Lettre n° 215

Par la grâce de D.ieu,
Chouchan Pourim 5706,

Au 'Hassid qui craint D.ieu et s'acquitte fidèlement de samission, le Rav Y. Hacohen(1), Chicago,

Je vous salue et vous bénis,

Par colis séparé, le recueil des causeries du Rabbi(2) vous a été envoyé. Grâce à votre participation, il nous a été possible de l'éditer.

Je saisis cette occasion pour vous remercier, encore une fois, à ce propos. D.ieu merci, vous avez agi pour le mérite du plus grand nombre, en faisant imprimer un livre duquel émane la lumière bénéfique de la Torah, celle de la 'Hassidout.

Concernant la Mitsva d'envoyer des cadeaux à ses amis et des dons aux pauvres, le jour de Pourim, nos Sages disent, dans le traité Meguila 7a: "Deux mets à un ami et deux dons à deux hommes"(3).

On peut donner, à ce propos, une explication basée sur la 'Hassidout. On sait qu'à Pourim, le corps et l'âme furent conjointement sauvés, alors qu'à 'Hanouka, l'exil se marquait uniquement dans la dimension spirituelle(...). A Pourim, les Juifs firent don de leur vie pour sanctifier le Nom de D.ieu, s'attacher à Lui, avec une détermination transcendant la raison. En effet, s'ils avaient abjuré, il ne leur serait rien arrivé, puisque le décret de Haman s'appliquait uniquement aux Juifs. Les discours 'hassidiques de Pourim expliquent longuement tout cela.

Or, le but du don de soi est de transformer l'existence quotidienne, d'obtenir que le corps et l'âme animale soient maîtrisés par l'âme divine. Et l'âme intellectuelle est l'intermédiaire entre ces deux âmes, comme l'expliqua mon beau-père, le Rabbi Chlita, dans un discours qu'il prononça en 5690(4), lorsqu'il visita les Etats Unis pour la première fois.

Mais, les notions de pauvreté et de richesse s'entendent, avant tout, dans la dimension morale. L'âme intellectuelle et, a fortiori, l'âme divine ne peuvent donc pas, à proprement parler, être qualifiées de "pauvres". Ce qualificatif s'applique, en revanche, au corps et à l'âme animale.

C'est pour cette raison que les Juifs, après avoir fait don de leur propre vie, reçurent des Mitsvot leur signifiant que ce sacrifice devait permettre à l'âme divine de diriger l'âme animale et le corps, c'est-à-dire de faire des dons à deux pauvres. Quant aux cadeaux faits aux amis, ils concernent l'âme intellectuelle, "amie" de l'âme divine, qui peut donc jouer le rôle d'intermédiaire envers l'autre âme.

Et c'est bien deux cadeaux qu'il faut lui donner, car un raisonnement ne peut être structuré et aboutir à une conclusion qu'à condition d'intégrer d'emblée deux concepts opposés, la bonté et la sévérité, une question et une réponse. Tel est le cheminement intellectuel normal, comme l'établissent différents textes.

Il est une partie de la Torah qui s'adresse à la fois à l'âme intellectuelle, à l'âme animale et au corps. Il s'agit des causeries des maîtres de la 'Hassidout, qui comportent:
1. des notions très profondes,
2. des enseignements concernant les bons comportements et les sentiments vertueux,
3. des récits et des faits concernant l'action concrète.

Heureux l'homme qui a envoyé des cadeaux à ses amis et fait des dons aux pauvres, de la manière qui vient d'être décrite, pour le bien du plus grand nombre.

Avec ma bénédiction de Techouva Immédiate, délivrance immédiate,

Rav Mena'hem Schneerson,
Directeur du comité exécutif(5)

Notes

(1) Le Rav Yaakov Kats.
(2) Rachab. Il s'agit du Torat Chalom. Voir lettres n°193 et 211.
(3) A partir d'ici, cette lettre est identique à la suivante. Néanmoins, celle-ci est en Hébreu et la suivante, en Yiddish.
(4) En 1930.
(5) Des éditions Kehot.