Lettre n° 3395

Par la grâce de D.ieu,
8 Nissan 5715,
Brooklyn,

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre du 21 Adar, dans laquelle vous traitez de votre situation familiale et de votre âge. En effet, vous avez vingt deux ans et vous vous trouvez à la croisée des chemins, vous demandant si vous devez continuer à enseigner, comme vous avez commencé à le faire avec succès, ou bien poursuivre vos études à la Yechiva. Vous me demandez mon avis.

L’usage, à Jérusalem, qui se trouve être une pratique positive, partie intégrante de la Torah, veut que l’on n’attende pas un âge avancé pour se marier. Vous devez donc rechercher un bon parti, avec toute l’énergie qui convient. Pour cela, il vous faut aussi gagner votre vie et, à l’époque actuelle, surtout en notre Terre Sainte, faire usage, pour l’enseignement, de toutes les capacités que l’on trouve parmi ceux qui craignent la Parole de D.ieu, les exploiter pleinement.

En conséquence, vous conserverez, à mon avis, vos fonctions d’enseignement et vous chercherez même à les développer. Puisse D.ieu faire que s’accomplisse en vous le dicton de l’Admour Hazaken, auteur du Tanya et du Choul’han Arou’h, selon lequel la Tsédaka, y compris sous sa forme spirituelle, permet d’obtenir “ un cerveau et un cœur mille fois plus affinés ”. Dès lors, même si vous consacrez moins de temps à votre étude personnelle de la Torah, votre compréhension sera alors plus profonde.

Vous me dites que vous avez goûté l’enseignement de ‘Habad, mais n’avez pu en supporter l’intense luminaire et vous avez donc cessé de suivre les voies de la ‘Hassidout. J’en suis surpris. Une réflexion, même sommaire, devrait vous permettre de comprendre qu’une telle affirmation n’est pas recevable. Car, la Torah n’a pas été donnée aux anges. Chacune de ses parties se révèle, est diffusée et, lorsque l’on a connaissance de l’existence de l’une d’elles, on reçoit aussitôt la Mitsva de l’étudier. L’étude de la Torah est considérée comme l’ensemble des Mitsvot. Son enseignement profond, que le Zohar appelle “ âme de la Torah ”, en vivifie la partie révélée.

Vous dites ne pas en avoir eu le mérite. Or, il ne s’agit nullement de mérite, en l’occurrence. Nos Sages tranchent que “ celui qui te dit ne pas avoir fait des efforts et avoir, néanmoins, connu le succès, ne le crois pas ”. A l’opposé, ils affirment aussi que “ celui qui te dit avoir fait des efforts et, malgré cela, ne pas avoir connu le succès, ne le crois pas ”.

Bien évidemment, le levain, qui fait monter la pâte, dresse des obstacles devant chacun et il y a tout lieu de penser que telle est également la raison, en l’occurrence. Or, nos Sages disent, à ce propos, au traité Chabbat 105b : “ Tu n’auras pas de dieu étranger : ceci fait allusion au mauvais penchant ”. D.ieu fasse que vous puissiez me donner de bonnes nouvelles, à ce sujet.

Avec ma bénédiction pour une fête de Pessa’h cachère et joyeuse,

Pour le Rabbi Chlita,
le secrétaire,