Par la grâce de D.ieu,
8 Tévet 5715,
Brooklyn,
A ma proche parente, madame Dévora Léa(1),
Je vous bénis et vous salue,
J’ai eu plaisir à recevoir votre lettre du 3 Tévet et, encore plus, à prendre connaissance de son contenu, de vos souvenirs des temps passés, de la description que vous donnez de la stature morale de votre mère, la Rabbanit(2) et de la manière dont elle priait. Conformément à l’optique de notre Torah, on peut dire, dans de nombreuses situations et même très souvent, que la pensée est plus efficace que la parole et même que l’action.
Comme c’est également le cas dans d’autres domaines, les sciences profanes sont dernièrement parvenues à la même conclusion.
Néanmoins, l’homme doit agir et son acte est essentiel. Il faut donc révéler la pensée et la lier à l’action.
Nos Sages disent de chacun et de chacune qu’il est capable, dans une certaine mesure, d’influencer son entourage, proche ou même éloigné, à condition de faire un effort en ce sens, avec l’énergie qui convient.
Combien plus en est-il ainsi quand il s’agit des descendants de personnes moralement élevées et qui, en même temps, ont multiplié les bonnes actions. Ceux-là, à n’en pas douter, ont hérité les qualités de leurs parents et des parents de leurs parents.
Telle est la caractéristique du souvenir, qui met en éveil les forces de cet héritage et les révèle à l’évidence.
En ce moment propice, il faut se servir de cette inspiration pour agir concrètement, car c’est de cette façon que ces forces reçoivent l’intégrité, que l’homme l’obtient également et qu’il parvient à la satisfaction morale, peut se parfaire, s’élever, “ d’une étape vers l’autre ”, vers les âmes des parents et des parents des parents.
Et, il ne faut pas considérer avec dédain ce qui semble n’être qu’accessoire. Dans le sens négatif, on peut observer qu’une toute petite quantité(3) permet de détruire une grande ville, avec les nombreuses personnes qui s’y trouvent. Or, l’aspect positif surpasse l’aspect négatif et une action qui, à nos yeux et selon notre perception, semble modeste et insignifiante, peut, parfois, justifier les soixante dix ou quatre vingt ans d’une vie, leur donner un contenu.
Conformément au dicton(4) du Baal Chem Tov, “ une âme descend, ici-bas, dans le monde et y vit, pendant soixante dix ou quatre vingt ans, dans le but de rendre un service, matériel et surtout moral, à un autre Juif ”.
C’est ainsi que cette âme mène à bien la mission qui lui est confiée, lorsqu’elle descend ici-bas, portant en elle des étincelles des âmes de ses ancêtres.
On peut ainsi comprendre l’affirmation surprenante qui est énoncée à propos de la prière(5) : “ On prononce l’éloge du Saint béni soit-Il, puis l’on formule ses propres besoins ”.
Pendant cette prière, l’homme est profondément attaché à D.ieu. Or, il sollicite une bénédiction pour la production agricole de son champ. En effet, en la récoltant, il peut et doit bâtir pour Lui une demeure ici-bas.
A ce moment, on peut obtenir la finalité et la perfection de la création par une seule action, négligeable et quotidienne.
Vous savez sans doute à quel point mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera, tenait à ce que l’on rédige ces témoignages du passé, en général et des membres de la famille, en particulier. C’est donc, sans doute, ce que vous faites vous-même et il importe de les formuler de manière détaillée.
Puisse D.ieu faire que vous vous y consacriez, en bonne santé, vous-même et votre mari(6), dans une situation qui sera positive en tout point.
Avec mes respects et ma bénédiction, de la part de votre proche parent,
N. B. Comme vous me le demandez, je vous restitue la lettre de votre mère, la Rabbanit.
Notes
(1) Madame D. L. Horenstein.
(2) La Rabbanit Cheïna Bera’ha Dulitski, fille de Rabbi Yossef Its’hak d’Avrutch, le cinquième fils du Tséma’h Tsédek.
(3) D’énergie atomique.
(4) Voir, à ce sujet, la lettre n°2985.
(5) Des dix huit bénédictions.
(6) Le Rav Chlomo Horenstein.