Par la grâce de D.ieu,
25 Iyar 5716,
Brooklyn,
Je vous salue et vous bénis,
Je fais réponse à votre lettre du 13 Iyar, dans laquelle vous me demandez comment expliquer la nécessité de se couvrir la tête(1).
Je suis surpris par cette question, d’autant que nous nous préparons au don de la Torah(2). Or, nous l’avons reçu précisément en disant : “ Nous ferons et (ensuite) nous comprendrons ”(3), comme l’explique le passage bien connu du traité Chabbat 88a, rapportant la question du Saducéen : Pourquoi l’approche adoptée ne fut-elle pas d’emblée celle de la compréhension ?
La réponse à cette question est la suivante, “ l’intégrité des hommes droits les guide ”, alors que…(4). Et, vous connaissez la précision donnée par la Michna, dans le traité Bera’hot, au début du second chapitre : “ On recevra d’abord le joug de la royauté divine, puis celui des Mitsvot ”. Néanmoins, lorsque D.ieu agrée la voie de l’homme, celui-ci parvient à saisir, quelque peu, les raisons des Mitsvot. Pour autant, il reste alors nécessaire de les mettre en pratique avec soumission et non parce que l’on y adhère intellectuellement, aucune commune mesure n’existant entre la compréhension de l’homme et les Injonctions infinies de D.ieu.
Il est bien évident que l’homme ayant foi en D.ieu doit méditer à Ses Commandements sans vouloir les saisir par son intellect humain. En effet, la logique première, dès lors qu’elle raisonne d’une manière juste, admet qu’un être limité ne peut appréhender l’infini. Il y a là un principe fondamental de la foi et tous les Juifs sont “ croyants, fils de croyants ”. Ils acceptent que Lui, Sa Connaissance et Sa Volonté ne font qu’un et sont infinis. L’homme, en revanche, est limité, en tout ce qui le concerne.
En plus de tout cela, on doit prendre en compte la récompense clairement énoncée à propos du fait de se couvrir la tête. Vous consulterez, à ce sujet, la longue explication que donne, en la matière, le saint Zohar, tome 3, page 126a. Même s’il y avait, à ce propos, un doute ou même le doute d’un doute, ce qu’à D.ieu ne plaise, l’effort de se couvrir les cheveux resterait justifié, même au bénéfice de cette incertitude. Bien plus, les propos du Zohar, partie de notre Torah, Torah de vérité, sont vrais, éternels et immuables, en tout temps et en tout lieu.
L’expérience fait la preuve que, lorsque l’on ne parvient pas à influencer quelqu’un directement, il est bon de le faire de manière indirecte, par l’intermédiaire d’amis ou de connaissances. Si l’on fait des efforts soutenus en ce sens, on connaît le succès, au final, d’une manière agréable et pacifique.
Bien plus, en général, quand on constate que l’on ne parvient pas à influencer quelqu’un, pour ce qui concerne la Torah et les Mitsvot, c’est bien souvent parce que soi-même on les met en pratique de la manière la plus légère, même si l’on agit ainsi pour d’autres Mitsvot(5). On est alors puni par un manque d’efficacité des paroles d’encouragement que l’on peut prononcer.
En effet, le Saint béni soit-Il agit “ mesure pour mesure ”(6). Et, chaque Mitsva est liée à toutes les autres, toutes formant un ensemble. Nos Sages font allusion à cela en disant que les deux cent quarante huit Injonctions correspondent aux deux cent quarante huit membres et les trois cent soixante cinq Interdits, aux trois cent soixante cinq nerfs. Tous ces membres et ces nerfs ne forment qu’un seul et même organisme.
Si vous renforcez ce qui doit être rectifié chez vous, il est clair que vous aurez plus de succès dans votre tentative de convaincre votre fiancée(7). Puisse D.ieu faire que vous me donniez de bonnes nouvelles de tout cela.
Il serait bon de faire vérifier vos Tefillin. Concernant les fiançailles et le mariage, en un moment bon et fructueux, vous fixerez une étude de l’enseignement profond de la Torah, la ‘Hassidout. Chaque jour, après la prière du matin, vous lirez des Tehilim, selon leur répartition mensuelle, conformément à la décision de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera.
Je vous adresse ma bénédiction afin de donner de bonnes nouvelles de tout cela et je vous souhaite Mazal Tov, Mazal Tov. Vous bâtirez un foyer juif, un édifice éternel, basé sur la Torah et les Mitsvot.
Pour le Rabbi Chlita,
le secrétaire,
Notes
(1) Pour une femme, en l’occurrence la fiancée du destinataire de cette lettre.
(2) Pendant la fête de Chavouot.
(3) Par soumission.
(4) La méchanceté des impies les écarte de la vérité. Voir la lettre précédente.
(5) Les Mitsvot accomplies légèrement par une personne ne sont pas nécessairement les mêmes que celles qu’il tente d’apporter aux autres. Néanmoins, sa propre faiblesse l’empêche de convaincre ceux à qui il s’adresse.
(6) De la manière dont on agit envers Lui.
(7) De se couvrir la tête.