Par dessus !
Cette semaine commence un nouveau mois : Iyar. Après les solennités de Nissan, celui-ci pourrait paraître bien terne : pas de jour de fête dans un horizon proche malgré le jour de Lag Baomer, sorte de pause bienvenue dans un long déroulé du temps. Et pourtant, voici qu’il s’ouvre sur une date significative : le 2 Iyar, anniversaire de la naissance en 1834 de Rabbi Chmouel Shneerson, le quatrième Rabbi de Loubavitch. La question est éternelle : y a-t-il véritablement un sens au fait de souligner, d’année en année, de tels événements ? Bien sûr, d’emblée on répondra positivement. Ce qui concerne la vie de nos sages au fil des siècles est toujours d’importance. Cependant, plus particulièrement pour le 2 Iyar, il faut aller plus loin. C’est que Rabbi Chmouel nous a laissé en héritage une de ces phrases phare qui forment vision du monde et chemin de vie.
La formule est connue : « Le monde dit que, quand on ne peut pas passer par dessous (un obstacle), on passe par dessus. Quant à moi, je dis qu’a priori il faut passer par dessus ! » La phrase porte loin. Chacun, dans sa vie quotidienne, rencontre des difficultés de diverses sortes, internes ou externes. Chacun rencontre les contraintes que toute société produit, par la loi ou les usages. Chacun est conscient de sa force d’âme ainsi que de ses faiblesses et de ses renoncements. Cependant, l’homme libre sait ce qu’il doit accomplir. Il sait tout à la fois ce qu’est la recherche du Bien et la nécessité des actions qui y mènent dans le respect de tous. Mais, précisément parce qu’il est libre, il peut aussi choisir le chemin plus facile du conformisme. Il peut décider de ressembler à la majorité afin de plaire au plus grand nombre. Il peut ainsi vouloir « passer par dessous » tout en se disant que, s’il n’y parvient pas, il tentera l’escalade du « par dessus ». Rabbi Chmouel vient ici nous dire que cette seconde option doit devenir la première et peut-être l’unique. Car l’homme n’est jamais si grand et il ne parvient jamais si haut que lorsqu’il se dépasse.
Aller au-delà de soi, trouver en soi les ressources de l’élévation et l’entreprendre : c’est le sens du 2 Iyar. La côte semble bien rude mais, de l’autre côté de la colline, le monde est toujours plus beau. A nous de le découvrir.
La soumission aux nations
Le Talmud (Bra’hot 34b) enseigne : « Il n’y a aucune différence entre l’époque actuelle et le temps de Machia’h sauf (notre émancipation) de la soumission aux nations ».
Le Baal Chem Tov donne une explication plus profonde de cette phrase : celui qui ne croit pas que la Providence Divine pénètre chaque aspect du monde est asservi par l’impureté qui dissimule la réalité de la création. C’est le sens de la « soumission aux nations ». Mais, au temps de Machia’h, l’esprit d’impureté sera chassé de la terre. Alors la Providence Divine deviendra manifeste et chacun verra que tout provient de D.ieu.
(d’après Keter Chem Tov, sec. 607)
Kedochim
La Paracha Kedochim commence par le statut : « Vous serez saints car Moi, l’Éternel votre D.ieu, Je suis saint ». S’ensuivent des douzaines de Mitsvot (commandements divins) par l’intermédiaire desquels le Juif se sanctifie et se lie à la sainteté de D.ieu.
Elles comprennent : l’interdiction d’idolâtrie, la Mitsva de la charité, le principe d’égalité devant la loi, le Chabbat, la moralité, l’honnêteté dans les affaires, l’honneur et la crainte de ses parents et le respect de la valeur sacrée de la vie.
On peut également lire dans cette Paracha la célèbre sentence, qualifiée par le grand Sage, Rabbi Akiva, de principe cardinal de la Torah, et dont Hillel disait : « Voilà toute la Torah, tout le reste n’est que commentaire », « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».
Les choses que tu vois
« Ne reste pas impassible devant le sang de ton prochain. » (Vayikra 19 :16)
« Ne reste pas impassible devant le sang de ton prochain pour le voir mourir et tu peux le sauver ; par exemple s’il se noie dans une rivière ou qu’une bête ou des voleurs s’approchent de lui. » (Rachi, ad loc.)
L’une des pierres angulaires des enseignements de Rabbi Israël Baal Chem Tov, le fondateur du mouvement ‘hassidique, est la doctrine de la Hachga’ha Pratit, « la Providence Divine particulière ». La Providence particulière signifie que non seulement D.ieu surveille et détermine tout ce qui se produit dans le monde, mais qu’également chaque détail et chaque aspect de chaque événement exprime un projet divin. Si une feuille est arrachée de sa branche par un vent qui souffle dans une forêt distante, nous enseigne le Baal Chem Tov, et est ballotée, d’une manière spécifique, avant de venir se poser dans un lieu précis, c’est que cela a été ordonné par D.ieu et que cela répond à un but bien défini.
