Semaine 5

  • Michpatim
Editorial
Vers le renouveau

Avec le temps, l’écologie est devenue une idée « tendance ». Déclinée politiquement, socialement, elle devient un élément incontournable de la conscience moderne. De tous côtés monte la clameur : «Notre planète est fragile, elle constitue un système global, ne le mettons pas en déséquilibre.» Une telle préoccupation, toute récente soit-elle dans les sociétés occidentales, possède une légitimité incontestable. Dans la vision juive, le monde n’est-il pas ce lieu que D.ieu a confié à l’homme «pour le travailler et le garder», faisant ainsi de ce dernier le couronnement – et le responsable – de l’ensemble de la création ? C’est dire que la planète nous aurait été confiée comme « en gestion » et non «en pleine-propriété»… Et voici que revient le 15 du mois de Chevat, Tou Bichevat, le « nouvel an des arbres ».
Et, avec lui, revient la traditionnelle question : pourquoi l’homme devrait-il marquer, de quelque manière que ce soit, un «nouvel an des arbres» ? Si une telle célébration a le moindre sens, ne revient-il pas aux arbres – et à eux seuls – de s’en souvenir ? Il y a ici une idée qu’il nous faut retrouver. Si l’homme est invité au «nouvel an des arbres», c’est aussi parce que cette date n’est pas qu’une fête du végétal. La création est véritablement un ensemble global et elle le manifeste dans l’harmonie générale qui caractérise l’univers. Quant à l’homme, il est sans doute l’élément essentiel de cette globalité car il en est le maître, le guide et l’inspirateur. En d’autres termes, c’est lui qui lui donne sens. Le jour de Tou Bichevat résonne ainsi comme celui où notre sort s’inscrit dans un espace plus grand. Pour cela, il élargit l’horizon de notre conscience, il donne au champ de notre connaissance un arrière-plan plus profond.
Cela veut dire également que la célébration de Tou Bichevat ne peut se limiter à la plantation d’arbres, même si la démarche a toute son importance. C’est d’avenir et de développement global qu’il est question ici. A la croissance de l’arbre doit répondre le progrès – personnel et collectif – de l’homme. A la renaissance en devenir de la nature doit correspondre le ressourcement spirituel de chacun. L’arbre constitue une image familière. Ses racines, son tronc, ses branches, les fruits qu’ils portent sont la métaphore parfaite de l’homme qui se dresse fermement parce que ses propres «racines» sont fortes et que, grâce à la subsistance qu’elles lui apportent, il peut s’élancer vers le ciel et donner les fruits qui embelliront lui-même et le monde. Pour une harmonie tant attendue, éternelle.
Etincelles de Machiah
La Techouva et la Délivrance

Maïmonide enseigne : «Israël finira par se repentir et sera immédiatement libéré» (Michné Torah, Hile’hot Techouva 7:5).

Maïmonide précise ainsi que la Délivrance arrive grâce au repentir, à la Techouva. Cela n’est pas simplement dû au fait qu’ainsi toutes les fautes sont effacées. C’est le processus même de la Délivrance qui nécessite l’œuvre spirituelle en question car celle-ci est, par essence, l’expression du niveau le plus élevé de l’âme appelé «Yé’hida», seul à même d’effacer toute trace d’une faute éventuelle. Or, la venue de la Délivrance est justement une manifestation du niveau Divin équivalent, qui transcende toutes les limites du monde matériel. C’est ce degré-là dont il nous faut, par nos actes, susciter la révélation.
(D’après Likoutei Si’hot, vol. IV, p. 1071)
Vivre avec la Paracha
Michpatim Mélanges et fusions : un aperçu sur l’inexplicable

Ne cuisinez pas le veau dans le lait de sa mère (Chemot 23:19).
La viande a son origine dans l’attribut divin de justice, le lait dans celui de la miséricorde (Chaloh).
Dans le monde futur de Machia’h, l’interdiction de mélanger la viande et le lait sera annulée (Rabbénou Be’hayé).

