Par la grâce de D.ieu,
8 Mena'hem Av 5715,
Brooklyn,
Au grand Rav, distingué 'Hassid qui craint D.ieu,
aux multiples accomplissements, empli d'empressement,
le Rav 'Hananya Yom Tov Lipa Chlita(1),
Je vous salue et vous bénis,
J'ai reçu, avec plaisir, votre lettre de ce lundi, dans laquelle vous me faites part de l’amélioration de votre état de santé. Puisse D.ieu faire que vous alliez de mieux en mieux. Nos Sages disent, en effet, que l’on connaît l’élévation, dans le domaine de la Sainteté. Chaque Juif appartient à une nation sacrée, à la fois par son âme et par son corps. En effet, c’est de cette manière que l’on se prépara à la révélation du Sinaï. Or, la Torah ne fut pas donnée aux anges, ni même aux âmes telles qu’elles se trouvent là-haut.
Ainsi, disent nos Sages(2) : “ Etes-vous descendus en Egypte ? Avez-vous un mauvais penchant ? ”. Et, vous connaissez la décision du grand maître(3), dans son Michné Torah, lois des opinions, début du chapitre 4, selon laquelle “ le fait d’avoir un corps intègre et en bonne santé est partie intégrante des voies de D.ieu ”.
J’ai déjà fait remarquer, par ailleurs(4), que, si je peux me le permettre, je dirais qu’il manque un mot dans cette expression et qu’il faudrait dire : “ est partie intégrante des voies du service de D.ieu ”, comme on peut le déduire du contexte, ou bien “ est partie intégrante des voies de la connaissance de D.ieu ”, selon ce que semble indiquer sa conclusion.
Vous me dites que vous organisez un repas d’actions de grâce(5), le dimanche de la Paracha “ Et, ce sera si vous écoutez… l’Eternel ton D.ieu gardera pour toi l’alliance et le bienfait… ”. Je m’associe donc à ceux qui vous souhaitent d’augmenter votre force(6) dans la Torah, qui est un élixir de vie, quand on l’étudie avec pureté et crainte de D.ieu.
L’amour et la crainte de D.ieu permettent l’élévation(7), comme l’établit le traité Yoma 72b : “ Pour celui qui en a le mérite, elle est un élixir de vie ”. Et, Rachi explique : “ On doit l’étudier pour son nom et la mettre en pratique ”. Le traité Pessa’him 50b établit clairement que "l’étude et l’action pour son nom permettent de s’élever au dessus du ciel". Les Tikouneï Zohar l'établissent, au Tikoun 14, cités dans différents passages du Tanya, en particulier à la fin du chapitre 39 et dans le Kountrass A’haron. L’amour et la crainte assurent l’élévation et permettent de se présenter devant D.ieu.
La Guemara conclut que la Torah réjouit celui qui en a le mérite, celui qui s’est sanctifié afin de l’apprendre pour son nom, ainsi qu’il est dit : “ Les Préceptes de D.ieu sont droits. Ils réjouissent le cœur ” et la fin de ce verset, “ la crainte de D.ieu pure ” souligne que l’on doit étudier la Torah dans la pureté. Vous consulterez ce texte.
Comment acquérir l’amour et la crainte ? L’Admour Hazaken, auteur du Tanya et Décisionnaire de la partie cachée de la Torah, auteur du Choul’han Arou’h et Décisionnaire de la partie révélée de la Torah, a déjà répondu à cette question, en soulignant que l’amour est à l’origine de toutes les Injonctions, y compris celle de craindre D.ieu.
Il nous est enjoint d’aimer D.ieu en notre cœur, même s’il semble difficile que l’on puisse donner un tel ordre. Néanmoins, il est dit: “ voici ce que m’a enseigné le Maguid de Mézéritch, qui le tient du Baal Chem Tov. La Mitsva d’aimer D.ieu consiste à investir sa pensée et sa conscience dans les idées qui mettent en éveil cet amour ”(8) et il est précisé, en Yiddish, que “ l’on doit se vêtir de ces idées ”, de l’étude de la ‘Hassidout, en méditant à la grandeur de D.ieu, comme le montrent différents passages du saint Tanya.
La Hala’ha tranche qu’au moins trois fois par jour, chacun est tenu d’accomplir tout cela(9). Comme le disent les élèves de Rabbi Yehouda, cités par le Ramah, lois de la prière, début du chapitre 98, “ il faut, avant la prière, méditer à la grandeur de D.ieu, qu’Il soit loué et grandi ”.
C’est là un chemin tracé, permettant de respecter la Mitsva la plus légère comme la plus déterminante. En effet, on étudie, on pratique pour Son Nom, d'une manière totalement désintéressée, sans même rechercher la récompense du monde futur, comme le dit le Rambam, à la fin des lois de la Techouva.
Il faut donc avoir pour seule intention de servir le Créateur et, en conséquence de respecter également les Préceptes que l’on “ foule du talon ”. En effet, on ne pourra se séparer de l’unité de D.ieu, même un seul instant, ce qu’à D.ieu ne plaise.
Et, “ d'après ce qui est la vérité absolue, celui qui commet la faute la plus légère transgresse bien la Volonté de D.ieu et se sépare totalement de Son unité ”, comme l’explique précisément le Tanya, au chapitre 24, traitant du défaut qui est causé de la sorte et de la punition qui en découle. En l’occurrence, il s’agit bien, néanmoins, de ce qui est positif, de la récompense et de ce qui en découle. Vous consulterez ce texte. Vous verrez également le Zohar, à la Parchat Mikets, page 199a et le Midrach Tan’houma, au début de la Parchat Ekev.
Puisse D.ieu faire que l’effort consenti dans tous ces domaines et, a fortiori, dans le but de rejeter la faute et la transgression, par “ les talons de vos pieds ”, selon l’expression du traité Sanhédrin 108b, que Rachi applique à la faute bien connue, celle qui prolonge l’exil, conduise à la réalisation, très bientôt et de nos jours, de la fin d’un verset de notre Paracha : “ Il aura de l’amour pour toi ”. Cette sollicitation de D.ieu fait que l’homme, à son tour, aime D.ieu. Alors, “ Il te bénira et te multipliera… sur la terre qu’Il a promis à tes ancêtres de te donner ”, par notre juste Machia’h, très bientôt et de nos jours.
Avec ma bénédiction,
Notes
(1) Le Rav H. Y. T. L. Deutsch. Voir, à son sujet, la lettre n°3662.
(2) Pour répondre aux anges qui se plaignaient que la Torah ne leur soit pas donnée.
(3) Le Rambam.
(4) Voir la lettre n°1968.
(5) A l’occasion de cette guérison.
(6) Ce terme, ‘Heïlo, est souligné dans le texte, car il est constitué des initiales de ‘Hananya Yom Tov Lipa, les prénoms du destinataire de cette lettre.
(7) Des Mitsvot que l’homme accomplit.
(8) Selon le Chneï Ha Meorot, du Rav Its’hak Aïzik Halevi Epstein, tome 2, chapitre 2, page 30b.
(9) D’avoir cette réflexion.