Par la grâce de D.ieu,
17 Tichri 5716,
Brooklyn,
Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu
et se consacre aux besoins communautaires,
le Rav ‘Haïm Tsvi(1),
Je vous salue et vous bénis,
Je fais réponse à votre lettre de la fin du mois d’Elloul, dans laquelle vous me demandez pourquoi les ‘Hassidim ne lisent pas, chaque jour, les treize principes(2) et pourquoi leur texte n’apparaît pas dans le Sidour de l’Admour Hazaken.
A) Votre seconde question apporte la réponse à la première. Nous ne lisons pas ce texte parce qu’il ne figure pas dans le Sidour de l’Admour Hazaken.
B) Pourquoi l’Admour Hazaken ne le mentionne-t-il pas dans son Sidour ? Je n’ai pas reçu d’explication spécifique, à ce propos. On peut présumer que ce texte ne figure pas dans notre prière pour les raisons suivantes :
1. Selon le Talmud, la prière a pour but de proclamer l’éloge du Saint béni soit-Il et de formuler les besoins de l’homme. Or, dire “ je crois ”(3) n’entre dans aucune de ces deux catégories.
2. De façon générale, une preuve doit être apportée pour que soit accepté chaque amendement au texte qui a été établi par les membres de la grande Assemblée et rapporté par les premiers Sages. En d’autres termes, celui qui modifie la prière, dans la manière de la réciter publiquement, doit citer une preuve claire et indiquer sur quoi il se base. En revanche, celui qui n’accepte pas un ajout n’a pas à se justifier, pour cela.
Et, l’on sait à quel point on est scrupuleux pour chaque mot, pour chaque lettre de la prière, dans laquelle figurent de nombreuses allusions. Du reste, ceux qui lisent ces treize principes le font uniquement après la prière. Mais, cela doit également être prouvé.
On sait la preuve qui est citée, à ce propos, par notre maître le Ari Zal. Celle-ci figure, dans le Ets ‘Haïm, au début de la première porte : “ Il(4) n'admettait pas tous les cantiques et tous les hymnes composés par les derniers Sages. Il acceptait uniquement ceux des premiers Sages, rédigés sur la base de la Vérité. Les derniers Sages, en revanche, ne connaissaient pas la Kabbala, ne savaient pas ce qu’ils disaient, se trompaient dans l’ordre de leurs propos, qui est dépourvu d’érudition ”.
C’est la raison pour laquelle, comme on l’a dit, il faut se méfier d’un ajout et le verset (Kohélet 5, 1) établit clairement que : “ D.ieu se trouve dans le ciel et tu es sur terre. Tu limiteras donc tes propos ”. Vous consulterez le commentaire du Ibn Ezra sur ce verset. Du reste, celui qui souhaite multiplier les prières et les supplications peut lire, en abondance, les Tehilim du chantre d’Israël(5).
C) Ce qui vient d’être dit, à l’exception du paragraphe A, concerne l’ajout, à la prière, de manière générale. S’agissant, plus spécifiquement, des treize principes, ceux-ci n’apparaissent pas dans le Sidour du Ari Zal, comme dans de nombreux Sidourim des premiers Sages. Il faut donc se demander qui, le premier, instaura que ce texte soit lu, chaque jour.
De plus, on sait que certains, parmi les grands d’Israël, refusaient de distinguer certaines Mitsvot de toutes les autres pour les ériger en principes(6). Tous ne s’accordent pas non plus sur le nombre de ces principes et nombreux sont ceux qui n’adoptent pas l’avis du Rambam, selon lequel ils sont au nombre de treize. Tout cela est bien connu.
D) Je n’ai pas oublié ce que dit le Michméret Chalom, au nom du Juste, Rabbi Pin’has de Korets. Cet ouvrage affirme qu’il est une pratique favorable, pour connaître la prospérité matérielle, de lire, tôt le matin, la Paracha de la manne et les treize principes.
Mais, il est clair que les pratiques favorables énoncées dans tel endroit et à telle époque n’ont aucune incidence sur le texte de la prière de tout le peuple juif. En outre, l’enseignement donné en ce sens ne s’applique pas en tout lieu et en toutes les générations.
Au fait, “ Lorsque tes sources se répandront à l’extérieur ” fut la réponse du roi Machia’h(7).
Du fait de la sainteté de la fête(8), le Rabbi Chlita ne signe pas cette lettre et je le fais à sa place,
Le secrétaire,
N. B. : J’ai bien reçu le Divrat Chalom et je vous en remercie beaucoup. Je vous joins un bon d’expédition en port payé pour couvrir les frais d’envoi.
Notes
(1) Le Rav H. T. Eisenbach, de Jérusalem.
(2) De la foi, énoncés par le Rambam.
(3) Ainsi commence chaque paragraphe de ce texte.
(4) Le Ari Zal.
(5) Le roi David.
(6) Pour leur accorder un rôle essentiel par rapport aux autres.
(7) Au Baal Chem Tov qui lui demandait quand il viendrait. Ce n’est vraisemblablement pas ce qui figurait dans la lettre du Rav Eisenbach.
(8) Cette lettre est écrite pendant ‘Hol Ha Moëd Soukkot.