Le monde de l’expérience de nos cinq sens est diversifié et présente de nombreuses facettes. Nous faisons la distinction entre la matière et l’esprit, la lumière et l’obscurité, l’animé et l’inanimé, le masculin et le féminin; nous faisons entrer dans des catégories les plantes et les animaux, selon leur espèce, et évaluons les minéraux selon leur valeur marchande. Mais dans quelle mesure ces distinctions sont-elles réelles ?
Car nous ressentons également une unité dans l’univers. Cette unicité sous-jacente complète notre perception spirituelle de la réalité: toute entité et toute force existantes ne sont qu’une seule expression de la vérité singulière de D.ieu, Qui les a créées dans un but unique et unificateur.
En fait, la pluralité de notre monde fait partie intégrante du dessein divin pour l’existence. Au cours des six jours de la création, nous voyons D.ieu faire des catégories d’espèces et placer les limites entre la lumière et l’obscurité, la matière et l’esprit, la terre et la mer. Et de fait, le Nom divin qui connote l’implication de D.ieu dans la création, Elokim, est au pluriel, mettant l’emphase sur l’implication spécifique de D.ieu dans les détails et les distinctions qui marquent Sa création.
C’est pourquoi, la Torah, les instructions que D.ieu communique à l’humanité, ne fait pas que “séparer entre le pur et l’impur”, définissant le permis et l’interdit, mais interdit également le mélange des espèces et des catégories dans le domaine du permis lui-même. La Torah précise les animaux dont le Juif peut manger le lait et la viande, et les espèces dont le lait et la viande sont interdits; mais elle interdit également la consommation du lait et de la viande cuits ensemble, même si chacun, seul, est autorisé. De la même façon, les lois des Kilayim (hybrides) interdisent de porter un vêtement combinant le lin et la laine, le croisement de certaines espèces animales et la greffe ou les semailles de certaines espèces végétales.

Trois catégories
Toutefois, il existe des exceptions. Malgré l’interdiction de mélanger le lin et la laine dans la confection d’un vêtement, la Torah donne l’instruction spécifique d’élaborer un tel mélange pour fabriquer plusieurs des habits sacerdotaux portés par les Cohanim dans leur service du Beth Hamikdach (le Saint Temple). Et également, juste après l’injonction: “ne portez pas de Chaatnez - lin et laine ensemble”, la Torah nous commande “faites des franges aux quatre coins de vos habits”, le Talmud nous expliquant qu’il est permis de mélanger la laine et le lin pour observer la Mitsva des Tsitsit.
Cependant, la permission de mêler deux espèces pour accomplir une Mitsva n’est accordée que dans le cas des Tsitsit. En ce qui concerne les autres interdictions des Kilayim, nous ne trouvons aucune autre exception. Et d’ailleurs, à propos de la viande et du lait, la Torah va même jusqu’à nous instruire spécifiquement qu’ils ne peuvent être combinés, même dans le but de servir D.ieu.
Dans Chemot 23:19, nous lisons: “les premières récoltes de votre terre, vous les apporterez à la Maison de l’Eternel, votre D.ieu; ne cuisez pas un veau dans le lait de sa mère”. Pourquoi ces deux lois, apparemment sans lien, sont-elles citées dans le même verset? Le Midrach explique que la Torah désire préciser que l’interdiction de mélanger la viande et le lait s’applique également dans le cas de la cuisson des Kodachim, la viande sainte des offrandes apportées à D.ieu dans le Beth Hamikdach.
Une observation attentive nous permet de distinguer trois catégories de mélanges interdits:
a) le mélange de lin et de laine ;
b) la cuisson de la viande avec du lait, interdite spécifiquement par la Torah, même pour des desseins exclusivement saints.
c) l’interdiction sans équivoque de croiser les plantes et les animaux.

