Semaine 47

  • Vayétsé
Editorial
Retour du Congrès

Est-ce terminé ? Il s’agit, bien sûr, du Congrès international des Chlou’him, des délégués du Rabbi aux quatre coins du monde. D’une certaine manière, la réponse doit être positive. De fait, le congrès s’est achevé et, les uns après les autres, les Chlou’him sont rentrés chez eux – on a presque envie de dire retournent à leur poste. En ce moment de conclusion, il est encore difficile de décrire toutes les expériences, tous ces sentiments en tempête qui ont soulevé chacun et agitent encore tous les esprits.
Qui saura dire la joie des retrouvailles et de l’amitié ? Qui saura raconter les milliers de discussions, dans les débats organisés et aussi dans toutes ces rencontres informelles dans les couloirs ou au coin d’une rue ? Des vies en ont été changées. Celle du Chalia’h lui-même souvent et celles de la communauté dont il a la charge toujours, comme par un éclairage nouveau, une vision différente jetés sur une question ancienne et qui donnent les contours d’une solution. Qui dira l’attention des plus anciens, toujours disposés à répondre aux questions des nouveaux venus dans ce si pacifique combat ? Qui dira la concentration de tous et la réflexion presque visible sur le visage de chacun ? Qui saura décrire enfin la joie et la fierté des enfants des Chlou’him ? Ils sont parfois bien seuls dans les endroits les plus reculés du monde et, si jeunes, sentent peut-être un peu de lassitude à toujours devoir être des modèles, mieux les exemples à suivre. Ils ont été, dans ce congrès, à l’honneur. Ils en repartent conscients que leur place les attend et que, par un mérite qui les dépasse, nul sort n’est comparable au leur.
Et les images défilent : les milliers de Chlou’him qui se pressent au grand dîner où l’on absorbe plus de forces pour l’année à venir que jamais, où l’aspiration est décidément bien loin du souci gastronomique même si toute est en place pour cela. Tant de choses comptent ici. Et ces milliers-là qui, épaule contre épaule, posent pour une photo qu’on ne peut même plus dire de groupe tant celui-ci est grand et tant il s’anime de mille mouvements.
Aujourd’hui, nous le savons, une nouvelle année d’actions a pris son envol. Elles ne s’arrêteront pas. Elles nous entraîneront dans leur enthousiasme et leur grandeur. Nous nous demandions si tout était terminé ? Nous tenons notre réponse : tout commence et Machia’h est au bout du chemin.
Etincelles de Machiah
La matérialité de l’homme

A l’époque du Beth Hamikdach, les Juifs, par nature, éprouvaient le désir profond et sincère de servir D.ieu. Pour eux, les affaires de ce monde n’étaient que nécessité, ils ne les recherchaient que de manière superficielle, sans ardeur particulière.
En temps d’exil, c’est l’inverse qui est vrai. L’homme, par nature, ressent une attirance pour l’aspect matériel du monde tandis que le service divin, l’amour de D.ieu n’aboutissent qu’au terme d’un effort intense.
C’est la situation antérieure que le Machia’h rétablira.
(d’après Likoutei Torah, Ki Tétsé, p.40a) H.N.
Vivre avec la Paracha
Vayetsé : Un jour dans la vie d’un Juif

Les douze fils de Yaakov
Comme cela est relaté dans le Livre de Beréchit, les douze fils de Yaakov sont nés de quatre mères différentes et se divisent en trois catégories générales.
a) Les six fils de Léa : Réouven, Chimon, Lévi, Yéhouda, Issa’har et Zevouloun.
b) Les deux fils de Ra’hel, la femme préférée de Yaakov et le pilier de la Maison d’Israël : Yossef et Binyamin.
c) Les quatre fils des servantes, Bilah et Zilpah : Dan, Naphtali, Gad et Acher.
Une répartition similaire définit leur rôle de guides dans notre vie quotidienne. Les fils de Léa représentent les activités de notre programme quotidien, les fils de Ra’hel, la démarche fondamentale dans la vie juive et les fils des servantes représentent les thèmes auxiliaires qui accompagnent toutes nos actions et toutes nos entreprises au cours de la journée.

