentatifs de la ville ou bien si ceux qui ne réclament pas le sont. Tout cela est bien évident.
Il en est de même pour la question que vous posez, d’autant que vous vous trouvez dans une ville qui est le symbole d’un certain mode de vie. Une modification dans le sens de la gauche représente donc une grande responsabilité. Pour autant, on ne doit pas adopter la position consistant, en cas de doute, à prendre une attitude systématiquement rigoriste. En effet, cette rigueur pourrait diminuer le nombre des jeunes qui reçoivent votre influence. En la matière, vous consulterez donc ceux qui, dans votre ville, savent garder un secret et connaissent les conditions de l’endroit. Il est dit, en effet, que “ le salut provient des nombreux conseillers ”.
Dans l’éducation et, plus généralement, dans l’action communautaire, il existe une différence fondamentale entre celui qui forme des personnes qui, à leur tour, en formeront d’autres et celui qui se limite à former les autres. Cette différence est non seulement quantitative, mais aussi qualitative.
En l’occurrence, la divine Providence vous a placés dans un rayon de lumière et vous a accordé la possibilité d’influencer les jeunes Juifs. Vous devez former ceux qui, à leur tour, formeront d’autres personnes, dans toute la mesure du possible. Toutefois, si vous n’êtes pas certain de vous être acquitté de votre obligation, il faut, sans l’ombre d’un doute, adopter une position rigoriste, dans toute la mesure du possible, car chaque ajout à la Torah et aux Mitsvot est le bien véritable et conduit à intensifier l’action, pour soi-même et pour son prochain.
Il a déjà été expliqué en différents endroits, d’après un commentaire du Ari Zal, qu’en ces dernières générations, il est permis et il est même une Mitsva de révéler cette Sagesse(2), comme le précise Iguéret Ha Kodech, de l’Admour Hazaken, au chapitre 26. A notre époque, nombreux sont ceux qui font passer l’obscurité pour de la lumière et la lumière pour de l’obscurité. Il ne s’agit donc pas uniquement de révéler cette sagesse. En fait, de cela(3) dépend l’étude de la Torah et la pratique des Mitsvot, de la manière qui convient.
Avec le temps et parfois également en changeant d’endroit, on peut considérer que cette manière d’agir conditionne l’étude de la Torah et la pratique des Mitsvot, en général. En effet, des vents inhabituels soufflent dans le monde. C’est en particulier le cas pour les jeunes qui quittent l’enceinte de la maison d’étude et de la synagogue afin de se rendre dans le monde ou même de ceux qui quittent la maison de leurs parents pour aller à l’extérieur.
Vous consulterez également le Kountrass Ets ‘Haïm, du Rabbi Rachab et la lettre de mon beau-père, le Rabbi, figurant dans son introduction. Il est donc indispensable de fixer un temps pour l’étude de la ‘Hassidout. Cette fixation sera à la fois dans le temps et dans l’âme. Vous en adopterez les usages et les pratiques. Une telle fixation est indispensable, non seulement pour ceux qui doivent former des disciples qui en formeront à leur tour, mais véritablement pour chaque Juif.
Puisse D.ieu faire que s’accomplisse prochainement la promesse selon laquelle “ Tous Me connaîtront, du plus petit au plus grand ”.
Avec ma bénédiction pour donner de bonnes nouvelles de tout cela,
Pour le Rabbi Chlita,
le secrétaire,
Notes
(1) Du 17 Tamouz.
(2) Celle de l’enseignement profond de la Torah.
(3) De l’étude de la ‘Hassidout.