Par la grâce de D.ieu,
18 Elloul 5715,
Brooklyn,
Aux dirigeants de la Yechiva Tom'heï Temimim(1),
que D.ieu vous accorde longue vie,
Je vous salue et vous bénis,
Ce jour lumineux est celui de la naissance des deux grand luminaires, le Baal Chem Tov et l'Admour Hazaken.
En outre, nous avons eu le mérite de recueillir l'enseignement de mon beau-père, le Rabbi(2), selon lequel, à partir du 18 Elloul, chaque jour est consacré au bilan d'un mois de l'année(3).
Or, le début d'un processus inclut tout en lui. En l'occurrence, le 18 Elloul permet d'établir le bilan de Tichri, un mois de portée générale, pour toute l'année.
Il appartient donc à chacun, tout particulièrement à cette date, de méditer au bilan des jours, des semaines, des mois qui se sont écoulés. Bien entendu, la raison d'être d'un tel bilan est de tirer, pour l'avenir, les enseignements du passé, dans les deux domaines du service de D.ieu que sont les Injonctions "Ecarte-toi du mal" et "Fais le bien".
Si l'obligation de ce bilan incombe à chacun, combien plus est-elle un devoir pour les personnes capables d'exercer une influence sur leur entourage proche ou éloigné, dans tous les domaines pour lesquels le mérite public dépend d'eux.
Combien plus est-ce le cas lorsque cette influence se marque dans le domaine de l'éducation des enfants juifs.
Les enfants sont le pilier et le fondement de nombreuses générations, ainsi qu'il est dit: "Car Je l'ai connu(4) afin qu'il ordonne à ses enfants et à sa maison, après lui, de garder le chemin de D.ieu".
Comme tout bilan moral, celui-ci doit être exact et ne pas dévier, dans une quelconque direction. Il nous est enjoint, en particulier, de nous préserver de la tromperie, découlant du fait que "l'amour-propre cache toutes les fautes". De nombreux moyens et conseils ont été donnés, pour ne pas tomber dans ce travers.
S'agissant de l'éducation, la manière la plus efficace est d'en observer les conséquences, d'en tirer les enseignements et d'en déduire ce qui, dans la pratique actuelle, doit être corrigé, supprimé, amélioré ou ajouté.
En fonction de tout cela, je formule la proposition qu'un tel bilan moral soit effectué pour l'institution éducative dont la divine Providence vous a confié la direction. J'ai bon espoir que ce bilan sera véritable, conforme à ce qui vient d'être dit. Et, pour se préserver de tout écart, il faudra réfléchir aux conséquences de l'éducation que vous dispensez, aux fruits qu'elle a portés, pendant toutes les années où cette école a existé dans votre ville.
Combien d'élèves sont-ils restés dans la tente de la Torah, celle de sa partie révélée et de la 'Hassidout? Combien d'entre eux ont-ils adopté, dans leur foyer et dans leurs activités extérieures, un comportement conforme aux instructions des fondateurs de la Yechiva, nos saints maîtres et à leurs espoirs? Combien d'entre eux respectent-ils la Torah et les Mitsvot, de la manière qui convient?
On en fera de même pour les élèves des petites classes, dont on sûrement conservé les coordonnées, dans les cahiers de la Yechiva. On établira donc le compte de ceux qui ont poursuivi leurs études à la Yechiva, jusqu'à la fin du cursus et de ceux qui y sont restés uniquement le temps qu'il fallait pour se tourner ensuite vers d'autres études ou d'autres occupations, n'appartenant pas au domaine de la Sainteté.
Pour ce qui est de la Techouva, du regret sincère de ce qui s'est passé, c'est actuellement, pour chacun à titre personnel, le moment d'agir. En revanche, pour ce qui est des décisions à prendre pour le futur, celles-ci sont un domaine, de portée générale, duquel dépend le mérite public, ou bien de ce qui va à l'encontre de ce mérite. On peut en déduire la grande responsabilité, qui incombe à chacun des dirigeants et, en particulier, aux directeurs proprement dits. D'un côté, ceux-ci ont un immense mérite. D'un autre côté…
Il est une certitude que nos maîtres, les fondateurs de la Yechiva, insufflent les forces considérables, nécessaires à tous ceux qui participent à son bon fonctionnement, bien plus, qu'ils invoquent la miséricorde divine pour que leur action soit couronnée d'un immense succès, au-delà de ce que ces forces peuvent accomplir.
Il est clair que si certains points, jusqu'à maintenant, n'ont pas été à la mesure de ce qu'ils devaient être, n'ont pas été conformes à l'objectif et au but assignés par notre maître, l'intermédiaire qui relie cette institution et ses élèves à l'Essence de D.ieu, le problème ne peut émaner que de ceux qui reçoivent(5). Il est dit, en effet, que "seul un verre vide peut être rempli"(6).
A la lumière du dicton bien connu, à propos du 18 Elloul, date qui vivifie le service de D.ieu de ce mois, avec toutes les allusions que l'on découvre dans son nom(7), puisse D.ieu faire que chacun médite à tout ce qui vient d'être dit, en en appliquant les termes à sa propre personne, en le faisant de manière sincère. Ainsi, on pourra vivifier l'amertume qui pourrait en découler(8), disposer de l'enthousiasme et de l'ardeur qui permettront d'améliorer, de la manière qui convient, ce qui doit l'être et d'ajouter à cette institution tout ce qui peut l'être.
De la sorte, vous observerez sûrement les fruits de votre effort. Vous formerez des élèves auxquels on pourra décerner, à juste titre, la qualification que leur choisit le fondateur de la Yechiva Tom'heï Temimim: "Des lumières pour éclairer".
Je vous adresse ma bénédiction de réussite pour établir ce bilan, obtenir des conclusions véritables et surtout pour diriger la Yechiva, à l'avenir. Je vous souhaite également de pouvoir donner, au plus vite, de bonnes nouvelles de tout cela, d'être inscrits et scellés pour une bonne année.
Notes
(1) Cette lettre fut adressée à plusieurs Yechivot Loubavitch du monde.
(2) Voir le Séfer Ha Si'hot 5703, à la page 177.
(3) Les douze derniers jours de l'année permettent d'établir le bilan moral de ses douze mois.
(4) Avraham.
(5) L'aide de D.ieu, mais non de D.ieu Lui-même.
(6) Alors que celui qui est plein de lui-même ne peut pas contenir la bénédiction.
(7) Voir, à ce sujet, la lettre n°3777.
(8) De ce bilan.