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Samedi, 24 juin 2017

  • Kora’h
Editorial

 Gan Israël : quand les « jardins » ouvrent

Il y a comme un air de joie qui court dans les rues ces temps-ci. C’est même parfois si sensible qu’on en vient à s’interroger : l’époque y est-elle si propice, y a-t-il des événements porteurs de tant d’enthousiasme que l’on aurait, par mégarde, manqués ? Certes, nous venons de vivre, il n’y a encore pas si longtemps, la fête de Chavouot et sans doute cela est-il un véritable motif de joie intense et profonde. On l’a abondamment dit : recevoir la Torah est toujours une expérience à la fois essentielle et bouleversante. Cependant, la joie qui transpire à présent semble comme plus intime que toutes les autres, comme s’il s’agissait d’un motif quasi familial. Alors, il faut le dire : c’est bien de cela qu’il s’agit ! Nous sommes déjà sur le deuxième versant du mois de juin et, dans moins de deux semaines, commenceront les Gan Israël. Gan Israël, c’est un titre naturel pour une entreprise extraordinaire. Des centres aérés ouverts à tous, où l’enfant, pendant les vacances, dès le début du mois de juillet, peut vivre le bonheur en son plein sens – de tels centres pouvaient-ils se nommer autrement que « Jardin d’Israël » ?

Qu’est-ce donc qu’un jardin ? En ces périodes où les fleurs écloses rendent le monde plus beau, la réponse est concrètement visible par chacun. Le jardin n’est pas un endroit utilitaire, il n’est pas fait pour produire, par exemple, des céréales, bases de la vie. Il permet, en revanche, de créer un espace de pur délice, de plaisir serein. Il est, en quelque sorte, ce lieu qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue. Le « Jardin d’Israël – Gan Israël » exprime cette idée de la manière la plus grande et la plus fidèle. Comme des fleurs aux mille couleurs, les enfants y trouvent l’endroit de l’harmonie et de la croissance, de la chaleur et du développement. Ils sont ce que nous avons de meilleur et, vivant dans un tel jardin, ils manifestent qu’ils portent en eux encore bien plus et bien mieux que tout ce que nous avions pu rêver.

C’est pour cela qu’un air d’allégresse flotte aujourd’hui dans les rues des villes, partout dans le monde. C’est une douce musique que celle du bonheur de donner et de recevoir, celle de l’étude et de l’amour. Elle enchante les cœurs et entraîne les âmes. Elle donne au monde entier un visage nouveau qu’il importe de savoir découvrir. Quand les enfants sont heureux, tous les hommes le sont. Il faut le dire : les Gan Israël vont, sous peu, ouvrir leurs portes. Il faut les partager, inviter ceux qui ne les connaissent pas encore. C’est un bonheur infini, plus on le donne à autrui, plus il y en a pour tous. Des phrases de Torah pleines de vie dans la bouche d’enfants heureux, c’est un avant-goût du temps prochain de la Délivrance.

Etincelles de Machiah

 Une double lumière

Lorsqu’il est question de la nouvelle ère que Machia’h introduira, il est souvent fait référence à l’intense “lumière” Divine qui brillera alors sur le monde. Cette notion de “lumière” doit, bien entendu, être comprise dans son sens spirituel : elle désigne la révélation de D.ieu.

A ce sujet, il est enseigné que ce véritable dévoilement peut prendre deux formes. Il peut venir “d’en-Haut”, c’est-à-dire sans que le monde change fondamentalement. Dans un tel cas, la “lumière” est infinie car elle ne tient pas compte des limites de la création.

En revanche, elle peut aussi apparaître après l’élévation du monde qui parvient au niveau de cette révélation. Dans ce sens, la “lumière” en question, révélée à la mesure du monde, peut le pénétrer plus profondément. Il en ressort que chacune de ces deux formes de révélation possède sa qualité propre. Aussi est-il précisé que, lorsque le Machia’h viendra, elles seront réunies : la lumière divine apparaîtra révélée dans un monde à la mesure de l’Infini.

(D’après Likouteï Torah, Parchat Rééh 26a) 

Vivre avec la Paracha

 Kora’h

Kora’h, briguant pour lui-même la Prêtrise et le poste de dirigeant, confiés par D.ieu à Aharon et Moché, est l’instigateur d’une révolte. D.ieu donne la preuve visible aux yeux de tous de la justesse de Son choix.

