Lettre n° 211

Par la grâce de D.ieu,
1er Adar Richon A l'honorable 'Hassid, qui craint D.ieu et assume fidèlementsa mission, le Rav Y. Hacohen(1), Chicago,

Je vous salue et vous bénis,

Vous avez sans doute reçu ma lettre du 7 Chevat. J'espère que vous me rendrez bientôt le discours de Pessa'h que je vous ai prêté(2).

Vous vous souvenez sûrement m'avoir dit que vous souhaiteriez prendre part à l'une de nos publications. Une telle possibilité vient de se faire jour et c'est la raison pour laquelle je vous adresse la présente.

Mon beau-père, le Rabbi Chlita, vient de donner l'autorisation d'éditer, en ronéotype et en nombre d'exemplaires limité, un recueil de causeries de son père. Ce livre doit être prêt pour la fin de la semaine et comprendra environ 330 pages.

Les frais d'édition en seront d'environ mille neuf cents dollars, que nous pensons recevoir de la manière suivante. Deux donateurs donneront chacun cinq cents dollars et le reste sera obtenu par le produit de la vente. Le premier donateur(3) a d'ores et déjà apporté sa contribution de cinq cents dollars. Le second, en revanche, a du se désister, à la dernière minute, ne pouvant s'engager sur ce montant.

Je voudrais donc saisir cette opportunité pour vous proposer d'être le second donateur pour l'édition de ce livre. Et je ne vois aucune objection à ce que vous nous transmettiez un montant de cent dollars par mois, pendant cinq mois.

Je pense qu'il est inutile d'expliquer à quelqu'un comme vous l'importance de cette publication. Néanmoins, ce livre devant être prêt pour la fin de la semaine, je voudrais vous demander de bien vouloir me faire connaître votre décision, quelle qu'elle soit.

Je conclurai par un mot de la Paracha de la semaine, celle de Michpatim.

La première de toutes les lois énoncées après le don de la Torah est celle du serviteur juif., "lorsque tu feras l'acquisition d'un serviteur juif, il te servira pendant six ans et, la septième année, sera libéré sans aucun paiement".

Ceci peut paraître surprenant. Pourquoi commencer l'exposé des lois par celle-ci? Bien plus, le traité Kiddouchin 14B précise qu'il s'agit ici d'un homme qui a commis un vol et, étant incapable de rembourser son larcin, a été, de ce fait, vendu comme serviteur.

Par ailleurs, si l'on admet qu'il était bien nécessaire de présenter cette loi en premier, la logique aurait voulu que l'on définisse, tout d'abord, le vol, la nécessité pour celui qui le commet de rembourser le double de ce qui a été volé. C'est ensuite seulement qu'aurait pu être précisé le statut du serviteur juif.

Par ailleurs, pourquoi cette Paracha est-elle introduite par une situation malencontreuse? Elle présente, en effet:
1. un Juif qui a commis un vol,
2. ne possède rien qui lui permet de le rembourser,
3. ne trouve personne pour lui venir en aide, de sorte que le tribunal doit le vendre, comme serviteur juif, pendant six ans.

En fait, il faut comprendre cette loi comme une illustration et un enseignement de ce que sont, de façon générale, toutes les autres lois. Car, celles-ci ont effectivement pour but d'apporter aux hommes les moyens de maîtriser leurs envies et leurs passions, de rectifier le mal qu'ils ont pu commettre.

Est-il envisageable qu'un Juif, juste après le don de la Torah, puisse avoir des désirs répréhensibles et commettre de mauvaises actions? Nos Sages expliquent, au traité Bera'hot 28b, qu'un Juif oublie parfois que D.ieu, le Maître du monde, voit tout ce qu'il fait. Dès lors, il pense qu'il peut "voler".

La solution est donc la suivante. Ce Juif deviendra le serviteur de D.ieu. Pour cela, il "travaillera", se consacrera à la Torah et aux Mitsvot pendant six ans. Puis, dès la septième année, c'est-à-dire le septième millénaire, "il sera libéré sans aucun paiement". Alors, les Mitsvot seront appliquées d'une manière totalement différente, comme l'explique l'Admour Hazaken, dans son Torah Or, au début de notre Paracha.

Avec ma bénédiction de Techouva immédiate, délivrance immédiate,

Rav Mena'hem Schneerson,
Directeur du comité exécutif(4)

Notes

(1) Le Rav Yaakov Kats, destinataire de la lettre précédente.
(2) Voir la lettre précédente.
(3) Il s'agit du Rav Chmouel Dov Ber Ganeles. Voir, à son propos, la lettre n°193.
(4) Des éditions Kehot.