Une paix graduelle
Le but proclamé de la Torah est de “faire la paix dans le monde”. Faire la paix signifie unir et intégrer, rassembler des éléments divergents, des individus et des peuples en une entité harmonieuse. Aussi le prophète Tséphania décrit-il l’ère messianique, la réalisation du plan de la Torah pour la vie sur terre, dans ces termes: “Alors Je convertirai toutes les nations dans un langage plus pur pour qu’elles clament le Nom de D.ieu pour Le servir dans un consentement uni”. Aujourd’hui, l’humanité et la nature sont fragmentées et en conflit, puisque chacun de leurs composants multiples cherche l’accomplissement et la réalisation par des voies différentes et conflictuelles. La Torah vient apporter à tous un dessein unique, les unifier dans le but commun de servir leur Créateur.
Comment concilier cela avec le rôle de la Torah décrit plus haut qui renforce les limites? N’avons-nous pas affirmé que la Torah différencie et distingue, préserve les démarcations de la création de D.ieu ?
En réalité, toutefois, il n’y a pas de contradictions. La paix ne consiste pas à effacer les frontières et à oblitérer les identités. La paix ne dicte pas aux nations et aux individus de désavouer leur particularisme et de fusionner en un tout sans distinction. Bien au contraire, une telle “paix” est toujours superficielle et artificielle, puisqu’elle va à l’encontre de la nature et de l’essence de ses partenaires et en dernier ressort elle se désintègre en chaos et anarchie. La paix véritable est un état dans lequel les entités diverses unissent leurs forces vers un but commun, chacune contribuant à l’accomplissement de cette harmonie par ses qualités distinctes.
Et c’est là que réside le sens profond de ces trois catégories de mélanges définies par la Torah.
Croiser des espèces différentes est toujours négatif, même lorsque l’objectif est une Mitsva, l’acte ultime de servir le Tout Puissant. Le croisement crée une créature nouvelle, hybride, qui n’est ni l’un ni l’autre de ses géniteurs, une créature dans laquelle les différences entre les deux espèces ont été éradiquées. La frontière définie de la création est effacée, causant un hiatus plutôt qu’une consolidation, dans le développement universel de la paix.
Par ailleurs, la combinaison du lin et de la laine dans la confection d’un vêtement ne viole l’intégrité d’aucun de ces composants. La laine reste de la laine et le lin reste du lin.
Néanmoins, une telle combinaison, quand elle est utilisée à des fins profanes ou personnelles, est négative et destructrice. Certains éléments (comme le lin et la laine) représentent des forces spirituellement divergentes qui vont inévitablement se confronter plutôt que s’unifier. Selon les Cabalistes, la laine représente le ‘Hessed (la bienveillance) et le lin la Guevoura (la sévérité, la retenue). C’est pourquoi la Torah a interdit leur union. Ce n’est que lorsqu’elles sont unies dans la réalisation ultime de leur dessein: servir leur Créateur, que ces forces convergent harmonieusement plutôt que de façon conflictuelle.
Une troisième catégorie, qui se place entre les deux précédentes, est le mélange, par la cuisson, du lait et de la viande. Ici, l’effacement de la distinction n’est pas si absolu que dans le cas du croisement, où la quintessence des deux espèces (c'est-à-dire leur force de reproduction) a été effacée : seules les propriétés physiques (le goût, l’arôme, la couleur etc.) de la viande et du lait sont mêlées mais leurs substances essentielles restent inaffectées. C’est pourquoi la Torah doit spécifiquement indiquer qu’il n’en est rien, la cuisson de lait et de viande est une violation plus sévère des frontières de la création que le Chaatnez.

Une vue future
Citant des sources de la Cabbale, Rabbénou Bé’hayé (Rabbi Bé’hayé ben Acher 1265?-1340?) écrit qu’à l’époque de Machia’h, l’interdiction du mélange du lait et de la viande sera abolie.
Le monde de Machia’h est un monde dans lequel “ton Maître ne sera plus enveloppé de mystère; tes yeux verront ton Maître”, un monde dans lequel la matérialité de notre existence ne renfermera plus et ne cachera plus l’Essence divine de la réalité.
La combinaison du lait et de la viande sera permise parce que deux changements auront lieu. Tout d’abord, la vie ne consistera plus en domaines “profane” et “saint”. Dans un monde imprégné de l’immanence et de la conscience de D.ieu, tous nos actes et nos accomplissements seront des actions saintes, des actions en harmonie parfaite avec la raison d’être de chaque création.
D’autre part, notre perception de la réalité sera plus profonde et plus vraie qu’elle ne l’est aujourd’hui. Dans la réalité superficielle que nous habitons aujourd’hui, le lait et la viande cuits ensemble sont devenus virtuellement un seul aliment; nous n’avons pas accès aux différentes forces combinées ensemble. C’est donc Kilayim, une destruction des frontières naturelles. Mais à la lumière de leur quintessence, la viande et le lait restent deux entités, aussi complètement qu’ait pu être effectué le mélange ; en fin de compte, ils ressemblent à la combinaison du lin et de la laine du Chaatnez, plutôt qu’à la réalité hybride des Kilayim des animaux et de végétaux croisés. Dans la réalité de Machia’h, une telle combinaison ne compromettra pas l’unicité de chaque élément. En réalité, lorsque l’essence spirituelle de chaque chose sera réelle et tangible, la viande et le lait représenteront un véhicule de véritable harmonie dans lequel les éléments variés de la création de D.ieu s’unissent pour Le servir.
Le Coin de la Halacha
Qui allume les bougies de Chabbat ?