D.ieu ordonne qu’une Teroumah (« prélèvement ») de chaque récolte de blé, de vin et d’huile, ainsi que chaque premier-né ovin ou bovin, ainsi que d’autres présents spécifiques, soient remis aux Cohanim (les Prêtres).

 

Diriger est une question cruciale dans la société contemporaine. Dans tous les domaines de la vie, que ce soit les affaires, la politique ou les relations sociales, nous recherchons des dirigeants qui soient visionnaires, qui puissent insuffler leur énergie dans un projet et qui y œuvrent.

C’est presque trop simple à dire, mais l’aspect le plus important dans le fait d’être un dirigeant est l’aptitude à faire des adeptes. Un homme peut être intelligent, actif et plein de qualités humaines mais s’il ne peut atteindre les autres ni les attirer, il ne pourra être un leader efficace.

Mais comment parvenir à cette adhésion ?

L’approche la plus fréquente consiste à faire appel au plus bas dénominateur commun.

Nous avons tous des désirs fondamentaux : l’argent, la satisfaction matérielle, l’honneur. Certains dirigeants « en herbe » jouent avec ces besoins, promettant, ou laissant entendre, que les élire leur permettra de les combler.

Mais de temps à autre, dans l’Histoire, nous rencontrons des dirigeants d’une nature tout autre. Ils font appel au dénominateur commun le plus élevé, enseignant à leur peuple à se concentrer sur les valeurs et les principes qui transcendent leur propre personne.

Leur message passe : en partie, parce que leur extraordinaire intégrité personnelle les fait prôner les valeurs qui sont les leurs, dans leur vie personnelle, mais aussi parce que la vérité de ce que nous sommes n’est pas représentée par nos désirs « mesquins » mais par notre âme qui est une véritable partie de D.ieu. Quand un dirigeant est capable d’exprimer son potentiel divin profond, il inspire les membres de son peuple à exprimer le leur.

Tel est le contexte dans lequel se déroula la révolte de Kora’h contre Moché, le sujet de la Paracha de cette semaine. Kora’h vint trouver Moché avec une protestation sincère : « Toute l’assemblée est sainte et D.ieu réside parmi eux. Pourquoi t’ériges-tu au-dessus de l’assemblée de D.ieu ? ». En chaque Juif repose une étincelle de D.ieu, une véritable parcelle de Son infinité. A partir de là, comment un individu peut-il prétendre les dominer ? Le potentiel divin que nous possédons tous est un facteur qui nous rend fondamentalement égaux. Une fois qu’il est admis que chaque Juif possède un tel potentiel, il ne semble pas y avoir de place pour la hiérarchie. Pourquoi donc, demanda Kora’h, Moché devrait-il représenter l’autorité suprême et Aharon agir en tant que Grand Prêtre ?

Pour répondre à ces questions, l’on peut expliquer qu’il y a une différence entre le fait de posséder un potentiel et celui de l’exprimer. Bien sûr, chaque Juif possède un potentiel divin mais il est également habité par des tendances naturelles et des attirances qui détournent son attention et le distraient, l’empêchant de se centrer sur ce don divin. Certes, nous sommes tous intrinsèquement saints. Mais nous avons également d’autres penchants innés et naturels. Le but d’un véritable dirigeant juif est de motiver son peuple à intensifier l’expression de la Divinité inhérente à chacun.

Tel était le rôle unique de Moché. Il était capable d’intégrer son potentiel divin à l’ensemble de ses qualités humaines. C’est la raison pour laquelle tous ceux qui le côtoyaient réalisaient qu’ils étaient en contact avec un saint homme et ils cherchaient alors à exprimer, eux-aussi, leur potentiel divin personnel.

Le processus se déroule en deux étapes. Au niveau de notre conscience, quand nous rencontrons un homme qui est comblé et satisfait, qui ne court pas après les satisfactions matérielles et qui pourtant se sent accompli, a atteint son but et n’est plus en quête, quand donc nous rencontrons un tel individu, naît en nous un sentiment de saine envie.

