Par la grâce de D.ieu,
20 Sivan 5716,
Brooklyn,
Au distingué ‘Hassid qui craint D.ieu
et se consacre aux besoins communautaires,
le Rav Alexander Zysel(1),
Je vous salue et vous bénis,
J’ai beaucoup entendu parler de vous et de vos actions, en particulier dans le domaine pédagogique et, de ce fait, la réception de votre lettre m’a, par elle-même, causé du plaisir. Vous y décrivez brièvement ce que vous avez vécu et la manière dont vous êtes installé, actuellement.
Je suis, toutefois, surpris et un peu peiné par le contenu de cette lettre et surtout par son esprit pénétré de tristesse ou même d’un sentiment encore plus fort. J’écris que je suis surpris et je m’en explique. La divine Providence vous a placé dans un rayon de lumière, puisque la possibilité vous a été accordée de vous consacrer à l’éducation des Juifs. C’est bien la preuve que vous possédez les forces nécessaires pour mener à bien cette mission primordiale.
Il est dit que “ le Saint béni soit-Il n’agit pas par mégarde, envers ses créatures ”. Tout dépend donc de vous. Si vous le voulez réellement et fortement, il est certain que vous surmonterez les difficultés et les entraves, de même que les voiles et les obstacles.
Même si vous êtes triste parce que, pour l’heure, vous n’êtes pas parvenu à améliorer cette éducation, comme cela serait nécessaire, vous connaissez l’explication du Tanya et de différents livres selon laquelle la tristesse est à écarter systématiquement, bien plus, qu’elle est nuisible. En outre, notre saint maître dit que “ une action concrète est préférable à mille plaintes ”.
Bien plus, la nature humaine veut, quand on pousse un soupir, que l’on en éprouve un peu de satisfaction, en constatant que l’on est préoccupé de la sorte. Mais, cet état n’apporte pas l’ardeur qui conduit à l’action, laquelle permettrait de combler le manque.
Bien entendu, mon but n’est nullement de vous faire un discours. Je désire, plus exactement, vous exprimer mon avis clair et tranché, qui est le suivant. Vous exercez une activité pédagogique et cela constitue un mérite considérable, qui n’est pas donné à chacun, surtout à notre époque. Certes, comme c’est le cas pour tout ce qui concerne la Torah et les Mitsvot, D.ieu accorde les moyens, les forces nécessaires. Il édicte, en outre, l’Injonction : “ Et, tu choisiras la vie ”. Mais, au final, l’homme doit faire le choix de son plein gré, par son libre arbitre.
Il est dit de tous ceux qui se sont trouvés dans l’enceinte de la Yechiva Tom’heï Temimim, que “ la tranche de pain ‘hassidique qu’ils y ont consommée ne sera jamais perdue ”, ce qu’à D.ieu ne plaise. Et, le manque d’action doit donc vous aiguillonner et vous suggérer l’insatisfaction. De temps en temps, on vous renforce et on vous encourage par des allusions. Parfois, on vous désigne même tout cela du doigt.
A n’en pas douter, si vous réfléchissez à ce qui s’est passé dernièrement, vous découvrirez ces enseignements et ces allusions. J’espère qu’au moins partiellement, ceci a été à l’origine d’actions concrètes, que vous multiplierez de plus en plus.
Vous connaissez sûrement le contenu des deux télégrammes(2) que j’ai adressés aux habitants de Kfar ‘Habad, en notre Terre Sainte, puisse-t-elle être restaurée et rebâtie par notre juste Machia’h, très bientôt et de nos jours, Amen. Leur contenu s’adresse à tous les ‘Hassidim et, plus généralement, à tous ceux qui craignent la Parole de D.ieu. Il est clair qu’il concerne, en particulier, les anciens élèves de la Yechiva et ceux qui en ont fait leur occupation(3).
J’ai bon espoir que vous apporterez votre contribution afin de renforcer Kfar ‘Habad et les institutions qui s’y trouvent, quantitativement et qualitativement, dans toute la mesure de vos moyens et même au-delà de ceux-ci. Je serais heureux d’obtenir de vos bonnes nouvelles, dans ce domaine également.
Il découle de tout cela, pour ce qui concerne votre personne et la conclusion de votre lettre, que vous vous trouvez effectivement dans un rayon de lumière. Vous avez la possibilité d’illuminer des âmes juives. Or, “ la bougie de D.ieu est l’âme de l’homme ” et vous pouvez donc apporter à quelques Juifs la lumière et la chaleur ‘hassidiques.
Vous dites que vous m’imposez l’effort de lire votre lettre. Le contraire est vrai. Et, je suis sûr que, dans vos prochains courriers, la tristesse diminuera de plus en plus, la joie s’intensifiera, la joie de la Mitsva qui consiste à rapprocher les cœurs du peuple d’Israël de notre Père Qui se trouve dans les cieux.
Avec ma bénédiction pour que vous donniez de bonnes nouvelles de tout cela, prochainement,
Notes
(1) Le Rav A. Z. Bunin, de Raanana.
(2) Il s’agit des lettres n°4303 et 4404.
(3) Qui se consacrent aux activités communautaires.