Le Baal Chem Tov déclare également que « de tout ce qu’une personne entend ou voit, elle devrait en tirer une leçon à appliquer dans son service divin. »
Ces deux enseignements sont très liés et, de fait, le second dérive du premier. Si quelque chose se passe et que vous en soyez le témoin ou que vous en entendiez parler, alors, les deux circonstances, l’événement lui-même et le fait que vous en ayez eu connaissance, émanent de la Providence divine. L’événement aurait pu se produire sans que vous le sachiez. Mais puisque vous en avez été informé, cela même est significatif. Cela doit vous inciter à comprendre quelque chose ou à faire quelque chose. Sinon, votre prise de conscience n’aurait aucune raison d’être.
C’est ici que réside le sens profond du passage relevé par Rachi qui explique le sens du verset : « Ne reste pas impassible devant le sang de ton prochain » en ajoutant les mots « pour le voir mourir et tu peux le sauver ». Mais les termes : « et tu peux le sauver » ressemblent davantage à l’affirmation d’un fait qu’à une hypothèse. Pour la clarté du propos, il aurait été préférable que Rachi écrive : « si tu peux le sauver » ou bien « alors que tu peux le sauver ». Mais en réalité, le fait-même d’être le témoin de la situation délicate de son prochain doit nous indiquer que nous sommes capables de lui venir en aide. Rachi veut donc dire : « ne te hâte pas de conclure qu’il n’y a rien que tu puisses faire face à la détresse de ton frère. Car si cela avait réellement été le cas, dans quel but D.ieu aurait-Il fait en sorte que tu en sois le spectateur ? »
La dimension spirituelle
Aujourd’hui, nous sommes douloureusement conscients que bon nombre de nos frères et de nos sœurs sont menacés d’extinction spirituelle, à D.ieu ne plaise ! Nous les voyons sombrer dans l’assimilation, nous les voyons dévorés par une société qui a perdu son D.ieu et ses ancrages moraux.
Cette prise de conscience implique un devoir et une responsabilité : « Ne reste pas impassible devant le sang de ton prochain » s’applique aux dangers spirituels au même titre qu’aux menaces physiques. Elle porte aussi la garantie divine : le fait-même que tu aies pu avoir l’occasion de connaître la souffrance de ton prochain signifie que tu es capable de faire quelque chose pour lui.
La fausseté de la colère
« Ne hais pas ton frère dans ton cœur… Ne te venge pas, ne garde pas rancune… (Vayikra 19 :17-18)
« Ne hais pas ton frère dans ton cœur » commande la Torah. Mais qu’en est-il si votre frère le mérite ? Comment agir si quelqu’un vous a réellement causé du tort ? Votre colère et votre animosité à l’égard de cette personne ne sont-elles pas justifiées ?
Un D.ieu
La base-même de la foi est la croyance en Un D.ieu.
Considérer le spectacle du monde comme un champ de bataille entre un dieu du bien et un dieu, tout aussi puissant, du mal est de toute évidence contraire à cette croyance.
Croire en un dieu extrêmement puissant qui triomphe (presque) toujours sur un satan plus faible, signifie pareillement se détourner du principe d’une déité une et unique.
Dire qu’il y a un dieu qui est éternel et tout-puissant mais qu’il existe également un caillou dans l’univers qui possède une existence indépendante de ce dieu équivaut à croire en deux dieux. Il est vrai que ce dieu hypothétique peut créer et soutenir d’innombrables univers, alors que le caillou ne peut faire qu’une seule chose : exister. Cependant, ils sont tous deux des dieux dans le sens où chacun a l’aptitude de faire quelque chose, une force autonome.
« Un D.ieu » signifie qu’il n’y a qu’une et unique force déterminante dans l’existence.
Aussi, la Torah statue-t-elle sans équivoque : « Il n’y a rien en dehors de Lui. » Rien d’autre. Les forces sans nombre et les entités que nous identifions comme constituant notre univers n’existent pas « en dehors de Lui. » Elles sont complètement dépendantes de leur Créateur Qui, dans chaque fraction de temps, garantit leur être et leur vie.