Le service du cœur
La prière est «une échelle posée sur la terre et dont l’extrémité supérieure touche les Cieux» (Beréchit : 28 :12). Cette échelle comporte quatre échelons : Réouven, Chimon, Lévi et Yéhouda ou l’amour, la crainte, l’intégration et l’abnégation.
Dans la terminologie de la Cabbale et de la ‘Hassidout, l’amour et la crainte sont les yeux et les oreilles du cœur. La vue est le plus intérieur des sens, l’ouïe étant le plus distant et le plus détaché. Ainsi, l’amour, l’aspiration du cœur à se rapprocher, est-il sa faculté de voir, et la crainte, la tendance à prendre du recul, est-elle la faculté d’entendre.
Réouven, dont le nom dérive du mot hébreu réiya, «la vue», nommé ainsi par sa mère qui déclara «D.ieu a vu ma souffrance ; désormais mon mari va m’aimer» (Beréchit 29 :32), représente le premier niveau de la prière, l’élément d’amour dans notre service du cœur. Chimon, de chmaiah : «entendre», appelé ainsi en réponse au fait que «D.ieu a entendu que j’étais rejetée» (ibid, verset 33), concerne le second niveau de la prière, le recul du cœur dans le respect et la crainte. Lévi, dont le nom signifie «attachement», (sa naissance poussa Léa à dire : «maintenant mon mari sera attaché à moi car je lui ai donné trois fils» (v. 35)), représente l’union de l’amour et de la crainte dans le troisième degré de la prière. Et Yéhouda, dont le nom veut dire : «celui qui concède», («cette fois je concèderai des remerciements à D.ieu» v. 35), évoque la quatrième étape dans l’échelle de la prière, l’abnégation du moi que nous exprimons vis à vis de D.ieu dans la silencieuse Amida.

L’association
Avant de disparaître, «Yaakov convoqua ses douze fils et leur parla… et les bénit, chacun selon sa bénédiction» (Beréchit 49 :28). Deux cent trente-trois ans plus tard, Moché agit de la même façon avec les douze tribus d’Israël qui comptaient désormais plusieurs dizaines de milliers d’âmes. Les bénédictions de Yaakov et de Moché expriment le caractère individuel de chaque tribu et son rôle distinct dans la communauté d’Israël.
Concernant Zevouloun et Issa’har, les bénédictions de Yaakov furent les suivantes : «Zevouloun résidera au bord de la mer ; un port pour les bateaux il sera… Issa’har est un âne solide, tapis entre les clôtures».
Quant aux mots d’adieu de Moché, ils furent : «Réjouis-toi Zevouloun, dans tes voyages, et Issa’har dans tes tentes».
Nos Sages expliquent :
Zevouloun et Issa’har s’associèrent. Zevouloun résidait au bord de la mer et naviguait dans ses bateaux pour faire du commerce, en tirer du profit et entretenir Issa’har, qui restait assis à s’occuper de l’étude de la Torah.
Issa’har et Zevouloun représentent les deux autres thèmes majeurs de notre calendrier quotidien. Après avoir grimpé les quatre échelons de la prière, il est temps maintenant pour le Juif d’aller étudier la Torah afin d’attacher son esprit à D.ieu. Puis il peut sortir dans le monde des affaires.
Chaque Juif, qu’il soit par vocation un «Issa’har» ou un «Zevouloun», inclut les deux activités dans sa routine quotidienne. Le businessman le plus impliqué n’est pas exempt de l’étude de la Torah et le plus grand des érudits est également citoyen du monde matériel.

Yossef et Binyamin
Le nom Yossef signifie «il ajoutera». A sa naissance, sa mère exprima l’espoir que «D.ieu (…) ajoutera un autre fils». Le sens de ces paroles est que Yossef représente le travail de la Techouva : ajouter un autre fils, transformer tout ce qui est «autre», étranger en nous-même en «fils», c’est-à-dire ajouter dans notre existence tout ce qui appartient au royaume du positif et de la sainteté.
Binyamin veut dire «fils du juste». Yaakov nomma ainsi le second fils de Ra’hel parce qu’il fut le seul à naître en Terre Sainte. Il représente donc l’absolue perfection et la lumineuse sainteté du Tsaddik (Juste parfait).

