Par la grâce de D.ieu,
8 Mar’hechvan 5715,
Brooklyn,
Je vous salue et vous bénis,
Je fais réponse à votre lettre expresse, que j’ai reçue aujourd’hui, de même qu’à la précédente. L’une et l’autre suscitent ma surprise:
A) Vous ne me donnez que peu d’informations concernant votre état de santé, alors qu’auparavant vous m’adressiez un télégramme chaque jour. Comme vous le savez, la voie médiane(1) doit être préférée et il faut s’écarter des deux extrêmes à la fois, si ce n’est dans des cas exceptionnels, comme le Rambam l’explique, dans ses lois des opinions.
B) Vos lettres sont rédigées en termes menaçants et effrayants. Pourquoi le cerveau ne domine-t-il pas le cœur(2)? Pourquoi n’évitez-vous pas, à tout le moins, que le cœur domine le cerveau, c’est-à-dire qu’il s’effraye lui-même? Ainsi, vous n’éprouvez pas la joie, qui est, d’après notre maître, le Baal Chem Tov, une nécessité.
J’ai déjà écrit à un ‘Hassid(3) pour lui dire qu’il faut conjuguer deux décisions de notre Torah, Torah de vie, celle qui demande de servir D.ieu dans la joie et celle qui précise que ce service est “ en toutes tes voies ”. La joie est donc nécessaire à tout moment. Et, ceci peut être lié à la définition que donne le Baal Chem Tov de la divine Providence, comme elle est exposée dans la ‘Hassidout. Il précise, en effet, que chaque action contribue à la réalisation du Dessein divin.
Il est donc également possible de servir D.ieu, lorsque l’on observe l’état de santé de quelqu’un, ou bien quand on écrit, à ce sujet. Et, comme le dit la ‘Hassidout, “ cela n’est pas inaccessible et éloigné(4) ”. Bien au contraire, “ la chose est très proche de toi ”(5).
Puisse D.ieu faire qu’à l’avenir, vous m’annonciez uniquement des nouvelles réjouissantes, non seulement pour les raisons invoquées ci-dessus, mais aussi parce que vous-même, avec votre mélancolie, reconnaîtrez qu’il convient d’être joyeux.
Nos Sages disent que “ celui qui prie pour son ami...(6) ”. D.ieu fasse que vous alliez mieux et qu’il en soit de même pour votre épouse. Vous me donnerez de bonnes nouvelles également à ce sujet.
Avec ma bénédiction,
M. Schneerson,
Notes
(1) N’écrire ni trop, ni trop peu.
(2) La raison ne l’emporte pas sur l’émotion.
(3) Voir, par exemple, la lettre n°2935.
(4) Chacun peut y parvenir.
(5) Comme l’indique la page de garde du Tanya.
(6) Est d’abord exaucé pour lui-même.