Un choix et non une cause
Ainsi si quelqu’un agit mal à votre égard et que vous le méprisez pour cela, vous lui donnez bien trop d’importance. En fait, vous êtes en train de dire qu’il est un dieu et que c’est parce qu’il a choisi de vous faire du mal que vous avez été atteint. Mais un Juif croit qu’il n’y a qu’un D.ieu, un D.ieu responsable de tout ce qui arrive dans l’univers. Ainsi c’est D.ieu Qui a décidé que, pour quelque raison que ce soit, vous alliez souffrir d’une perte ou d’une humiliation infligée par cette personne.
Cet homme est responsable devant D.ieu, et devant vous, pour le mal qu’il a choisi de faire. Le choix de vous faire du mal était entièrement sien, car D.ieu a accordé à tout un chacun la liberté de choisir entre le bien et le mal. Mais ne pensez pas que si cette personne-là ne l’avait pas décidé, vous auriez été épargné de ce qui vous est arrivé.
En d’autres termes, votre colère à l’égard de l’instrument humain de la Volonté de D.ieu est simplement mal orientée. Selon les paroles de nos Sages : « Celui qui se met en colère est comparable à celui qui a servi un dieu étranger. »
Il est interdit de porter quoi que ce soit dans le domaine public Chabbat.
Quelques exemples :
1) Il est interdit de porter quoi que ce soit dehors pendant Chabbat, que ce soit dans la main, dans la bouche, sur l’épaule, autour du cou ou du bras ou encore dans les poches ou dans les chaussures. Il est aussi interdit de jeter un objet à l’extérieur.
2) On portera les vêtements sur soi de façon habituelle : par exemple la cravate autour du cou mais pas dans la main. Il est permis de porter sur soi des vêtements dont on n’a pas besoin - par exemple deux chemises l’une sur l’autre ou un manteau en plein été.
3) Cependant, on ne portera pas deux chapeaux l’un sur l’autre car le vent peut faire s’envoler le deuxième chapeau qui n’est pas solidement arrimé à la tête - ce qui causerait le porteur à courir le chercher et le porter à la main.
4) On ne portera pas deux ceintures l’une sur l’autre - à moins d’en mettre une sur le sous-vêtement et la deuxième sur le vêtement extérieur.
5) Il est permis de porter une serviette en collier (comme s’il s’agissait d’un foulard) ou en ceinture si on prévoit de se rendre au Mikvé (bain rituel).
6) Il est permis de porter tout objet cousu sur le vêtement : ornement, étiquette, poche (vide), boucle, boutons ou capuche.
A suivre...
(d’après Hil’hot Chabbat - Blau-Kaplan - Panassaim)
Le cinquième dollar
Il y a quelques mois, j’ai été invité au mariage du fils d’un de mes amis. J’ai été très surpris en apercevant les parents de la jeune mariée qui auraient facilement pu être ses grands-parents - surtout son père qui avait largement dépassé les 97 ans… La jeune fille avait 32 ans - ce qui signifiait qu’à sa naissance, il avait 65 ans. Et voici donc l’histoire de son père, Moché (qui n’a pas accepté qu’on publie son nom de famille) :
« Je me suis marié avec Avigaïl il y a 65 ans. Elle a douze ans de moins que moi. Elle est formidable et nous avons vécu en parfaite entente. J’apprécie surtout sa joie de vivre et son entrain. Nous avons eu 5 garçons, D.ieu bénisse. Certaines personnes plaisantaient en disant qu’avec encore 2 garçons, nous étions assurés d’avoir une place au Gan Eden. Moi, personnellement, je préférais gagner cette place avec la bénédiction assurée, dit-on, à celui qui voit la 5ème génération de ses descendants. (Nous n’avons trouvé aucune référence à ces deux affirmations dans les écrits de nos Sages, rassurez-vous !). De toute manière, je préférerai n’entrer au Gan Eden que bien après 120 ans…
Pas facile d’élever 5 garçons et Avigaïl ne cachait pas qu’elle aurait bien aimé mettre au monde une fille mais nous étions heureux de ce que D.ieu nous avait donné jusque-là.
Notre fils Ben Tsion était un merveilleux garçon, blond, rieur, idéaliste… En 1984, lors de son service militaire, il s’est porté volontaire pour une mission secrète au Liban et a été tué par des terroristes.
Notre peine était immense, nous n’arrivions pas à nous en remettre, notre vie était brisée. Surtout Avigaïl. Elle qui était la joie de vivre incarnée sombra dans une tristesse infinie. D’autres parents dans la même situation réussissent à surmonter leur chagrin et même à s’engager dans de nouvelles initiatives en souvenir de leurs enfants tombés au combat mais nous n’y parvenions pas.
