Lettre n° 3746

Par la grâce de D.ieu,
6 Elloul 5715,
Brooklyn,

A tous les participants au Melavé Malka,
à l'issue du Chabbat Parchat Tétsé, à Monsey,
à leur tête, au Rav, distingué 'Hassid qui craint D.ieu
et se consacre aux besoins communautaires,
le Rav Moché Pin'has Ha Cohen(1),
au distingué 'Hassid qui craint D.ieu
et se consacre aux besoins communautaires,
le Rav Guerchon, que D.ieu vous accorde longue vie,

Je vous salue et vous bénis,

J'ai appris, avec satisfaction, que vous vous réunirez pour partager le repas de David, le roi oint. A cette occasion, on prononcera sûrement des paroles de Torah, de sorte que ce sera un repas de Mitsva. Et, vous connaissez le dicton(2) de l'Admour Hazaken, selon lequel "ce que peut accomplir une réunion 'hassidique, l'ange Mi'haël lui-même ne peut le faire". Vous verrez la longue explication que donne, à ce sujet, le recueil sur la lecture des Tehilim.

Me basant sur l'affirmation bien connue selon laquelle un lien existe entre la Sidra de la semaine et ses différents événements, de même que sur la nécessité d'en tirer un enseignement pour l'existence quotidienne, je rappellerai qu'à l'issue du Chabbat, la Sidra est: "Et, ce sera, lorsque tu parviendras sur la terre", qui fait état de la Mitsva des Prémices. Ceux-ci étaient prélevés parmi les meilleurs fruits que produisait notre Terre Sainte, puisse-t-elle être restaurée et rebâtie par notre juste Machia'h, quand elle était "un pays où coule le lait et le miel".

Avant même de consommer soi-même ces fruits, on en prélevait donc les tous premiers et on les conduisait dans le Temple, afin de louer D.ieu pour la bénédiction qu'Il avait accordée à la terre. Ces prémices n'étaient pas brûlés sur l'autel, comme les autres sacrifices, mais donnés au Cohen.

Il en résulte un double enseignement. La récolte et les fruits poussent après que l'on ait labouré, planté, semé, effectué tous les travaux agricoles nécessaires. Or, on ne gardait pas les meilleurs fruits pour soi, on les sanctifiait en les offrant au Cohen. Certes, on pourrait, au moins de manière passagère, s'interroger sur une telle attitude. Tant d'efforts et de fatigue sont investis dans l'activité agricole et, s'il faut, en outre, consacrer une partie de la récolte, pourquoi doit-il s'agir de la meilleure et de la plus belle?

Néanmoins, à la réflexion, on comprendra qu'un tel argument peut uniquement être le fait de celui qui n'a pas conscience que "Eternel, Tu m'as donné" ces fruits, qui pense que "ma force et la puissance de ma main m'ont permis d'obtenir tout cela". La méditation permet d'établir que cette idée va à l'encontre de la foi la plus pure, que possèdent tous les Juifs, sans aucune exception. Il suffit de l'exprimer pour qu'elle transforme l'existence quotidienne.

La même Mitsva délivre également un second enseignement. Ces fruits n'étaient pas brûlés sur l'autel, dans le Temple, mais offerts au Cohen, qui en faisait un usage personnel, conformément à la Hala'ha. Il en résulte que le plaisir physique, s'il est ressenti de la manière qui convient et dans un contexte sacré, peut s'intégrer au domaine de la Sainteté, par l'intermédiaire du Temple et du Cohen. On peut donc servir D.ieu en consommant des fruits, au même titre qu'on le fait, pour les autres sacrifices, comme, par exemple, celui d'Ola, en les brûlant dans le Temple.

Il y a là un des principes fondamentaux de la Torah et de la 'Hassidout. On doit et l'on peut servir D.ieu, non seulement en priant et en étudiant la Torah, mais aussi en mangeant et pendant que l'on mange, en faisant du commerce(3) et pendant qu'on le fait. Pour autant, il est clair que le service de D.ieu, dans ces derniers cas, réclame une plus grande préparation. Et, la récompense en est d'autant plus importante.

De ce point de vue, la Mitsva des Prémices s'applique, même pendant le temps de l'exil, y compris à l'extérieur d'Erets Israël et en un simple jour du milieu de la semaine. Quand on prend conscience, du fond de son cœur, que tout ce que l'on possède est un don de D.ieu, on le sanctifie et on le met au service de D.ieu, sans aucun effort.

Quand on apportait les Prémices, dans le Temple, on recevait la bénédiction suivante: "Tu en feras de même, l'an prochain, dans la joie". Et, il en est de même, à l'époque actuelle. En se servant des biens que D.ieu accorde de la manière qu'Il désire, on révèle Sa bénédiction et l'on peut en faire de même, l'année suivante, dans une proportion accrue, avec une satisfaction et une joie encore plus intenses.

Je vous donne ma bénédiction pour prendre de bonnes décisions et les mettre en pratique durant les jours qui suivent, pour nous et pour tout Israël, de manière positive. Je vous souhaite également d'être inscrits et scellés pour une bonne et douce année.

Notes

(1) Vraisemblablement, le Rav M. P. Kats, de New York. Voir, à son sujet, la lettre n°3008.
(2) Voir, à ce sujet, la lettre n°3507.
(3) En anglais dans le texte, "business".