Alors que Rabbi Yossef Yts’hak Schneersohn, très jeune, avait été nommé à la tête de la Yechiva Tom’hei Tmimim de Loubavitch, son père, Rabbi Chalom Dov Ber supervisait attentivement tout ce qui se passait dans cette institution qu’il avait fondée. Un jour, un jeune homme demanda à être admis à la Yechiva.
Bien qu’il fût doué et capable d’étudier, le comité était gêné par ses manières rudes et une certaine vulgarité qui se reflétait sur son visage. Rabbi Chalom Dov Ber lut attentivement le rapport. Après mûre réflexion, il demanda qu’on accepte le jeune homme mais précisa qu’il serait nécessaire de surveiller ses progrès. Roch ‘Hodech Tévet, le Rabbi se rendit à l’étranger.
Deux mois plus tard, aux alentours de Roch ‘Hodech Adar commençait le tri du blé pour la préparation de la farine nécessaire à la fabrication des Matsot Chmourot. Rabbi Chalom Dov Ber écrivit à son fils, en lui enjoignant de confier à ce jeune homme les travaux les plus durs. Il lui demandait également de le tenir au courant des progrès de ce garçon.
Rabbi Yossef Yts’hak suivit à la lettre les instructions de son père. C’est ainsi que le jeune homme fut chargé de trier le blé, d’apporter les meules, de moudre le grain à la main, de porter les sacs les plus lourds. Durant deux semaines, ce garçon ne connut aucun moment de repos mais tout était organisé de façon à ce qu’il ne se rende pas compte qu’il "bénéficiait" d’un traitement spécial. Dès son retour, Rabbi Chalom Dov Ber demanda à son fils un rapport. En général, à Loubavitch, les étudiants ne demandaient pas "pourquoi". Ils agissaient selon ce qu’on leur conseillait. La Yechiva était basée sur quatre piliers: la vérité, l’amour du prochain, la loyauté et la dévotion. Chaque étudiant était considéré comme un fils.
L’amour entre les disciples était remarquable. La loyauté et la dévotion des étudiants envers leurs professeurs et vice-versa étaient absolues. Ce n’est que grâce à une telle conduite que la Yechiva put récolter des fruits aussi merveilleux. La veille de Pessa’h, en plus de toutes les autres tâches que chacun devait effectuer, le jeune homme fut aussi chargé de rechercher le ‘Hamets (les moindres miettes de pain) dans la synagogue, les bureaux et la Yechiva, ce qui l’empêcha de se coucher avant deux ou trois heures du matin.
Dès sept heures du matin, il devait être à son poste, dans le local réservé à la cuisson des Matsot: il était chargé de cachériser les fours pour la dernière fournée. La veille de Pessa’h, alors que tout le travail avait été terminé, Rabbi Yossef Yts’hak l’appela pour lui recommander d’étudier en profondeur le "Maamar" (discours ‘hassidique) basé sur le verset "Durant six jours, tu mangeras des Matsot". Le lendemain, donc après la veillée du Séder, il devait venir à sept heures du matin pour étudier ce "Maamar" avec Rabbi Yossef Yts’hak dans son bureau.
Bien entendu Rabbi Yossef Yts’hak était parfaitement au courant que ce jeune homme était chargé du service à table pendant le Séder, c’est-àdire qu’il devait servir les convives et tout nettoyer après le repas: ce qui signifiait qu’il n’aurait pas terminé avant deux ou trois heures du matin. Rabbi Yossef Yts’hak désirait savoir à quel point ce jeune homme tenait à l’étude de la ‘Hassidout. Sept heures du matin: le garçon arriva, répéta le "Maamar" qu’il avait étudié à fond, selon ses capacités. Il étudia ainsi avec Rabbi Yossef Yts’hak jusqu’à huit heures.
Le Rabbi rapporta tout cela à son père, Rabbi Chalom Dov Ber qui exprima sa satisfaction: "Grâce à D.ieu, nous avons planté un arbre... Cela pourra prendre encore du temps mais finalement, il s’épanouira et développera de nombreuses branches et de beaux fruits qui, à leur tour, produiront d’autres fruits..." À l’issue des huit jours de fête, lors du "repas de Machia’h" qui fut servi aux élèves, Rabbi Chalom Dov Ber se tourna vers son fils et lui dit: "Yossef Yts’hak! Regarde ce que peut accomplir la sueur qui résulte d’une Mitsva!
Le visage de ce jeune homme a complètement changé: la vulgarité a disparu et il a maintenant vraiment l’apparence d’un Juif digne de ce nom!" Haya Shuchat N’shei Chabad Newsletter

Traduite par Feiga Lubecki