En 1988, alors qu’un de nos fils s’était rapproché du mouvement Loubavitch (il paraît que cela arrive dans les meilleures familles, n’est-ce pas !!!), mes affaires m’ont amené à me rendre à New York. Ma femme décida de m’accompagner et c’est ainsi que nous avons pu passer devant le Rabbi (quelques mois après le décès de son épouse, la regrettée Rabbanit ‘Haya Mouchka), dans sa maison sur President Street. Avigaïl a exposé au Rabbi combien elle était déprimée depuis ce qu’il nous était arrivé ; le Rabbi l’a bénie, lui a tendu 4 dollars pour nos quatre fils. Elle s’apprêtait à repartir quand, à la surprise générale, le Rabbi la rappela et lui tendit un 5ème dollar : « Pour la fille ! ».
Nous étions… disons… plutôt étonnés ! Nous n’avions pas de fille ! Notre dernier « bébé » avait plus de vingt ans, j’avais déjà 63 ans et mon épouse 51. Incapables de comprendre ce qui nous arrivait, nous avons demandé au secrétaire, le regretté Rav Leibl Groner ce que cela signifiait et ce qu’il convenait de faire avec ce dollar supplémentaire. Il réfléchit puis nous conseilla de le remettre à notre belle-fille puisqu’après tout, une belle-fille peut être considérée comme une fille ! Bien entendu, c’est ce que nous avons fait dès notre retour en Israël et notre belle-fille en fut ravie. (Nous avions écrit sur ce billet que ce dollar nous avait été donné par le Rabbi « pour notre fille »).
J’avoue à ma grande honte, que cette visite chez le Rabbi nous laissa un goût amer. On nous avait prévenus que le Rabbi ne se trompe jamais mais, dans notre cas, c’était peut-être l’exception qui confirmait la règle…
La situation n’avait guère changé, ma femme était toujours aussi triste et n’avait goût à rien. Comme l’affirmait déjà la Torah depuis longtemps, le corps ressent la souffrance de l’âme et mon épouse commença à en souffrir physiquement. Les médecins mirent cela sur le compte du stress, de l’âge, de la faiblesse générale. En 1989, n’en pouvant plus, elle se rendit chez un gynécologue pour ses douleurs abdominales : il ne diagnostiqua rien d’anormal - ce qui nous inquiéta encore davantage. Par acquis de conscience, il décida de procéder à un dernier examen (on ne sait jamais) et de pratiquer un test de grossesse. Elle pensait qu’il se moquait d’elle qui avait déjà 53 ans… Mais le test s’avéra positif !
Je vous épargne notre stupéfaction et je me bornerai à remarquer qu’en un instant, notre joie de vivre était revenue ! Bien sûr, la douleur n’a pas disparu et subsistera jusqu’à la venue du Machia’h et la résurrection des êtres qui nous sont chers. Mais, d’un coup, tout notre intérêt se portait sur l’enfant qui allait naître et qui serait certainement une fille - comme le Rabbi l’avait laissé entendre ! Bêtement, nous n’avions pas compris que le Rabbi nous avait, de fait, bénis bien au-delà de nos espoirs les plus fous !
La grossesse ne se passa pas facilement. L’un après l’autre, les différents médecins consultés prévoyaient qu’elle n’irait pas à son terme. Nous sommes retournés chez le Rabbi pour lui annoncer la nouvelle, le remercier et lui demander comment agir par rapport à tous ces pronostics pessimistes. Il répondit : « Il vaut mieux aller dans la galerie des femmes (à la synagogue) et réciter des Tehilim (Psaumes) plutôt que de perdre son temps chez les médecins ! ». Et il nous remit un dollar supplémentaire pour « la naissance en son temps et facilement ».
Voilà ! Nous avions été largement remboursés des frais du voyage ! A partir de ce jour, Avigaïl passa chaque instant de libre à la synagogue pour réciter des Tehilim, même à notre retour en Israël dans la petite synagogue à côté de chez nous. Elle ne consulta plus aucun médecin et la naissance se déroula parfaitement !
Quand notre belle-fille vint lui rendre visite à la maternité, Avigaïl lui demanda gentiment de remettre le fameux dollar à son véritable récipiendaire, sa petite belle-sœur âgée de seulement deux jours - ce qu’elle fit avec plaisir !
Notre joie n’avait plus de limites, nous avons acheté une nouvelle poussette et nous avons promené fièrement notre fille dans le quartier, comme n’importe quel jeune couple. Nous l’avons nommée Sim’ha (la joie) car c’est vraiment la Sim’ha qui était réapparue dans notre famille !
Et, comme écrit plus haut, Moché et Avigaïl ont eu la joie, il y a quelques mois, d’amener Sim’ha sous le dais nuptial ! La boucle est bouclée !
Arié Samit – Kfar Chabad N° 1955
Traduit par Feiga Lubecki