Par la grâce de D.ieu,
3 Iyar 5712,
Brooklyn,
Aux dirigeants de l’association des ‘Hassidim ‘Habad
en notre Terre Sainte, puisse-t-elle être restaurée et
rebâtie, que D.ieu leur accorde longue vie,
Je vous salue et vous bénis,
A) Je fais réponse à votre lettre du 26 Nissan. Vous m’avez demandé de vous répondre par télégramme et je vous en ai adressé un, ce jour, dont le texte est le suivant : “ J’ai été stupéfait que vous envisagiez la suppression du financement à Lod. Ma lettre suit”. J’ai ensuite signé ce télégramme.
De fait, tout commentaire me semble inutile. Je m’expliquerai, néanmoins. Comme je le remarquais dans ma lettre, l’Agence juive a décidé de financer la Yechiva de Lod, pour un montant de cinq mille livres, afin d’y construire un bâtiment qui accueillerait des enfants dont l’âge et les conditions correspondent aux critères de l’Alya des jeunes. Cette subvention est prélevée sur le budget de cent mille livres qui a été accordé, après de multiples négociations, des difficultés et des retards, afin de bâtir des édifices pour les orphelins de l’Alya des jeunes.
Telle était la demande du comité de coordination, ici(1), qui voulait qu’un crédit spécifique soit affecté, à cet effet. Il me semble donc impossible d’en modifier la destination. Bien plus, si une telle modification intervenait, il pourrait en résulter une perte, immédiatement ou bien à terme et des protestations justifiées, émanant des autres partis et des Yechivot, qui espèrent également profiter de cette subvention.
Certains vous ont proposé d’intervenir, dans ce domaine. Sans doute ne savent-ils pas comment gérer les problèmes financiers, ou bien ne se préoccupent-ils pas des protestations ou encore pensent-ils que celles-ci seront uniquement verbales et n’auront pas d’incidence concrète. Comme je l’ai dit, il est vraisemblable qu’aucune des trois possibilités ne corresponde à la réalité.
B) Après la visite à Lod, le principe de la subvention a été décidé. Conformément à la politique de l’Agence juive, depuis deux ans, tous les prétextes sont bons pour renoncer à de tels paiements ou, tout au moins, pour les retarder le plus possible. Si vous demandez des modifications, il me semble donc qu’ils saisiront cette occasion pour que les négociations recommencent à leur début. Entre temps, qui sait ce que deviendra cette subvention?
En conséquence, ma position est bien claire. Il faut d’abord obtenir ce montant, qui vous a déjà été attribué, sans aucune modification. Parallèlement, il faudra, par tous les moyens, avancer dans deux directions :
1. Sur le crédit des cent mille livres, il serait bon, dans la mesure du possible, d’en obtenir plus de cinq mille.
2. Puisque l’on vous propose d’intervenir en votre faveur, il serait souhaitable que l’Agence Juive accorde aux constructions du mouvement ‘Habad des subventions prélevées sur d’autres crédits et non uniquement sur les cent mille livres accordées grâce à l’intervention du comité de coordination d’ici.
Si une telle demande est étayée par les arguments qui conviennent, il y a des chances qu’elle soit acceptée, d’autant qu’il n’y a pas encore de plan précis pour la distribution de ces cent mille livres, vraisemblablement parce que les autres groupes n’ont pas de projets précis, concrètement applicables.
C) Si vous obtenez une subvention supplémentaire, vous aurez le choix de l’utiliser à Lod ou au Kfar(2). Néanmoins, si celle-ci est prélevée sur les cent mille livres auxquelles je faisais allusion, il est préférable de la consacrer à des constructions pour les enfants de l’Alya des jeunes, comme je le disais.
En revanche, s’il s’agit d’autres crédits, vous pourrez sélectionner d’autres projets, parmi les propositions qui figurent dans votre lettre.
D) Conformément aux souhaits du comité de coordination d’ici et suite à l’absence de refus de la part de leurs interlocuteurs, les représentants de l’Agence Juive, il y a des chances que d’autres subventions soient accordées, avec le temps, s’ajoutant à ces cent milles livres, à la condition que des demandes émanent des endroits où se trouvent des enfants de l’Alya des jeunes dépourvus de logements appropriés pour eux.
En conséquence, si cela est conforme à la lettre que je vous ai adressée, il y a quelques temps, à propos des actions à mener pour intégrer les enfants des immigrants dans nos institutions, en Terre Sainte, il y a lieu d’établir immédiatement un programme détaillé des bâtiments nécessaires à cet effet. Vous m’adresserez sûrement une copie de ce programme.
E) Vous me dites qu’il s’agit, en l’occurrence, d’un prêt qui vous est accordé. Malheureusement, la faiblesse des représentants des groupes ici et, semble-t-il, en Terre Sainte, a fait qu’un accord a bien été donné à cette formule, malgré ma protestation véhémente et leurs promesses préalables de demander à l’Agence juive qu’elle tienne son engagement et donne cet argent sous forme d’attribution définitive.
En tout état de cause, il y a deux formules de prêts. De façon générale, on commence à le rembourser cinq ans après l’avoir obtenu. Néanmoins, si l’Agence juive s’aperçoit que, passé ce délai, l’institution a des problèmes de solvabilité, elle a promis de permettre que le début du remboursement intervienne au bout de dix ans. Or, les ‘Hassidim sont venus de l’autre côté du rideau de fer et ils n’ont donc pas pu apporter leurs biens avec eux.
J’ai bon espoir qu’en fonction de tout cela, vous pourrez demander que le remboursement commence au bout de dix ans.
F) Je suis particulièrement étonné de n’avoir, de votre part, aucune nouvelle des subventions du fonds pour la Chemitta(3) accordées aux ‘Hassidim. D’autant que, comme je vous l’ai écrit, monsieur Goldman a envoyé d’ici un télégramme à ce propos à monsieur Eshkol, il y a quelques semaines, comme vous le savez.
Néanmoins, si, sur place, vous avez réagi avec nonchalance, il est bien clair qu’il n’y aura pas de protestations de leur part.
G) Je suis un peu surpris que rien ne se passe, pour ce qui est du courant non affilié(4). En effet, j’ai reçu une lettre m’informant que le début des inscriptions pour la nouvelle rentrée scolaire serait en Sivan.
J’attends de vos bonnes nouvelles,
M. Schneerson,
Notes
(1) Voir, à ce propos, la lettre n°1492.
(2) A Kfar ‘Habad.
(3) 5712 était une année de Chemitta, Chabbat de la terre, au cours de laquelle les agriculteurs ne peuvent cultiver leurs champs. Voir les lettres n°896, 1135, 1170, 1183, 1197, 1215, 1216, 1221, 1247 et 1343.
(4) Voir la lettre n°1535.