Rambam 3 Chapitres

Notons que bon nombre de ces lois ne sont pas la halakha, c'est-à-dire la pratique observée dans les communautés juives. Elles ne sauraient donc en aucun cas être prises comme référence. Veuillez noter également que cette version est un premier essai qui fera l'objet de corrections ultérieures.

10 Nissan 5784 / 04.18.2024

Lois relatives à la prière : Chapitre Cinq

1. Celui qui prie doit prendre garde à observer huit choses. Et s’il est dans une situation de difficulté, ou dans un cas de force majeure [une maladie par exemple], ou s’il transgresse et ne fait pas [ces choses-là], cela n’empêche pas [sa prière d’être valide]. Ce sont : être debout, être orienté vers le Temple, la position du corps, le soin de la tenue, le choix de l’endroit, le contrôle de la voix, l’inflexion et la prosternation.

2. « Être debout ». Quel est le cas ? On ne doit prier que debout. Si l’on est assis dans un bateau ou dans une charrette, [la règle suivante est appliquée :] si l’on peut se mettre debout, on se met debout. Sinon, on prie assis à l’endroit où l’on se trouve. Un malade peut prier même allongé sur le côté, pourvu qu’il puisse se concentrer. De même, celui qui a faim ou soif est considéré comme malade, [par conséquent :] s’il est capable de se concentrer, il prie. Et sinon, il ne prie pas avant d’avoir mangé et bu. S’il chevauche un animal, bien qu’il y ait quelqu’un qui tienne son animal, il ne descend pas, mais prie assis où il se trouve, afin d’avoir l’esprit tranquille.

3. « Être orienté vers le Temple ». Quel est le cas ? Si l’on se trouve en dehors de la Terre [d’Israël], on tourne son visage vers la Terre d’Israël pour prier. Si l’on se trouve en Terre [d’Israël], on oriente son visage vers le Temple. Si l’on se trouve dans le Temple, on oriente son visage vers le Saint des saints. Une personne aveugle, celui qui ne parvient pas à déterminer les directions, et celui qui est en bateau, orientent leurs cœurs vers la Présence Divine et prient.

4. La position du corps. Quel est le cas ? Pendant la prière, il faut se tenir pieds joints. On dirige ses yeux vers le bas, comme si l’on regardait le sol., et le cœur vers le haut, comme si l’on se tenait dans les cieux. Il faut serrer ses mains, [main] droite sur [main] gauche, sur la poitrine, et se tenir comme un esclave devant son maître dans la peur, la crainte, et l’effroi. On ne doit pas poser les mains sur les hanches.

5. La tenue vestimentaire. Quel est le cas ? On arrange sa tenue, [et on s’habille] avec élégance, ainsi qu’il est dit : « Prosternez-vous devant l’Eterne-l, dans la splendeur de la sainteté ». On ne doit pas se tenir dans la prière avec un [simple] tricot de corps, ni avec la tête découverte, ni pieds nus si l’usage local est de se tenir devant les gens importants avec des chaussettes. Quel que soit l’endroit, on ne doit pas tenir des téfiline à la main ou un rouleau de la Thora au bras en priant, parce que l’on est ainsi préoccupé [à ce qu’ils ne tombent pas]. On ne doit pas tenir des ustensiles, ni de l’argent à la main. On peut toutefois prier en ayant le loulav à la main durant les jours de la fête de Souccot, parce que c’est la mitsva du jour. Si l’on a une charge sur la tête, et qu’arrive l’heure de la prière, [la règle suivante est appliquée :] si [la charge est] inférieur à quatre kabim, on la jette sur son épaule pour prier. Si elle [la charge] est [supérieure ou] égale à quatre kav, on la pose sur le sol pour prier. Tous les sages et leurs disciples ne prient qu’enveloppés [d’un châle].

6. Le choix de l’endroit. Quel est le cas ? On se tient dans un endroit bas, le visage vers le mur. Il faut faire des fenêtres ou des entrées en direction de Jérusalem afin de prier face à celles-ci, comme il est dit : « Il avait, dans sa chambre supérieure, des fenêtres ouvertes [dans la direction de Jérusalem] ». Il faut avoir une place fixe pour la prière. Il ne faut pas prier dans une ruine, ni derrière une synagogue, sauf si l’on tourne le visage vers la synagogue. Il est défendu de s’asseoir à côté de quelqu’un qui est en train de prier, et de passer devant lui à moins de quatre coudées de distance.

