Lettre n° 1123

Par la grâce de D.ieu,
4 Mena’hem Av 5711,
Brooklyn,

Je vous salue et vous bénis,

J’ai bien reçu votre lettre, qui n’était pas datée, avec la demande de bénédiction qui lui était jointe. Lorsque je me trouverai auprès du tombeau de mon beau-père, le Rabbi, j’en ferai lecture. A n’en pas douter, il invoquera la miséricorde divine pour que vous ayez une bonne santé et que votre épouse soit exaucée en tout ce qu’elle désire, matériellement et spirituellement.

Je vous ai déjà dit qu’à mon avis, votre analyse n’est pas bonne et vos craintes sont sans fondement(1). Il n’y a sûrement là qu’une intervention du mauvais penchant. Il est donc préférable que vous cessiez de penser à tout cela, y compris à ce qu’il vous semble encore possible de réparer.

Supprimez donc toutes ces pensées et consacrez-vous plutôt aux besoins de l’autre, mieux encore, pensez à D.ieu, comme l’expliquent de très nombreux textes de la ‘Hassidout. Et, le Rambam, lois des fondements de la Torah, début du second chapitre, explique "de quelle manière on peut aimer et craindre D.ieu".

Bien plus, la ‘Hassidout définit, en particulier, ce qui distingue sa démarche de celle de l’éthique. Cette dernière prône la contemplation, la méditation à l’insignifiance de l’homme, à la corruption de ses voies, au mal qu’il porte en lui, à la manière de se racheter.

En pareil cas, si l’on arrive effectivement à expier sa faute, on parvient à une issue positive, mais, pour y parvenir, il faut, au préalable, concentrer sa pensée sur tout ce qui est mauvais ou, tout au moins, ce qui n’est pas bon.

La ‘Hassidout, en revanche, demande de contempler, de méditer à la splendeur de D.ieu ou, tout au moins, à l’aspect de la personnalité humaine qui est à l’image du Très Haut, à l’amour du prochain. En pareil cas, même si l’on ne parvient pas à la conclusion qui s’impose, on n’en a pas moins mis en pratique la Mitsva de "connais le D.ieu de ton père"(2), en observant le bien et la valeur de la sainteté.

Tout ce qui vient d’être dit s’applique, de la même manière, à votre situation. Toute votre concentration porte sur des sujets qui ne sont pas positifs(3). Or, peut-être n’y a-t-il là qu’une illusion(4). Et, même si vous éprouvez des craintes, même si celles-ci sont fondées et qu’une réparation est nécessaire, le Tanya explique qu’il y a des moments spécifiques pour le faire.

De plus, qui dit qu’après cette méditation et cette amertume, car il est clair que la tristesse est totalement exclue, vous tirerez pleinement la conclusion qui s’impose ?

Méditez donc à la grandeur du Créateur, Qui suscite, fait exister et perpétue Ses créatures à chaque instant. Il faut donc ressentir, en permanence, la présence de la Force créatrice au sein de la matière créée. Ainsi, vous consacrez votre temps à mettre en pratique la Mitsva de méditer à la grandeur de D.ieu, au fait que "l’Eternel est D.ieu", que "tu aimeras l’Eternel ton D.ieu".

Combien plus une telle démarche est-elle positive si elle vous permet d’améliorer votre situation. Vous gagnez ainsi sur tous les plans et, en quelques mots, pourquoi vous consacrer à "écarte-toi du mal", alors que vous pouvez adopter le Précepte "fais le bien". Si c’est effectivement le cas, "écarte-toi du mal" se réalisera de lui-même.

Puisse D.ieu faire que ces jours soient transformés, pour nous et pour tout Israël, en allégresse et en joie, très bientôt et de nos jours. Chacun d’entre nous recevra la joie et l’allégresse, mettra en pratique l’Injonction, de portée générale : "tu aimeras l’Eternel ton D.ieu, avec joie et enthousiasme, dans l’opulence". Vous verrez, à ce propos, la fin des lois du Loulav, du Rambam(5).

Avec ma bénédiction pour que vous ayez une bonne santé et en soyez conscient,

Notes

(1) Pour ce qui est de son état de santé.
(2) Puisque tel est le thème de la méditation.
(3) La maladie.
(4) Peut-être la maladie est-elle imaginaire.
(5) Décrivant l’importance de la joie de la Mitsva.