Par la grâce de D.ieu,
3 Kislev 5716,
Brooklyn,
Je vous salue et vous bénis,
Votre courrier de la fin de Tichri m’est bien parvenu. Même si tous les faits que vous y rapportez étaient exacts, ainsi que leur interprétation, la synthèse et la conclusion de votre lettre signifient votre découragement, votre sentiment de renoncement total et absolu.
Or, tout cela n’est pas juste. Selon ce qui est expliqué, en effet, vous auriez raison si nous ne possédions qu’une seule âme(1), assumant le service de D.ieu, comme l’explique Iguéret Ha Kodech, au chapitre 25, le Torah Or, au discours intitulé “ Cantique des degrés ” et dans différents autres textes.
En fonction de toutes ces explications, il est clair que, bien au contraire, les faits et l’état d’esprit que vous rapportez devraient être à l’origine d’une profonde et intense motivation(2). Mais, bien évidemment, l’aide de D.ieu est nécessaire pour y parvenir(3), encore plus que dans d’autres domaines.
La solution est la suivante. Il faut donner de la Tsédaka(4) aux autres, c’est-à-dire les rapprocher de la Torah et de ses Mitsvot, de l’enseignement profond de la Torah. De la sorte, D.ieu Lui-même vous rapprochera.
Les perturbations, les hésitations, en la matière affaiblissent votre engagement à la Torah et aux Mitsvot. Elles ne font pas que gaspiller inutilement votre temps. Elles vous causent, à proprement parler, du tort.
Contraignez-vous à respecter l’emploi du temps de la Yechiva et à engager vos amis à en faire de même, en leur parlant et, plus encore, en leur donnant un bon exemple du comportement que doit avoir un élève de la Yechiva. Redoublez d’ardeur afin d’être proche des autres.
Si votre mauvais penchant se présente encore une fois, s’il vous propose d’engager la discussion, de peser le pour et le contre, vous ne le suivrez pas. Vous lui direz seulement que vous êtes un serviteur. Certes, un serviteur cananéen, par nature, aime l’inaction, ce qu’à D.ieu ne plaise. Pour autant, il ne dispose pas d’un instant de libre pour se consacrer à ses propres préoccupations, car il est constamment occupé par le travail que lui confie le maître. Il n’a pas le droit de perdre du temps, pas même pour se poser des questions sur la manière de servir son maître.
Vous me demandez comment organiser votre étude et comment en répartir le temps. Vous êtes à la Yechiva Tom’heï Temimim, ce qui veut dire, non seulement que vous vous y trouvez physiquement, dans un lieu matériel, mais aussi que vous devez y concentrer toutes vos préoccupations. Il vous faut donc obéir et vous en remettre à l’avis de votre enseignant et du guide spirituel de la Yechiva.
Je vous adresse ma bénédiction afin de donner de bonnes nouvelles de tout cela. Et vous connaissez l’expression de nos Sages, selon laquelle “ plus l’on est simple et mieux c’est ”(5).
Notes
(1) Celle-ci serait alors entachée par la faute et la Techouva serait impossible. Or, un Juif a deux âmes, une âme divine et une âme animale. La faute affecte uniquement la dernière et la première apporte donc la force de la Techouva.
(2) La conscience du mal suscite le désir d’accéder à la Techouva.
(3) Pour se débarrasser du carcan de la faute.
(4) Spirituelle.
(5) Dite, à l’origine, à propos de la corne du Choffar. Mais, en un sens figuré, Pachout, simple, signifie aussi humble, soumis. Cette expression veut donc également dire : “ Plus on agit avec humilité et mieux c’est ”.