7. On ne doit pas se tenir sur un endroit surélevé de trois téfa’him ou plus pour prier. [Il ne faut] pas non plus se tenir sur un lit, un banc, ou un siège. Un plancher surélevé, s’il a [une surface supérieure ou égale à] quatre coudées sur quatre coudées, ce qui correspond à la surface [minimale] d’une maison, est considéré comme un étage, et il est permis de prier dessus. De même, s’il [cet édifice] est entouré de murs de tous les côtés, même s’il n’y a pas [une surface de] quatre coudées sur quatre coudées, il est permis de prier dessus, car sa hauteur n’est pas visible, puisqu’il forme un domaine en soi.

8. Quand des ouvriers font un travail en haut d’un arbre, en haut d’une planche [de bois utilisée pour construire un mur en terre], ou en haut d’un mur, et qu’arrive le temps de la prière, ils redescendent et prient, et retournent à leur travail. S’ils se trouvent en haut d’un olivier, ou en haut d’un figuier, ils prient à l’endroit où ils se trouvent, parce que leur dérangement est important. Que prient-ils ? S’ils travaillent pour la pension uniquement, ils récitent trois prières de dix-neuf bénédictions. Et s’ils sont rémunérés [outre la pension], ils récitent Habineinou (« Donne-nous l’intelligence… »). Quoi qu’il en soit, ils ne doivent pas participer à la prière communautaire, ni lever les mains [s’ils sont cohen pour bénir le peuple].

9. Le contrôle de la voix. Quel est le cas ? On ne doit pas élever la voix dans la prière, ni prier en son cœur [sans prononcer les mots] ; plutôt, on prononce les mots avec les lèvres et on fait entendre à ses oreilles [ce que l’on dit] à voix basse. On ne doit pas élever la voix, à moins que l’on soit malade ou que l’on ne puisse se concentrer sans entendre sa voix, [dans ce cas,] cela est permis, sauf en communauté, afin que les autres ne soient pas dérangés par sa voix.

10. Les inflexions [du buste]. Quel est le cas ? Celui qui prie s’incline cinq fois au cours de chaque prière : au début et à la fin de la première bénédiction, au début et à la fin de la [bénédiction de] reconnaissance, et lorsqu’il termine la prière, il s’incline et recule trois pas en arrière en étant incliné, et salue à sa gauche et à sa droite, puis relève la tête. Lorsqu’il se courbe les quatre fois [au milieu de la prière], il se courbe [en prononçant le mot] « Béni », et se redresse [en prononçant] le nom [de D.ieu]. Dans quel cas cela s’applique-t-il ? Pour une personne ordinaire. En revanche, un grand prêtre s’incline au début et à la fin de chaque bénédiction, et le roi, une fois qu’il s’incline dans la première bénédiction, ne relève plus la tête avant jusqu’à ce qu’il termine sa prière.

11. Pourquoi salue-t-on à gauche en premier lieu ? Parce que sa gauche [de celui qui prie] est la droite par rapport à Sa face [de D.ieu] ; lorsqu’on se trouve devant un roi, on donne le salut à la droite du roi, puis, à la gauche du roi. Ils [les sages] ont établi que l’on quitte la prière de la même manière que l’on prend congé d’un roi.

12. À chaque inflexion, il faut se courber au point que toutes les vertèbres de la colonne vertébrale fassent saillies, et que l’on forme un arc. Si l’on s’infléchit légèrement, en faisant un effort, qui montre que l’on se courbe de toutes ses forces [par exemple, dans le cas d’une personne malade ou âgée], cela est suffisant.

13. La prosternation. Quel est le cas ? Après avoir redressé la tête après la cinquième inflexion, on s’assoit sur le sol, tombe face à terre, et on adresse toutes les supplications que l’on désire. L’inflexion mentionnée partout se fait [en fléchissant] les genoux [génuflexion], la kida se fait [en s’inclinant] le visage [à terre] , et la prosternation consiste à étendre mains et pieds, jusqu’à ce que l’on soit étendu le visage à terre.