Quatre concepts
Les quatre fils des servantes : Dan, Naftali, Gad et Acher sont quatre concepts qui accompagnent notre vie quotidienne : le bon sens, l’engagement, la bénédiction et la satiété.
«D.ieu m’a fait justice» proclama Ra’hel à la naissance du premier fils de sa servante Bilah. Elle le nomma Dan, ce qui signifie «jugement». «Dan sera un juge pour son peuple» dit Yaakov en le bénissant.
Si vous rencontrez quelqu’un qui insiste constamment sur la nécessité de rendre la justice, affirme le Talmud, c’est un signe sûr qu’il appartient à la tribu de Dan.
Naftali implique confrontation et connexion. C’est ainsi que Ra’hel nomma le second fils de Bilah pour signifier le fait que «j’ai confronté ma sœur et je l’ai emporté».
Acher fut béni par Yaakov et par Moché avec la bénédiction de l’huile. Dans la Torah et la ‘Hassidout, l’huile implique la qualité de satiété : la nature de l’huile veut que lorsqu’elle rentre en contact avec quelque chose, elle l’imprègne totalement.
Et finalement, Gad signifie «bénédiction» et «bonne opportunité».
«Une bonne opportunité est venue» s’écrie Léa à la naissance du fils aîné de Zilpah.
Quand un Juif prie, (Réouven, Chimon, Lévi et Yéhouda), étudie (Issa’har) et travaille (Zevouloun), que ce soit avec la parfaite sainteté du Tsaddik (Binyamin) ou les victoires de la Techouva (Yossef), les quatre fils des servantes l’assistent dans chacune de ses entreprises, avec le bon sens qui mesure tout selon les critères du bien et du mal (Dan), avec un sens de proximité avec D.ieu et un engagement perpétuel pour Lui (Naftali), avec une approche totale de la vie, dans laquelle on s’investit pleinement dans ce que l’on fait au point que les pensées, les sentiments et l’être sont saturés (Acher), et avec la prise de conscience que seule l’aide de D.ieu bénit nos efforts et leur donne le succès (Gad).
Le Coin de la Halacha
Qu’est-ce que la Mezouza ?

La Mezouza est un parchemin sur lequel un Sofère (scribe qualifié) écrit à la main avec une plume et de l’encre les deux premiers paragraphes du Chema Israël. La Mezouza doit être fixée à l’entrée de la maison ainsi qu’à l’entrée de chaque pièce habitable.
Cet objet atteste que toute la maison et ce qu’elle contient sont imprégnés du contenu de ces deux paragraphes : le début étant le Chema Israël, la foi en un D.ieu Un qui amènera à la délivrance véritable et complète quand «se multiplieront vos jours et les jours de vos enfants sur la terre que D.ieu a promise à vos pères aussi longtemps que le ciel sera sur la terre» c’est-à-dire de façon éternelle avec la venue de Machia’h.
D’autre part, la Mezouza protège les habitants de la maison quand ils s’y trouvent à l’intérieur mais aussi quand ils en sortent et qu’ils sont en voyage. La Mezouza a aussi la capacité d’empêcher les «vents spirituels indésirables» de s’introduire dans la maison et d’en déstabiliser les habitants. Ainsi la maison sera cachère dans tous les détails.
Pour cela, il faut faire vérifier par un Sofère compétent si le parchemin est cachère, si les lettres ne se sont pas effacées avec l’usure du temps, de l’humidité, de la chaleur. Cette vérification doit avoir lieu au moins deux fois en sept ans ; nombreux sont ceux qui les font vérifier une fois par an et, en tous cas, à chaque déménagement ou dans le cas d’une maladie ou d’un accident grave, D.ieu préserve.
Le maître de maison fixe les Mezouzot au linteau de chaque porte, dans le tiers supérieur, en récitant la bénédiction : Barou’h Ata Ado-naï Élo-hénou Mélè’h Haolam Achère Kidechanou Bémitsvotav Vetsivanou Likboa Mezouza - Béni sois-Tu Éternel notre D.ieu, Roi de l’univers, qui nous a sanctifiés par Ses commandements et nous a ordonné de fixer par un clou la Mezouza.
Si on fixe plusieurs Mezouzot en même temps, on ne récite qu’une fois la bénédiction.