Depuis 1974, le Rabbi de Loubavitch a demandé que les jeunes filles et même les petites filles allument leur propre bougie de Chabbat, avant leur mère (afin que celle-ci puisse les guider et les aider) avec la bénédiction :
«Barou’h Ata Ado-naï Elo-hénou Mélè’h Haolam Achère Kidéchanou Bémitsvotav Vetsivanou Lehadlik Ner Chel Chabbat Kodech».
Béni sois-Tu, Eternel notre D.ieu, Qui nous as sanctifiés par Ses commandements et nous as ordonné d’allumer les bougies du saint Chabbat.
Cette campagne mondiale reçut le nom de «Mivtsa Néchek» («Nérot Chabbat Kodech») car elle constitue l’arme («Néchek») spirituelle des femmes et filles juives. (Après son mariage, la jeune femme allumera deux bougies).
Voici ce que dit le Rabbi le 10 Chevat 1984 au sujet de l’allumage par la fillette et la jeune fille : «Même si son père est un Juste parfait et sa mère une Juste parfaite, si la petite fille se demande : ‘Que puis-je ajouter aux bonnes actions de mes parents ?’, on lui expliquera que chaque bonne action que la petite fille effectuera dans le domaine de la Torah et des bonnes actions rajoute de la lumière dans le monde entier et peut (selon la loi tranchée par Maïmonide) : ‘Faire pencher la balance pour le monde entier du côté du mérite et amener la délivrance !’ »
Rabbi Chnéour Zalman (Choul’hane Arou’h Harav – Ora’h Haïm 263 – 1) écrit : «Plus il y aura, Chabbat, de lumière dans la maison, plus la paix et la joie régneront dans tous les coins» et donc dans le monde entier.
Le regretté Rav Moché Feinstein (Iguerot Moché – 1976) écrivait : «Cette loi (selon laquelle chaque fillette doit allumer sa bougie de Chabbat) était déjà largement répandue dans de nombreuses communautés. Si le Rabbi de Loubavitch insiste pour la répandre dans tout le peuple juif, c’est certainement un moyen de ramener davantage de personnes à la pratique du Chabbat et de tous les commandements de la Torah…»
Rav Yéhouda Segal (de Tel-Aviv) ajoute : « Grâce à cela, on ajoute lumière et plaisir dans le Chabbat et la petite fille s’habitue à ce qui sera sa mission quand, le moment venu, elle se mariera et conduira sa propre maison. Elle sera bénie par des bénédictions spéciales et elle contribuera à l’honneur du Chabbat… Que chaque petite fille ressente qu’elle doit se préparer pour le Chabbat durant la journée de vendredi et que, par l’allumage de sa bougie, elle accepte la sainteté de ce jour selon toutes ses lois ».
Le regretté Rabbi Israël Abouhatsira (Baba Salé) s’attacha également avec enthousiasme à propager cette «ancienne» tradition remise à l’ordre du jour : «Je supplie chacun d’éduquer ses filles, dès leur plus jeune âge, à allumer leur bougie chaque veille de Chabbat. Cette Mitsva ‘protégera le peuple saint et la terre sainte’ ».
F. L. (d’après Rav Mordechaï Menaché Laufer) H.N.
De Recit de la Semaine
Une autre forme de charité