14. Pour les supplications après la prière, d’aucuns font une kida, et d’autres se prosternent. [Toutefois,] il est défendu de se prosterner sur des pierres ailleurs en dehors du Temple, comme nous l’avons expliqué dans les lois relatives à l’idolâtrie. Un homme important n’a pas le droit de tomber sur sa face, à moins qu’il sache lui-même qu’il est un juste comme Josué [et est certain d’être exaucé]. Il peut toutefois incliner légèrement la tête, sans la plaquer contre le sol. Il est permis de prier à un endroit, et d’adresser les supplications dans un autre endroit.

15. Il est une coutume établie parmi tout le peuple juif qu’il n’y a pas de supplications le chabbat, les jours de fête, Roch Hachana, les Roch Hodech, Hanoucca, Pourim, Min’ha de la veille de chabbat et des jours de fête, la prière du soir de chaque jour. Quelques particuliers adressent des supplications à la prière du soir. Le jour de Kippour uniquement, on adresse des supplications à chaque prière, parce que c’est un jour de supplications, de requêtes, et de jeûne.

Lois relatives à la prière : Chapitre Six


1. Il est défendu de passer devant [l’entrée d’]une synagogue au moment où la communauté est en train de prier, si ce n’est en portant une charge ou que la synagogue à deux entrées sur des côtés différents, [si bien que] celui qui voit [cela] se dit : « Peut-être va-t-il entrer par l’autre porte ». De même, s’il y a deux synagogues dans la ville, celui qui voit [une personne passer devant une synagogue] se dira : « Peut-être se rend-elle dans sa synagogue habituelle ». S’il a les téfiline sur la tête, il lui est permis de passer [devant une synagogue à l’heure de la prière], même si aucune des conditions susmentionnées n’est remplie, car les téfiline montrent qu’il recherche les mitsvot et n’est pas de ceux qui négligent la prière.

2. Celui qui prie avec la communauté ne doit pas prolonger excessivement sa prière. [Mais] quand il prie en privé, il en a le droit. Et s’il désire réciter après sa prière même [le texte de] la confession du jour de Kippour, il peut le faire. De même, s’il désire ajouter dans chacune des bénédictions intermédiaires [un texte] lié à la bénédiction, il peut le faire.

3. Comment cela ? S’il connaît un malade, il demande pitié pour lui dans la bénédiction des malades, selon son élocution. S’il a besoin de subsistance, il ajoute des supplications et requêtes dans la bénédiction des années, et ainsi de suite pour chaque [bénédiction]. S’il désire demander tout ce dont il a besoin dans [la bénédiction] « Qui entends la prière », il peut le faire. Toutefois, il ne doit pas [demander ses besoins] dans les trois premières [bénédictions], ni dans les trois dernières.

4. Il est défendu de goûter quoi que ce soit, ou de faire un travail après l’aube avant la prière du matin. De même, on ne doit pas se rendre chez un ami pour le saluer avant la prière du matin, ni partir en voyage avant la prière. Toutefois, on peut goûter [quelque aliment] et faire un travail avant de prier [la prière de] Moussaf, ou avant la prière de l’après-midi. Il ne faut toutefois pas faire un repas juste avant [le temps de] la prière de l’après-midi.

5. Dès qu’arrive le temps de la « grande Min’ha », il est défendu de se rendre dans un établissement de bains, même pour y suer, avant d’avoir prié, de crainte que l’on s’évanouisse, et que l’on néglige [ainsi] la prière. On ne doit pas marcher, même prendre une collation, de crainte que l’on prolonge le repas, ni juger. Il ne faut pas juger [un procès], même [simplement] rendre le verdict, de crainte que celui-ci soit cassé [et donc, que le procès] se prolonge, et que l’on néglige prière. De même, il ne faut pas s’asseoir devant un coiffeur pour se faire couper les cheveux, même d’une coupe [de cheveux] ordinaire, avant d’avoir prié, de crainte que le ciseau se casse [et que l’heure de la prière passe le temps que le coiffeur trouve une autre paire de ciseaux]. Il ne faut pas entrer dans un atelier de tannage juste avant [l’heure de] Min’ha jusqu’à ce que l’on prie, de crainte que l’on remarque un défaut dans le travail, que l’on en prenne soin et que l’on néglige ainsi la prière. Si l’on a commencé l’une de ces [activités], il n’est pas nécessaire de s’interrompre ; plutôt, on termine et l’on récite ensuite la prière de Min’ha.

