Par la grâce de D.ieu,
27 Tamouz 5715,
Brooklyn,
Au distingué ‘Hassid qui craint D.ieu,
le Rav Yona(1),
Je vous salue et vous bénis,
J’ai bien reçu votre lettre du 23 Tamouz et je suis surpris que vous ne me disiez rien de la manière dont vous avez profité des jours de la libération de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera, les 12 et 13 Tamouz, date de notre délivrance et de la liberté de nos âmes. Si, ce qu'à D.ieu ne plaise, vous ne l'avez pas fait, en son temps, en organisant des réunions 'hassidiques, permettant de s'engager à mettre en pratique la Torah et les Mitsvot, de prendre de bonnes résolutions, vous vous rappellerez sans doute du dicton de mon beau-père, le Rabbi, selon lequel "une action concrète vaut mieux que mille plaintes".
Le but de la présente n'est pas de se plaindre du passé, mais d'exprimer le vœu que vous recherchiez énergiquement l'occasion de réunir tous ceux qui peuvent être concernés par une telle activité. Mais, de fait, tous les Juifs, sans aucune distinction, sont bien concernés par la Torah et les Mitsvot. Le Commandement qui est à la base de toute la Torah, "Je suis l'Eternel ton D.ieu", est énoncé au singulier et il s'adresse à chacun d'eux, en particulier.
Le but d'une telle réunion est d'être encouragé, de prendre de bonnes décisions, pour l'avenir, en tout ce qui concerne la crainte de D.ieu et les Mitsvot. On ne doit pas se dire que l'on est esseulé(2), car chacun est un émissaire du Saint béni soit-Il, Créateur du monde, Qui le dirige, Qui régit chaque époque et chaque lieu, à Bogota, pendant le temps de l'exil pas moins que dans le Saint des Saints, lorsque l'on possédait encore le Temple. Point n'est besoin de préciser ce qui est bien évident.
Vous posez une question sur le Maharcha, dans son commentaire du traité Chabbat 105a, qui dit que le Tav est la marque du pluriel. Or, vous constatez que Nimrétset, furieuse(3), est au singulier. Il n'y a là aucune difficulté. Le Maharcha ne dit pas que Nimrétset est au pluriel, mais que le Tav est, de façon générale, la marque du pluriel. Il souligne ainsi que le verset pouvait dire Nimratsa ou Nimrétset(4). En l'occurrence, il opta pour le Tav, qui est, grammaticalement, la marque du pluriel, afin d'indiquer que cette malédiction unique en incluait plusieurs en elles(5).
Tout ceci sera encore plus clair si l'on se rappelle que:
A) Dans différents textes, nos Sages commentent les versets en modifiant la vocalisation des mots. Ainsi, il disent: "Ne lis pas Banaï'h, tes enfants, mais Bonaï'h, tes constructeurs".
B) La marque du pluriel est Vav Tav. Malgré cela, des centaines de mots, dans le Tana'h, sont dépourvus de ce Vav. Ainsi, Avot, les pères, s'écrit tantôt Aleph, Beth, Vav, Tav, tantôt Aleph, Beth, Tav.
S'il était dit, dans ce verset, Nimratsa, il n'aurait pas été possible d'y voir une allusion du pluriel. Le mot Nimrétset, en revanche, offre cette possibilité si l'on y ajoute un 'Holam(6) afin d'obtenir la vocalisation du pluriel.
Avec ma bénédiction de réussite en tout ce qui vient d'être dit et pour donner de bonnes nouvelles à propos des moyens de votre subsistance matérielle,
Notes
(1) Le Rav Y. Dresher, de Bogota. Voir, à son sujet, la lettre n°3742.
(2) Textuellement, "seul dans un champ", comme pourrait le penser quelqu'un qui habite à Bogota.
(3) Qui s'écrit, Nimrats, furieux, plus un Tav.
(4) Ajoutant à Nimrats, pour indiquer le féminin, un Hé ou un Tav.
(5) Le roi David, parlant de son ennemi, dit: "Il a prononcé, à mon encontre, une furieuse malédiction".
(6) Correspondant à la voyelle o.