F. L. (d’après Rav Shmuel Bistritzky – Hamivtsaïm Kehala’ha)
De Recit de la Semaine
A l’origine de la bénédiction

Chmouel était resté seul au monde après le décès de ses parents. Les habitants de la ville polonaise de Michikov étaient bien trop occupés à faire vivre leurs familles et nul ne s’inquiéta vraiment de l’éducation de cet enfant devenu adolescent. Un jour, celui-ci disparut : il était parti avec son balluchon à la découverte du vaste monde pour tenter sa chance et s’enrichir.
Il traîna dans les marchés et apprit bien vite comment mener des affaires. Ses nouveaux amis étaient en majorité des non-Juifs et, petit à petit, Chmouel perdit son enthousiasme pour la pratique des Mitsvot (commandements) : un jour, il laissa passer une Mitsva, le lendemain une autre et, finalement, abandonna toute pratique religieuse.
Après plusieurs tentatives commerciales infructueuses, un de ses amis lui suggéra de fabriquer des uniformes : «La demande est grande et nul n’est encore spécialisé uniquement dans ce créneau !» Curieux, Chmouel s’investit dans cette nouvelle idée et connut très vite le succès. Il fit construire une très grande usine dans laquelle les clients affluèrent. Mais plus il s’enrichissait, plus il désirait s’enrichir encore davantage. Il décida d’ouvrir les magasins même le Chabbat. Plus il travaillerait, plus il gagnerait, n’est-ce pas ? Mais curieusement, à partir de ce jour, ses affaires périclitèrent. De nombreux Juifs ne voulurent plus se fournir dans un magasin ouvert le Chabbat. Les stocks s’accumulèrent sur les étagères, les dettes apparurent et les créanciers se faisaient pressants. Et si cela ne suffisait pas, un incendie éclata dans l’usine : toute la marchandise si onéreuse disparut en fumée !
Désespéré, Chmouel décida de se rendre à Varsovie, la capitale, pour y trouver une occupation quelconque. Avec ses derniers sous, il paya un cocher pour l’y amener malgré la neige qui rendait la route très difficile. En arrivant à Radomsk, au milieu de la nuit, le cocher déclara qu’il était impossible de continuer le chemin dans ces conditions et Chmouel dut chercher où se loger. Il aperçut une maison encore éclairée, il frappa à la porte et un Juif âgé au visage rayonnant l’accueillit : c’était Rabbi Chlomo de Radomsk, l’auteur du livre «Tiféret Chlomo». Celui-ci accueillit chaleureusement l’invité inattendu et lui offrit des vêtements secs et un repas chaud. Puis il lui demanda d’où il venait et quel était le but de son voyage en plein hiver. Chmouel raconta comment il avait perdu tous ses biens. Le Tsadik lui demanda doucement : «Tu m’as raconté tes problèmes matériels. Et qu’en est-il de tes affaires spirituelles ?»
Chmouel éclata en sanglots et expliqua comment il en était venu à traiter à la légère les Mitsvot (commandements) au point d’en être arrivé à transgresser le Chabbat. Le Tsadik hocha la tête d’un air entendu et déclara : «Nos Sages affirment que le Chabbat est le plus beau cadeau de D.ieu au peuple juif, celui qui apporte la bénédiction pour tous les jours de la semaine. Celui qui le respecte comme il convient voit la réussite mais pour celui qui le méprise, le Chabbat réclame son dû ! Il n’est donc pas étonnant, continua le Tsadik, que tu aies perdu tes richesses justement dans un incendie car il est écrit : ‘Vous n’allumerez pas de feu le Chabbat’ !»
Le cœur brisé, Chmouel demanda au Tsadik comment réparer les fautes commises. Rabbi Chlomo répondit : «Si tu décides de respecter le Chabbat même si cela doit te coûter une forte somme, tu verras la bénédiction dans tout ce que tu entreprendras, au-delà de tout ce qui est naturellement possible !»
Chmouel en prit solennellement l’engagement.
Le lendemain, le ciel s’éclaircit et Chmouel reprit la route. A Varsovie, il fit connaissance d’un propriétaire terrien qui lui proposa d’aller scier des troncs d’arbre dans ses forêts. La proposition était alléchante mais l’homme stipula alors que le travail devait se dérouler absolument sur une période de sept jours suivis. Immédiatement, Chmouel refusa la proposition.
Il passa ainsi encore plusieurs jours à errer d’un stand à l’autre au marché sans trouver ce qu’il cherchait. Il allait quitter la ville quand soudain, quelqu’un lui demanda de lui servir d’agent dans son commerce de chevaux et de bétail. Une fois de plus, Chmouel était prêt à accepter mais finit par refuser car, encore une fois, il fallait travailler le Chabbat.
Il avait résisté à la tentation et se sentait plus fort. Mais financièrement, la situation devenait critique. Il retourna voir le Tsadik de Radomsk qui heureux d’entendre qu’il avait refusé par deux fois de transgresser le Chabbat lui promit que le prochain travail qu’on lui proposerait lui apporterait la réussite.
Sur le chemin du retour, Chmouel entendit parler d’une vente aux enchères pour améliorer le réseau de chemin de fer dans des régions fortement urbanisées. C’était absolument insensé mais Chmouel qui ne possédait plus un sou avait confiance dans la bénédiction du Tsadik et présenta sa candidature. Sans aucune raison logique, Chmouel fut choisi et fut même exempté des frais liés aux enchères.
Grâce au Chabbat…

Si’hat Hachavoua
Traduit par Feiga Lubecki