6. Quel est le début de la coupe [de cheveux] ? Dès que l’on pose le tablier du coiffeur sur les genoux. Quel est le début du bain ? Dès que l’on enlève son sous-vêtement. Quel est le début [du travail] à l’atelier de tannage ? Dès que l’on attache un vêtement entre ses épaules, comme font les artisans. Qu’est-ce qui est considéré comme le début du repas ? Pour les [juifs] de Terre d’Israël, dès qu’on se lave les mains. Et pour les [juifs de] Babylonie, dès que l’on défait sa ceinture. Qu’est-ce qui est considéré comme le début de l’audience ? Dès que les juges s’enveloppent [d’un talit] et siègent. S’ils siègent déjà [depuis un précédent procès], [on appelle début de l’audience] dès que les parties en litige commencent à présenter leurs prétentions.

7. Bien que la prière du soir soit facultative, un homme ne doit pas venir du travail et dire : « Je vais manger un peu et dormir un peu, et ensuite, je prierai », de crainte qu’il soit pris par le sommeil, et dorme toute la nuit. Plutôt, il doit réciter la prière du soir, et ensuite, manger et boire, ou dormir. Il est permis de couper les cheveux et d’entrer aux bains juste avant [l’heure de] la prière du matin. En effet, ils [les sages] n’ont émis un décret que pour [l’heure de] la prière de l’après-midi, car c’est chose fréquente, la majorité des gens s’y rendant la journée, tandis que le matin, cela n’étant pas fréquent, ils [les sages] n’ont pas émis de décret.

8. Celui qui est occupé à l’étude de la Thora doit s’interrompre quand arrive l’heure de la prière pour prier. Si l’étude est sa seule occupation et qu’il n’a aucun travail, et est en train d’étudier la Thora à l’heure de la prière, il ne doit pas s’interrompre, car la mitsva de l’étude de la Thora est plus grande que la mitsva de la prière. Celui qui s’occupe des besoins communautaires est considéré [comme une personne entièrement vouée à l’étude] qui est en train d’étudier la Thora [à l’heure de la prière, et n’interrompt donc pas ses activités pour prier].

9. Celui qui prie ne doit interrompre sa prière qu’en cas de danger de mort ; même si un roi juif le salue, il ne doit pas lui répondre. Toutefois, il s’interrompt pour [répondre à] un roi non juif [qui le salue], de crainte que ce dernier ne le tue. Si, au milieu de la prière, il aperçoit un roi non juif ou un oppresseur qui se dirige vers lui, il écoute [sa prière, et ne dit que le début et la fin de chaque bénédiction]. S’il ne peut pas [terminer sa prière, malgré l’abrégé], il s’interrompt. De même, s’il voit des serpents ou des scorpions qui se dirigent vers lui et s’approchent de lui, s’ils [les serpents mordent et] tuent généralement dans cette région, il s’interrompt et s’enfuit. Et s’ils ne font généralement pas de mal, il ne s’interrompt pas.

10. Les femmes, les esclaves, et les mineurs, sont astreints à la prière. Toute personne qui est exempte de la lecture du Chema est exempte de la prière. Tous ceux qui forment le cortège funèbre, même s’ils ne sont pas nécessaires à la civière mortuaire, sont exempts de la prière.

Lois relatives à la prière : Chapitre Sept

1. Lorsque les sages ont institué le texte de ces prières, ils ont institué d’autres bénédictions à réciter quotidiennement. Entre autres : quand un homme se met au lit pour dormir la nuit, il récite : « Béni sois-Tu, Eterne-l notre D.ieu, Roi de l’univers, Qui fais tomber les liens du sommeil sur mes yeux, Qui plonges [l’homme] dans un profond sommeil, et Qui apportes la lumière à la pupille de l’œil. Qu’il soit Ta volonté, Eterne-l mon D.ieu, de me sauver du mauvais penchant, et d’un mauvais évènement. Que ne me troublent pas des cauchemars et de mauvaises pensées. Que ma couche soit parfaite devant Toi, et que je m’en relève pour la vie et pour la paix. Accorde la clarté à mes yeux pour que mon sommeil ne soit pas celui de la mort. Béni sois-Tu, Eterne-l, qui éclaires le monde entier par Sa gloire. »

2. Il récite le premier paragraphe du Chema, et dort. Et s’il est pris par le sommeil, il lit même [uniquement] le premier verset ou des versets de miséricorde, et dort.