Nous sommes prêts à accepter son autorité et ses directives parce que nous sentons qu’il va nous permettre de mener une vie plus pleine et plus complète.

Mais au-delà de cela, un processus spirituel est en marche, un processus qui opère à un niveau plus profond que la pensée consciente. Entrer en contact avec une personne qui a réalisé son potentiel spirituel nous inspire à développer le nôtre. Comme une bougie incandescente qui allume tous les autres combustibles, au contact de la lumière du potentiel divin d’une personne, s’élève naturellement la Divinité présente chez tous ceux qui l’approchent.

Telle était la nature de la direction de Moché. Il n’était en rien animé d’un désir d’autosatisfaction. Il ne poursuivait aucune satisfaction matérielle et ne cherchait pas même à combler ses aspirations spirituelles. Il n’était concerné que par son peuple : par ce qui leur était bénéfique et par la manière dont ils pourraient, au mieux se réaliser.

Kora’h argumenta : « Toute l’assemblée est sainte et D.ieu réside parmi eux ». Mais c’est précisément pour cette raison qu’il était nécessaire que ce soit Moché qui endosse le rôle du dirigeant qui les encouragerait à exprimer la Divinité qu’ils possédaient.

Il ne s’agit pas seulement d’un récit du passé. Le Zohar, œuvre fondamentale de la mystique juive, parle de « l’extension de Moché dans chaque génération », expliquant que, de tous temps, il y a des Juifs qui remplissent la fonction de Moché et inspirent leurs frères à aller puiser leur potentiel spirituel inhérent. En développant une relation avec de tels « Moché », nous pouvons nous élever au-dessus de notre enveloppe superficielle et permettre à la Divinité qui est en nous de faire surface.

Perspectives

Le défi que lança Kora’h à Moché demande que l’on s’interroge sur la conception juive de l’autorité, en général. L’une des Mitsvot demande que l’on désigne un roi et chaque fois que nous récitons les Actions de Grâce, après avoir mangé, nous prions pour la restauration de la monarchie de la Maison de David. Certes, cela sera la fonction de Machia’h, qui sera un Maître mais essentiellement un roi, un guide absolu.

Parmi les explications de ce concept, l’une souligne que la monarchie terrestre est issue de notre relation avec le Roi des rois, dont elle est une extension et une analogie. Le but de la monarchie juive est d’enseigner au peuple la soumission devant le roi pour intensifier la soumission totale devant D.ieu. Faire abstraction de soi devant un roi mortel doit faire pénétrer le kabalat ol, « l’acceptation du joug divin », dans chaque dimension de notre service divin et approfondir l’intensité de notre engagement, jusqu’à ce que cela affecte notre essence elle-même.

Le Coin de la Halacha

 Coutumes liées au jour de la Hilloula du Rabbi 3 Tamouz 

(cette année mardi 27 juin 2017).

Le Rabbi avait fixé un certain nombre de coutumes à respecter à l’occasion de la Hilloula du Rabbi précédent. Ce sont ces mêmes coutumes qui ont été reprises pour le 3 Tamouz. En voici quelques-unes :

  • On allumera une bougie de vingt-quatre heures depuis lundi soir 26 juin.
  • Pendant chacune des trois prières du jour, on allumera cinq bougies devant l’officiant.
  • Le matin, on donnera de la Tsedaka (charité), au nom de chacun des membres de sa famille, pour une institution du Rabbi.
  • On consacrera un moment dans la journée pour parler du Rabbi et de sa grande Ahavat Israël (amour du prochain) à sa famille et son entourage.
  • On étudiera les chapitres de Michnayot correspondant aux lettres qui constituent le nom du Rabbi.
  • On étudiera les enseignements du Rabbi.
  • On rédigera un « Pane », « Pidyone Néfech », une lettre de demande de bénédictions (en y précisant les prénoms et les prénoms des mamans de chacun) qui sera lue sur le Ohel du Rabbi.

