Lettre n° 2623

Par la grâce de D.ieu,
Premier jour de Roch ‘Hodech Iyar 5714,
Brooklyn,

Je vous salue et vous bénis,

Pour faire suite aux différentes rumeurs qui m’ont été transmises et desquelles j’ai été particulièrement surpris, je passe outre à mes nombreuses occupations et je vous adresse ces quelques lignes.

D’après ce que l’on m’a communiqué et qui, je l’espère, s’avérera, à terme, ne pas être exact, votre famille s’oppose à ce que le mariage de votre fille soit célébré en conformité avec les exigences du Choul’han Arou’h. Durant cette célébration, les hommes et les femmes doivent être séparés.

Je voudrais vous expliquer mon optique, qui est la suivante :

Lorsqu’un mariage est célébré en respectant cette séparation comme l’exige notre sainte Torah, celle-ci affirme que “ la joie règne dans Sa demeure ”(1). Ainsi, quand on mentionne Son Nom, on le fait joyeusement. On révèle tout cela dans ce monde et, en premier lieu pour le jeune couple.

Il est sûrement inutile de vous rappeler ce qui s’est passé, ces dernières années, dans le monde, en général et, pour le peuple juif, en particulier. De tout temps, il a été nécessaire de demander à D.ieu la bénédiction, la réussite et, avant tout, une vie en bonne santé et dans la joie. Combien plus cela est-il nécessaire, à notre époque. Et, le Seul à pouvoir accorder tout cela est le Maître du monde entier, le Saint béni soit-Il.

En son temps, ce ‘Hassid m’a demandé ce que je pensais de cette union. Lorsque votre question est parvenue jusqu’à moi, j’ai pensé qu’il était de mon devoir, qu’il était un mérite pour moi de faire en sorte que votre fille et ce Rav puissent envisager leur vie commune de manière à révéler les bénédictions divines de la meilleure façon, que leur foyer soit sain et joyeux.

Notre sainte Torah nous dit que, pour qu’il en soit ainsi, il faut pouvoir constater, lors du mariage, que “ la joie règne dans Sa demeure ”(1). Elle stipule qu’il doit en être ainsi et qu’il n’y pas d’alternative. Il est clair que nul ne peut modifier cette situation.

En conséquence, je suis surpris que des parents, faisant tout pour que leurs enfants soient heureux, dans toute la mesure de ce qui leur est possible, réunissent leurs forces pour que la joie soit absente du mariage de leur fille et, de la sorte, qu’elle fasse ensuite défaut dans leur vie, ce qu’à D.ieu ne plaise.

On se marie pour bâtir un foyer pendant des dizaines d’années. Des parents ont-ils le droit de compromettre ce qui se passera pendant ces décennies à cause des quelques heures que durera le mariage, afin de plaire à ceux qui ne connaissent pas les Lois et le Choul’han Arou’h ou n’en tiennent pas compte, ou encore pour les inconscients qui sont prêts à échanger quelques instants de prétendu plaisir contre ces dizaines d’années ? Je me demande comment des parents s’autorisent une telle attitude et témoignent d’une telle inconstance.

Il n’est pas de mon fait de vous envoyer la police pour vous contraindre à adopter mon avis. De façon générale, je ne fais pas usage de la contrainte et je n’impose pas mes conceptions. Je ne souhaite pas non plus employer des mots durs. Je voudrais donc conclure ma lettre uniquement par des termes positifs.

Lorsque j’ai donné mon accord pour cette union, j’étais certain que les parents, pour ce qui les concerne, feraient tout ce qui est en leur pouvoir pour le bonheur de leur fille et de leur futur gendre, pendant les dizaines d’années de leur vie commune. Le fait que les amies de votre fille soient contentes ou non importe peu. C’est la Torah qui doit être satisfaite de la manière dont le mariage se passera.

C’est en pensant à tout cela que j’ai donné mon accord à cette union. Comme je l’ai dit, il faut que la sainte Torah puisse attester que “ la joie règne dans Sa demeure ”, en l’occurrence dans la salle où le mariage aura lieu, afin que la vie soit heureuse, par la suite. Le Choul’han Arou’h dit(2) que, lors d’un mariage, les hommes et les femmes doivent être séparés.

Avec ma bénédiction,

Pour le Rabbi,
le secrétaire,

N. B. : Je demande au Rav de ne plus se mêler du problème de cette séparation. Si les propres parents de la jeune fille ont l’audace et prennent la responsabilité de mettre en cause la joie de sa vie en s’écartant des prescriptions du Choul’han Arou’h, je ne peux rien faire de plus.

Je sais que de nombreux mariages, y compris dans des familles religieuses, ont été célébrés sans une telle séparation. Mais, j’ai également connaissance des problèmes qui en ont résulté par la suite. Puisse D.ieu faire que vous soyez toujours à même de m’annoncer des nouvelles uniquement joyeuses, matériellement et spirituellement.

Notes

(1) D’après la Hala’ha, la bénédiction dans laquelle ces mots figurent ne peut pas être prononcée, lors du festin d’un mariage, lorsque les hommes et les femmes ne sont pas séparés.
(2) Le Rabbi note, en bas de page : “ Baït ‘Hadach et Beth Chmouel, Choul’han Arou’h Even Haézer, chapitre 62, paragraphe 11. Le Levouch, dans ses Minhaguim, fin de la partie Ora’h ‘Haïm, compare tout cela à ‘des oies blanches’. Du fait de nos nombreuses fautes, on peut constater, à l’heure actuelle, que ce n’est nullement le cas. ”