3. Lorsqu’il se réveille, au terme de son sommeil, il récite, alors qu’il est encore sur son lit, la bénédiction suivante : « Mon D.ieu, l’âme que Tu as placée en moi est pure. Tu l’as créée, Tu l’as formée, insufflée en moi, et Tu la gardes en moi. Tu me la [re]prendras, et Tu me la restitueras dans le monde futur. Tant que l’âme est en moi, je Te rends grâce, Eterne-l, mon D.,ieu, Maître de toutes les actions. Béni sois-Tu, Eterne-l, qui rends les âmes aux corps morts. »

4. Lorsqu’il entend la voix du coq, il récite la bénédiction : « Béni Tu es, Eterne-l notre D.ieu, Roi de l’univers, Qui donnes au coq le discernement pour distinguer le jour de la nuit ». Lorsqu’il revêt ses vêtements, il récite la bénédiction : « Béni Tu es, Eterne-l notre D.ieu, Roi de l’univers, Qui habilles ceux qui sont nus ». Lorsqu’il met son vêtement sur sa tête, il récite la bénédiction sur sa tête, il récite la bénédiction : « Béni Tu es, Eterne-l notre D.ieu, Roi de l’univers, Qui couronnes Israël de gloire ». Lorsqu’il passe ses mains sur ses yeux, il récite la bénédiction : « […] Qui ouvres les yeux des aveugles ». Lorsqu’il s’assoit sur son lit, il récite la bénédiction : « […] Qui libères ceux qui sont ligotés ». Lorsqu’il descend ses pieds du lit et les pose sur le sol, il récite la bénédiction : « […] Qui étends la terre sur les eaux ». Lorsqu’il se lève, il récite la bénédiction : « […] Qui redresses ceux qui sont courbés ». Lorsqu’il se lave les mains, il récite la bénédiction : « […] Qui nous as sanctifiés par ses commandements et nous as enjoint au sujet du lavage des mains ». Lorsqu’il rince son visage, il récite la bénédiction : « Béni sois-Tu, Eterne-l notre D.ieu, Roi de l’univers, Qui ôtes le sommeil de mes yeux et la torpeur de mes paupières. Qu’il soit Ta volonté, Eterne-l notre D.ieu et D.ieu de nos pères, de nous habituer à [accomplir] Tes commandements, non à la transgression et la faute. Que je sois gouverné par le bon penchant, non par le mauvais penchant. Renforce-moi dans Tes commandements, et donne-moi ma part dans Ta Thora. Accorde-moi la grâce, la bonté et la miséricorde, à Tes yeux et aux yeux de tous ceux qui m’observent, et prodigue-moi des bienfaits. Béni sois-Tu, Eterne-l, Qui prodigues des bienfaits ».

5. À chaque fois qu’il va aux toilettes, il dit avant d’y entrer : « Soyez honorés, [anges] honorables, saints, serviteurs du Très-Haut. Aidez-moi, aidez-moi. Gardez-moi, gardez-moi. Attendez-moi, que j’entre et que je sorte, car telle est la nature des hommes ». Une fois sorti, il récite la bénédiction : « Béni sois-Tu, Eterne-l notre D.ieu, Roi de l’univers, Qui a créé l’homme avec sagesse, as créé en lui différents orifices et de nombreuses cavités. Il est révélé et connu devant le trône de Ta gloire que, si l’un d’entre eux se bloque, ou bien si l’un d’entre eux s’ouvre, il serait impossible de se subsister, pas même pendant un court instant. Béni sois-Tu, Eterne-l, Qui guéris toute chair et accomplis des merveilles. »

6. Lorsqu’il met sa ceinture, il récite la bénédiction : « […] Qui ceints Israël avec force ». Lorsqu’il met ses chaussures, il récite la bénédiction : « […] Qui m’as prodigué tous mes besoins ». Lorsqu’il marche pour partir en chemin, il récite la bénédiction : « […] Qui prépares les pas de l’homme ». Il faut réciter chaque jour les bénédictions : « Béni sois-Tu, Eterne-l notre D.ieu, Roi de l’univers, Qui ne m’as pas fait non juif », « Béni sois-Tu, Eterne-l notre D.ieu, Roi de l’univers, Qui ne m’as pas fait femme », « Béni sois-Tu, Eterne-l notre D.ieu, Roi de l’univers, Qui ne m’as pas fait esclave ».