N° de fax du Ohel : 00 1718 723 44 44

N° de fax du Beth Loubavitch : 01 45 26 24 37

Adresse du Ohel : 226-20 Francis Lewis Blvd – Cambria Heights, New York 11411

E-mail : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Le Recit de la Semaine

 J’ai écrit au Ohel et…

Nous avons entamé notre Chli’hout, nos efforts pour régénérer une petite communauté juive, il y a deux ans, dans la magnifique ville montagneuse de Prescott en Arizona. Des cours de Torah pour adultes et pour enfants, une colonie de vacances, des repas communautaires : nous avons consacré beaucoup d’efforts pour l’éducation juive à tous les âges et, D.ieu merci, nous avons réussi à obtenir des fonds pour acquérir un bâtiment où concentrer nos activités. Notre ville est très étendue et nous avons calculé que l’endroit le plus propice serait dans un certain quartier.

Il n’y avait pas beaucoup de maisons à acheter et nous avons passé plusieurs mois à rechercher l’endroit idéal. Nous avons finalement repéré une structure avec, à la fois une facilité commerciale et à la fois une partie résidentielle. Le prix indiqué était au-dessus de nos moyens et nous avons donc proposé un prix bien moindre mais correct et raisonnable. Le propriétaire refusa notre offre ; il accepta cependant de baisser un peu le prix. C’était encore trop cher pour nous.

Je discutai avec d’autres Chlou’him (émissaires du Rabbi) plus expérimentés que moi dans ce domaine et je reçus des réponses mitigées. Certains estimaient qu’il était indispensable d’acquérir ce bâtiment pour développer nos activités au maximum : les dettes seraient sans doute rapidement couvertes grâce à la générosité de futurs donateurs. D’autres, par contre, nous recommandaient d’agir avec prudence envers un propriétaire qui semblait coriace.

J’envoyai un mail au Ohel, le tombeau du Rabbi à Queens, là où tant de Juifs prient pour que le Rabbi les aide et intercède en leur faveur. Je détaillais les différents conseils que j’avais reçus et concluais en indiquant que, pour le moment, je mettais toute cette affaire en attente : peut-être une autre opportunité plus intéressante se présenterait.

Nous avons donc continué nos recherches et, entre temps, le bâtiment que nous convoitions fut acquis par un autre acheteur. Je supposai donc que ce chapitre était clos en ce qui nous concernait.

Les mois passaient et nos recherches ne donnaient aucun résultat. Tout à coup, nous avons appris que le bâtiment précédent était de nouveau proposé à la vente ! Réalisant que c’était peut-être là une chance à saisir, j’écrivis au Rabbi ce qui se passait et demandai une bénédiction pour que, cette fois, nous puissions réussir à acquérir ce bâtiment vraiment idéal pour nos activités, quel qu’en soit le prix.

Je contactai notre agent immobilier en lui demandant de proposer à nouveau notre offre initiale en signalant que j’étais prêt éventuellement à « faire des efforts ». Un mois passa – sans réponse.

Un vendredi après-midi, je reçus une notification par mail : le propriétaire de notre logement actuel signalait que notre bail prenait fin dans quarante jours et qu’il n’avait pas l’intention de le renouveler ! Cela signifiait que très bientôt nous serions à la rue car il était très difficile de trouver des appartements à louer dans ce quartier – surtout dans un délai si court ! Nous étions affolés !

Nous avons immédiatement écrit au Rabbi pour faire part de notre nouveau souci. Nous avons aussi demandé s’il s’agissait là d’un signe que nous devions nous intéresser de façon plus urgente au bâtiment du futur Beth ‘Habad – qui avait l’avantage d’incorporer aussi un appartement pour une famille comme la nôtre.

Littéralement dix minutes plus tard, mon téléphone sonna : l’appelant n’était autre que notre agent immobilier. Ma femme s’écria spontanément : « Incroyable » !

De fait, il nous annonçait qu’après réflexion, le propriétaire acceptait de nous céder le bâtiment pour le prix modique que nous avions proposé à l’origine ! Bien entendu, nous n’avons pas perdu de temps et, le jour-même, nous avons signé les documents nécessaires. Comme nous disposions de la somme exigée, la transaction fut très rapide et, le jour où nous étions obligés de quitter notre ancien appartement, nous avons reçu les clés de notre nouveau Beth ‘Habad et nous avons emménagé !

Ce Beth ‘Habad est maintenant florissant et bruissant d’activités en faveur du judaïsme. La bénédiction du Rabbi s’est réalisée.

Rav Elie Filler - A Chassidisher Derher N° 56

Traduit par Feiga Lubecki