Lettre n° 3601

Par la grâce de D.ieu,
2 Tamouz 5715,
Brooklyn,

Je vous bénis et vous salue(1),

Je fais réponse à votre lettre(2), dont l’acheminement a été retardé.

A) Vous me dites que vous ne savez pas dans quelle mesure vous êtes apte à assumer vos fonctions actuelles et si vous êtes capable de répondre aux attentes.

J’ai déjà exprimé mon avis, dans des cas similaires, aux personnes qui m’interrogeaient, qu’il s'agissent de ‘Hassidim ou non. Et, je vous ai même écrit, à vous personnellement, dans l'une de mes précédentes lettres, que quiconque a survécu, comme “ un tison sauvé de la flamme ”, après la terrible période de persécutions que notre génération a connue(3), se doit, en outre, d'accomplir ce qu’auraient dû réaliser nos frères et nos sœurs qui ont été assassinés en sanctifiant le Nom de D.ieu.

D.ieu n’attend de nous que ce qu’il est en notre pouvoir d’accomplir, en fonction des forces dont chacun et chacune disposent. Il est donc certain que l’on est capable d’agir et tout ne dépend que de la détermination des uns et des autres. Combien plus est-ce le cas lorsque l’on assume d’ores et déjà une telle fonction et que l’on connaît la réussite. Cela ne signifie pas pour autant que l’on utilise pleinement ses forces, ni même qu’on les a entièrement révélées, car un Juif ou une Juive conserve toujours le libre arbitre.

Certes, D.ieu dit : “ Vois, J’ai placé devant toi aujourd’hui la vie et le bien…(4) et tu choisiras la vie ”. Néanmoins, ce verset souligne tout autant l'importance de la vie que du choix. C’est la raison pour laquelle on peut souvent constater que l'homme qui sert D.ieu pourrait le faire dans une proportion beaucoup plus large et donc connaître une réussite beaucoup plus considérable. Néanmoins, pour diverses raisons, il ne se sert pas pleinement de ses forces. Pour autant, il possède effectivement le moyen de le faire et tout ne dépend bien que de sa volonté.

B) Il est clair qu’un éducateur, un enseignant ou, plus généralement, un responsable communautaire doit comprendre à quel point il est important qu'il soit aidé. Ses élèves ou ceux qui le suivent doivent lui prêter main forte. Un seul homme ne peut pas être disponible pour chacun et pour chacune. Il doit, bien au contraire, former des disciples et confier une partie de ses fonctions à ceux qui sont capables de les assumer.

Vous devez comprendre ce qui en résulte, pour votre action auprès de vos élèves(5).

C) Vous me faites part de votre projet de visiter, avec vos élèves, une école affiliée à un groupe qui, de différentes manières, va à l’encontre des enseignements de la ‘Hassidout et même de la Torah, en général. En effet, cette école est mixte et d’autres points encore, moins voyants mais tout aussi importants, ne sont pas ce qu’ils devraient être.

Il peut résulter du tort d'une telle démarche, y compris dans des domaines fondamentaux, même si celle-ci présente, par ailleurs, un intérêt, pour ce qui est de moindre importance. Il est impossible d’expliquer aux élèves qu’en arrivant dans un certain endroit, elles ne doivent observer que certaines choses et ne prêter aucune attention à d'autres, ou même les écarter.

D) Plus généralement, je ne vois pas la nécessité d’aller visiter une autre école. Ce que vous mentionnez, dans votre lettre, doit pouvoir également être trouvé dans une institution plus orthodoxe. Vous pouvez aussi donner vous-même l’exemple, sans qu'il ne soit nécessaire de visiter des écoles sujettes à caution.

E) Pour faire suite à tout cela, j’ai lu avec plaisir, dans votre lettre, que certaines jeunes filles ont exprimé le désir d’enseigner et de guider les jeunes. Sans doute développerez-vous cette intention. On peut espérer qu’en un temps relativement court, elles s’habitueront à cette activité et connaîtront le succès.

F) Il est sûrement inutile de vous rappeler qu’il est absolument indispensable de profiter des vacances scolaires, en établissant un programme qui convient pour ces jeunes filles, pendant ces quelques semaines.

Il est possible d’envisager plusieurs activités de plein air et vous avez sûrement, en la matière, l’expérience des années passées. Il sera aisé de savoir ce qui manquait alors et de le compléter.

D.ieu vous accordera le succès, de sorte que vous donnerez de bonnes nouvelles, en la matière. Vous me direz que vous vous consacrez à l’éducation basée sur les valeurs sacrées, dans le domaine de ‘Habad.

Dans l’attente de vos bonnes nouvelles,

Pour le Rabbi Chlita,
le secrétaire,

Notes

(1) Cette lettre est adressée à une femme.
(2) Voir, sur le contenu de la présente, la lettre n°3200.
(3) Lors de la seconde guerre mondiale, du fait de la barbarie nazie.
(4) De même que ce qui en est le contraire.
(5) Terme au féminin dans le texte, s'agissant d'une classe de filles.