7. Ces dix-huit bénédictions n’ont pas d’ordre ; plutôt, on récite chacune d’entre elles sur l’objet de la bénédiction, en son temps. Comment cela s'applique-t-il ? Si l’on met sa ceinture, alors que l’on est sur son lit, on récite la bénédiction : « […] Qui ceints Israël avec force ». Si l’on entend le cri du coq, on récite la bénédiction : « […] Qui donnes au coq le discernement ». On ne récite pas toute bénédiction à laquelle on n’a pas été astreint.

8. Comment cela s'applique-t-il ? Si l’on dort avec ses vêtements, on ne récite pas, en se levant, la bénédiction : « […] Qui habilles ceux qui sont nus ». Si l’on marche pieds nus, on ne récite pas la bénédiction : « […] Qui m’as prodigué tous mes besoins ». Les jours de Kippour et du 9 Av, où l’on ne peut se rincer, on ne récite pas la bénédiction : « […] du lavage des mains », ni « […] Qui ôtes le sommeil […] ». Si l’on ne va pas aux toilettes, on ne récite pas la bénédiction : « […] Qui as créé l’homme […] », et de même pour les autres bénédictions.

9. Dans la majorité de nos villes, il est d’usage de réciter ces bénédictions l’une après l’autre à la synagogue, que l’on soit astreint ou non à celles-ci ; ceci est une erreur, et il ne convient pas d’agir ainsi. On ne doit réciter une bénédiction que si l’on y a été astreint.

10. Celui qui se lève tôt pour lire la Thora – la loi Écrite ou la loi Orale – avant la lecture du Chema, se lave les mains au préalable et récite trois bénédictions, puis lit. [Ces trois bénédictions] sont : « […] Qui nous as sanctifiés par Ses commandements et nous as enjoints au sujet des paroles de Thora. Eterne-l notre D.ieu, fais que les enseignements de Ta Thora soient agréables en notre bouche et en celles de Ton peuple, toute la maison d’Israël. Et que nous-mêmes, nos enfants et ceux de Ton peuple, connaissions Ton Nom et étudiions Ta Thora, pour son nom. Béni sois-Tu, Eterne-l, Qui enseignes la Thora à Son peuple Israël. Béni sois-Tu, Eterne-l notre D.ieu, Roi de l’univers, Qui nous as choisis d’entre toutes les nations, et nous as donné Sa Thora. Béni sois-Tu, Eterne-l, Qui donnes la Thora ».

11. Chaque jour, il est une obligation de réciter ces trois bénédictions, et ensuite, on lit quelques [versets] de la Thora. Il est d’usage de lire la bénédiction des cohanim. Dans certaines communautés, on lit [la section :] « Ordonne aux enfants d’Israël ». Dans s’autres communautés, on lit les deux. On lit [également] des chapitres ou des lois de la Michna et de la Baraïta.

12. Les sages ont fait l’éloge de celui qui lit des chants du livre des psaumes chaque jour, depuis [le psaume :] « Louange, de David » [psaume 145], jusqu’à la fin du livre. Il est devenu d’usage de lire des versets avant et après. Ils [les sages] ont institué une bénédiction avant les chants [des psaumes], qui est : « Béni soit Celui Qui a dit […] » et une bénédiction après, qui est : « Que soit béni […] ». Puis, on récite les bénédictions de la lecture du Chema et on lit le Chema.

13. Dans certains endroits, il est d’usage de lire chaque jour, après la bénédiction « Que soit béni […] » le chant [de la traversée] de la Mer [Rouge], et c’est ensuite que l’on récite les bénédictions du Chema. Dans d’autres endroits, on lit le chant : « Écoutez […] » [Haazinou]. Certains particuliers lisent les deux chants ; tout dépend de la coutume.