Je suis issu d’une famille de douze enfants. Mon père travaille dans l’industrie du diamant à Londres. Une fois par an, mon père emmenait l’un d’entre nous à New York pour y rencontrer le Rabbi. A l’âge de huit ans, ce fut mon tour.
Nous devions entrer en Ye’hidout, audience privée, à deux heures du matin. A cette heure-là, à mon âge, je pouvais devenir assez insupportable : «Je t’en supplie, expliqua mon père, cela ne prendra qu’une minute : essaie de bien te comporter au moins cette fois-ci!» J’acceptai de fournir un effort pour cette minute.
Quand nous sommes entrés, le Rabbi s’est mis à parler avec mon père en yiddish, une langue que nous ne parlions pas à la maison et que je ne connaissais pas. Une minute passa, deux, trois, cinq et je m’impatientais.
Je ne pouvais décemment pas demander à mon père : « Papa ! Dépêche-toi ! Cela suffit ! » Je commençai par lâcher sa main : il n’allait tout de même pas courir après moi devant le Rabbi !
J’observai attentivement le bureau du Rabbi à la recherche du coffre à jouets : certainement de nombreux enfants entraient ici et il devait y avoir des jouets quelque part.
Au bout de la pièce, il y avait une armoire : j’ouvris le tiroir du bas, à la recherche de jouets : il n’y avait que des papiers. J’ouvris le second tiroir, encore des papiers. Je ne parvenais pas à attraper le troisième tiroir alors je refermais avec fracas le second et montai sur le tas de papiers du premier tiroir pour ouvrir le troisième : quelle déception ! Encore des papiers. Dégoûté, je n’essayai pas de monter plus haut pour ouvrir le quatrième…
Je continuai mon inspection, rien que des livres. Vous pouvez imaginer ce qui se passait dans la tête de mon père, tentant de se concentrer sur ce que lui disait le Rabbi tout en se lamentant sans doute sur la honte que lui causait son fils, courant, sautant et semant la panique dans les papiers du Rabbi.
Donc rien d’intéressant dans le bureau du Rabbi mais à l’extérieur, il y avait des travaux. Qui dit travaux dit tracteurs, excavations, maçons, bruit, que sais-je.
Alors j’ouvris les volets et j’étais sur le point d’ouvrir la fenêtre quand le Rabbi m’appela par mon prénom : «Chimone!» Je m’empressai de refermer le volet, de remettre les tiroirs en place et je m’approchai de son bureau : «Oui Rabbi!»
Le Rabbi tenait un dollar dans sa main et il demanda à mon père : «Parle-t-il le yiddish?» Mon père répondit que je comprenais l’anglais.
Tout en tenant le dollar, le Rabbi me demanda : «Sais-tu ce que c’est?»
Je répondis que c’était la Tsedaka. Il sourit et demanda : «Et qu’est-ce que la Tsedaka ?» Je répondis «charité». Il sourit et demanda : «Et qu’est-ce que la charité ?» Je répondis : «La Tsedaka!» Cet échange se répéta plusieurs fois.
Il m’avait posé une question, j’avais répondu : j’estimai que j’avais droit à un bonbon !
Le Rabbi me regarda droit dans les yeux et expliqua : «Il existe deux sortes de charité : celle qu’on effectue avec l’argent et celle qu’on effectue avec son corps, en s’occupant des autres et en partageant avec eux. Je veux que tu saches que parfois partager avec les autres et s’occuper de ce qui leur manque peut être plus efficace que donner de l’argent à la Tsedaka!» Et le Rabbi me tendit ce dollar.
Normalement quand vous vous rendez chez un grand-père, il essaie de vous raconter des histoires pour capter votre attention. Là, la seule chose que le Rabbi trouva à dire à un enfant de huit ans était de partager et de s’occuper des autres.
Bien entendu, mon père m’a rappelé cette histoire de nombreuses fois par la suite et je répondis que j’en avais appris personnellement deux enseignements : d’abord que je ne serais sans doute jamais un très bon ramasseur de fonds mais surtout que je savais que je voulais devenir un Chalia’h, un émissaire du Rabbi pour m’occuper des autres. Telle serait ma mission dans la vie.
Et je décidai de me rendre dans un endroit où il n’y avait aucune infrastructure juive : je voulais tout construire depuis le début.

Rav Shimon Freundlich, émissaire du Rabbi à Beijing, Chine
www.chabad.org
traduit par Feiga Lubecki