Lettre n° 3922

Par la grâce de D.ieu,
2 Kislev 5716,
Brooklyn,

Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu
et se consacre aux besoins communautaires,
le Rav Ephraïm Zeev(1),

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre, dans laquelle vous m’annoncez une bonne nouvelle, le mariage de votre fils, auquel D.ieu accordera une longue vie, le mercredi 15 Kislev, qui approche.

D.ieu fasse que ceci soit avec Mazal Tov, Mazal Tov, en un moment bon et fructueux. Il bâtira un foyer juif, un édifice éternel, basé sur la Torah et les Mitsvot, telles qu’elles sont éclairées par le luminaire de la Torah, qui en est la dimension profonde. D.ieu satisfera le désir de votre cœur et vous concevrez de lui beaucoup de satisfaction. Et, il conservera sa place, dans la tente de la Torah.

Avec ma bénédiction de Mazal Tov, Mazal Tov,

A cette occasion, je vous confirme avoir bien reçu votre livre, la Me’hilta avec le commentaire du Kav Ha Mida et du Har Ephraïm, pour lequel je vous remercie. En signe d’amitié, et bien que mon temps ne me le permette pas, je l’ai feuilleté rapidement. Je vous joins donc quelques notes, à son propos. Et, vous savez ce que nos Sages disent, à propos du verset “ Et Vahev, à la fin ”(2).

Har Ephraïm :

Paragraphe 1 : La prophétie de ‘Hananya Ben Azour(3), à laquelle fait allusion le traité Sanhédrin 89a, est considérée comme ayant été révélée à quelqu’un d’autre, en l’occurrence à Yermyahou. En effet, elle a été déduite, par un raisonnement a fortiori, de la prophétie de ce dernier. ‘Hananya Ben Azour prononça ces paroles sans fournir aucune indication sur leur provenance, sans prétendre qu’elles lui avaient été révélées. On ne peut donc pas considérer qu’il disait une prophétie révélée à Yermyahou, ce dernier n’ayant pas encore établi son raisonnement a fortiori.

On peut comprendre la question qui est posée ici. De fait, l’inverse semble effectivement plus logique, car même si ‘Hananya avait eu l’intention de dire la prophétie de Yermyahou, cette sentence n’aurait pas été justifiée, c’est bien évident.

Pour autant, il n’y a pas lieu de soulever une telle difficulté, car concrètement, cette question ne se pose même pas. Certes, de façon générale, on peut accorder les circonstances atténuantes à celui qui rapporte systématiquement les Paroles de D.ieu sans préciser “ à moi ”, en considérant qu’il se limite à une citation des propos divins révélés à un autre prophète et non à lui-même. On ne peut, en revanche, adopter cette interprétation pour ce qui est de ‘Hananya. Car, ce n’est pas ce qu’il a dit lui-même et la prophétie, en l’occurrence était bien celle de Yermyahou, le verset (Yermyahou 28, 1) précisant : “ ‘Hananya m’a dit ”. C’est bien clair.

Kav Ha Mida, page 60b : La Me’hilta dit que “ Yochoua reçut l’onction ce jour-là ”. On peut logiquement considérer qu’il s’agissait de la quarantième année(4), à la fin de la royauté de Moché.

Il est pourtant impossible d’avancer une telle interprétation de la Me’hilta. En effet, le texte, après avoir cité l’avis selon lequel “ Yochoua reçut l’onction ce jour-là ”, mentionne également celui de Rabbi Eléazar Ha Modaï, selon lequel il y a là une allusion au fait que Moché ne devait pas entrer en Terre Sainte. Or, une telle allusion n’a pas de sens, pendant la quarantième année, alors qu’il s’agissait déjà d’un fait établi.

De même, on ne peut avancer qu’il y a une controverse, entre ces deux avis, pour déterminer à quel moment cette Paracha a été prononcée. Car, si c’était le cas, il aurait fallu le préciser dans le texte.

Plus généralement, il n’est pas évident que Yochoua reçut, pour régner, l’onction par l’huile(5). De fait, comment aurait-on possédé une telle huile, à l’époque ? En fait, on lui confia simplement l’autorité et le pouvoir, comme l’explique Rachi, commentant le verset Chemot 29, 29. Et, même si l’on veut parler de royauté, cette question ne se pose toujours pas, car Chlomo reçut l’onction du vivant de David et sur son ordre. Néanmoins, ce qui vient d’être dit soulève une autre question. Pourquoi Moché demanda-t-il ensuite : “ Que D.ieu désigne un homme pour diriger l’assemblée ” ?

La controverse rapportée par ce texte, sur l’interprétation des versets, est donc la suivante. Y a-t-il eu un ordre de lui confier la royauté(6) ou bien uniquement une allusion faite à Moché ?

L’explication du Har Ephraïm, à ce sujet, doit être rapprochée de celle du ‘Hizkouni, à la même référence.

Har Ephraïm, fin du livre, page 121a : Cette explication de la Me’hilta est basée sur la Me’hilta de Rabbi Chimeon Ben Yo’haï, qui apporte, néanmoins, une preuve en sens contraire. En effet, un texte rapporte : “ Les Cohanim disent ” et l’autre : “ Les Juifs disent ”. Ces deux sources ne parlent donc pas de la même chose.

La signification de la Me’hilta est bien claire. Les actions permises dans le Temple pourraient être autorisées et l’interdiction de travailler porterait donc uniquement sur les autres actions. C’est le cas pour la majeure partie des trente neuf travaux(7).

Je ne suis pas parvenu à comprendre la question posée par le Zaït Raanan.

Notes

(1) Le Rav E. Z. Garboz, de Jérusalem.
(2) A l’issue d’une controverse de la Torah, deux érudits conservent des liens amicaux.
(3) Voir, à ce sujet, le Likouteï Si’hot, tome 9, page 115.
(4) Après la sortie d’Egypte.
(5) Voir Likouteï Si’hot, tome 23, page 190.
(6) A Yochoua.
(7) Interdits pendant le Chabbat.