14. Il incombe à chacun de réciter cent bénédictions durant le jour et la nuit. Quelles sont ces cent bénédictions ? Les vingt-trois bénédictions énumérées dans ce chapitre, les sept bénédictions qui précédent et suivent le Chema, [trois] le matin et [quatre] le soir. Lorsque l’on s’enveloppe du talit, on récite la bénédiction : « Béni sois-Tu, Eterne-l notre D.ieu, Roi de l’univers, Qui nous as sanctifiés par Ses commandements et nous as ordonnés de nous envelopper de tsitsit ». Lorsque l’on met les téfiline, on récite la bénédiction : Béni sois-Tu, Eterne-l notre D.ieu, Roi de l’univers, Qui nous as sanctifiés par Ses commandements et nous as ordonnés de mettre les téfiline ». [Il y a également] les trois prières, chacune comptant dix-huit bénédictions, ce qui fait [au total] quatre-vingt six bénédictions. Lorsque l’on mange les deux repas, [le repas] de la journée et [le repas] du soir, on récite quatorze bénédictions, sept à chaque repas : une quand on se lave les mains au préalable, sur le repas, une au début [la bénédiction du pain] et trois à la fin [les actions de grâce après le repas], et sur le vin, une avant et une après, ce qui fait sept bénédictions, soit au total, cent bénédictions.

15. À l’époque actuelle, où ils [les sages] ont institué dans la prière [des dix-huit bénédictions] la bénédiction [pour la destruction des] hérétiques, il y a donc cinq bénédictions en plus. Les chabbat et jours de fête, où la prière est composée de sept bénédictions, et de même, un jour ordinaire, si l’on n’est pas astreint à toutes les bénédictions, par exemple, si l’on n’a pas dormi pas la nuit, si l’on n’a pas défait sa ceinture, si l’on ne va pas aux toilettes, ou tout cas semblable [ce qui fait des bénédictions en moins], il faut compléter les cent bénédictions [en récitant des bénédictions] sur des fruits.

16. Comment cela ? On mange un peu de légumes, en récitant la bénédiction avant et après. Puis, on mange un peu d’un fruit, en récitant la bénédiction avant et après. On compte toutes les bénédictions jusqu’à compléter cent [bénédictions] chaque jour.

17. Tel est l’ordre des prières : le matin, on se lève tôt, et l’on récite ces bénédictions. On lit les cantiques [des psaumes], en récitant la bénédiction avant [« Béni soit Celui Qui a dit…] et après [« Que soit béni… »]. Puis, on lit le Chema en récitant les bénédictions qui précèdent et qui suivent, et on omet la kedoucha de la première bénédiction qui précède [le Chema], car un particulier ne récite pas la kedoucha [sans la communauté]. Quand on conclut [la bénédiction qui fait suite au Chema par] « […] Qui délivres Israël », on se lève immédiatement, afin de faire suivre la [bénédiction de la] délivrance par la prière. On récite la prière [des dix-huit bénédictions] debout, comme nous l’avons expliqué. Lorsque l’on achève [la prière], on s’assoit et on tombe sur sa face [cf. ch. 5 § 13], et l’on adresse des supplications. On relève alors la tête et on adresse quelques supplications, tout en étant assis. Puis, on lit [le psaume] : « Louange, de David », et on adresse des supplications selon ses capacités, et l’on se retire pour [vaquer à] ses occupations.

18. À la prière de l’après-midi, on commence par lire [le psaume] « Louange, de David » assis. Puis, on se lève et on récite la prière [des dix-huit bénédictions] de l’après-midi. Quand on termine, on tombe sur sa face, on adresse des supplications, et l’on relève la tête, en adressant des supplications selon ses capacités. Puis, on retourne à ses occupations. À la prière du soir, on lit le Chema, en récitant les bénédictions qui précèdent et qui suivent. On fait suivre [la bénédiction de] la délivrance par la prière, et on récite la prière [des dix-huit bénédictions] debout. Lorsque l’on termine [la prière], on s’assoit un petit moment, et l’on se retire. Celui qui adresse des supplications après la prière du soir est digne de louanges. Bien que l’on récite la bénédiction : « Fais-nous nous coucher […] » après [la bénédiction] « […] Qui délivres Israël », cela n’est pas une interruption entre [la bénédiction de] la délivrance et la prière, et toutes [ces] deux [bénédictions] sont considérées comme une seule longue bénédiction.