Lettre n° 216

Par la grâce de D.ieu,
Chouchan Pourim 5706,

Au très distingué 'Hassid, qui craint D.ieu,
le Rav Moché Zalman Feyglin,
Spartown, Victoria, Australie,

Je vous salue et vous bénis,

J'ai bien reçu votre lettre du 19 Février. Nous avons été très satisfaits de votre don, car les besoins sont ici très importants. Nous avons vingt cinq écoles de filles, Beth Rivka et Beth Sarah. De plus, notre budget consacré aux publications est très important et les problèmes financiers nous empêchent d'imprimer un plus grand nombre de livres.

D'importants envois sont adressés en Europe et dans d'autres pays. Le Merkaz Leïnyaneï 'Hinou'h, le Ma'hané Israël et les éditions Kehot travaillent en étroite collaboration. Bien évidemment, chaque aide est pour nous d'une grande importance.

Nos Sages définissent les Mitsvot de Pourim. Le traité Meguila 7a dit, en effet, que l'on donne deux mets à un ami et deux dons à deux pauvres.

On peut développer, à ce propos, une explication basée sur la 'Hassidout. On sait qu'à Pourim, le corps et l'âme furent conjointement sauvés, alors qu'à 'Hanouka, l'exil se marquait uniquement dans la dimension spirituelle(...). A Pourim, les Juifs firent don de leur vie pour sanctifier le Nom de D.ieu, s'attacher à Lui, avec une détermination transcendant la raison. En effet, s'ils avaient abjuré, il ne leur serait rien arrivé, puisque le décret de Haman s'appliquait uniquement aux Juifs. Les discours 'hassidiques de Pourim expliquent longuement tout cela.

Or, le but du don de soi est de transformer l'existence quotidienne, d'obtenir que le corps et l'âme animale soient maîtrisés par l'âme divine. Et l'âme intellectuelle est l'intermédiaire entre ces deux âmes, comme l'expliqua mon beau-père, le Rabbi Chlita, dans un discours qu'il prononça en 5690, lorsqu'il visita les Etats Unis pour la première fois.

Mais, les notions de pauvreté et de richesse s'entendent, avant tout, dans la dimension morale. L'âme intellectuelle et, a fortiori, l'âme divine ne peuvent donc pas, à proprement parler, être qualifiées de "pauvres". Ce qualificatif s'applique, en revanche, au corps et à l'âme animale.

C'est pour cette raison que les Juifs, après avoir fait don de leur propre vie, reçurent des Mitsvot leur signifiant que ce sacrifice devait permettre à l'âme divine de diriger l'âme animale et le corps, c'est-à-dire de faire des dons à deux pauvres. Quant aux cadeaux offerts aux amis, ils concernent l'âme intellectuelle, "amie" de l'âme divine, qui peut donc jouer le rôle d'intermédiaire envers l'autre âme.

Et c'est bien deux cadeaux qu'il faut lui donner, car un raisonnement ne peut être structuré et aboutir à une conclusion qu'à condition d'intégrer d'emblée deux concepts opposés, la bonté et la sévérité, une question et une réponse. Tel est le cheminement intellectuel normal, comme l'établissent différents textes.

Les différences qui viennent d'être mises en évidence dans la personnalité humaine existent aussi entre les hommes. Certains sont attirés uniquement par les plaisirs matériels. D'autres éprouvent un sentiment naturel envers leur prochain ou, tout au moins, envers leurs proches. Quelques uns prennent le temps de se demander comment ils doivent agir, quel comportement leur dicte leur intellect. Ils restent, néanmoins, limités par la logique humaine et, pour l'heure, ne veulent pas avoir connaissance de celle de la Torah et du Divin.

Chacun, selon ses possibilités, reçoit donc une mission sacrée, celle de conduire tous ceux qui viennent d'être mentionnés vers la vérité de la Torah et des Mitsvot. Il faut, pour cela, comme on l'a dit, donner des cadeaux à ses amis et des dons aux pauvres, au plus grand nombre.

Tel est le grand mérite qui est le vôtre. Dans votre contrée désertique, où se trouvent, pour l'heure, si peu de Juifs respectueux de la Torah et des Mitsvot, d'après ce que vous m'écrivez, vous devez être celui qui diffuse et renforce la Torah et le Judaïsme, par l'exemple que vous donnerez, par vos propos, par les différents livres, brochures, fascicules et discours qui vous permettront de véhiculer la lumière de la Torah. Le mérite du plus grand nombre dépend de vous.

Je suis convaincu que vous orienterez vos actions, auxquelles je faisais auparavant allusion, dans cette direction, avec une énergie décuplée et avec l'aide des membres de votre famille. Je conclus en vous souhaitant une fête de Pessa'h cachère et joyeuse.

Avec ma bénédiction de Techouva Immédiate, délivrance immédiate,

Rav Mena'hem Schneerson,
Directeur du comité exécutif(5)