(Le 19 Kislev est l’anniversaire de la libération de Rabbi Chnéour Zalman).

Les ‘Hassidim venaient de partout vers la petite ville de Lyozna où habitait Rabbi Chnéour Zalman, fondateur du mouvement ‘Habad.

Celui qui se présenta ce jour-là dans le bureau du Rabbi, avait le cœur lourd ; il éclata en sanglots : « Rabbi ! Mon fils s’est détourné de la voie que nous lui avons enseignée. Il n’observe plus les commandements et je crains qu’il ne s’éloigne complètement du peuple juif ! Je vous en prie, Rabbi, aidez-moi à le ramener sur le bon chemin ! »

Le Rabbi ressentait la peine de son ‘Hassid et il resta un moment silencieux. Puis il se reprit : « Penses-tu que tu pourras amener ton fils à se rendre chez moi ? »
- « Ce sera difficile, soupira le ‘Hassid. Vu la façon dont il agit actuellement, je crains qu’il ne m’écoute plus. Il s’est lié avec des jeunes gens peu recommandables et n’écoute presque plus ses parents ! »
- « Et cependant, j’insiste pour que tu trouves un moyen de le faire venir à Lyozna. Une fois qu’il sera dans la ville, on trouvera bien le moyen de me l’amener ! »

La perspective que le Rabbi s’occuperait personnellement de son fils insuffla de l’espoir dans le cœur du ‘Hassid. Il retourna chez lui de bien meilleure humeur qu’il n’était parti. Durant tout le voyage de retour, il avait réfléchi comment persuader son fils de se rendre à Lyozna. Soudain il eut une excellente idée : à son grand regret d’ailleurs, son fils adorait monter à cheval et ne perdait aucune occasion pour parader en ville, même dans le quartier juif où ce spectacle n’était vraiment pas bien vu. Maintenant il fallait utiliser cette passion pour amener son fils à se rendre à Lyozna : il n’avait qu’à lui demander de chercher pour lui un objet quelconque dans la ville du Rabbi !

Le fils accepta, mais à une condition : qu’il puisse y aller à cheval ! A la grande surprise du fils, le père accepta !

Le jeune homme s’élança allègrement vers Lyozna sans savoir que les amis de son père l’attendaient pour l’amener gentiment chez le Rabbi.

Effectivement, dès qu’il arriva, on le conduisit dans le bureau de Rabbi Chnéour Zalman, l’auteur du Tanya et du Choul’hane Arou’h HaRav.
- « Je suis content de te voir, dit le Rabbi. Mais dis-moi, pourquoi t’es-tu fatigué à venir à cheval plutôt que dans un carrosse ?
- « Je vais vous dire la vérité : j’adore monter à cheval. Et mon cheval est vraiment une bête magnifique. Pourquoi n’en aurais-je pas profité ?
- « Vraiment ? Dis-moi, quels sont les avantages d’un tel animal ?
- « Très simple, Rabbi ! Il galope très vite ! Dès que je monte en selle, il démarre en trombe et, en très peu de temps, on est arrivé à destination ! » répondit le jeune homme, enthousiaste.
- « C’est vrai, c’est un grand avantage, remarqua le Rabbi. Encore faut-il être sur le bon chemin… Parce que si on se trompe de chemin, on ne fait qu’aller plus vite dans la mauvaise direction !
- « Quand bien même ! rétorqua le jeune homme. Comme le cheval court vite, il suffit de lui indiquer la bonne direction dès qu’on s’aperçoit qu’on s’est trompé de chemin et il rattrape très vite le temps perdu !
- « Ah, je vois ! dit le Rabbi en martelant ses mots. Quand tu réalises que tu es sur le mauvais chemin, avant qu’il ne soit trop tard, tu peux revenir très vite sur la bonne voie… »

Les mots du Rabbi, prononcés si lentement et si posément, percèrent la carapace désinvolte du jeune homme comme une bombe et les yeux du Rabbi semblèrent voir tout ce qui agitait malgré tout sa conscience. Le jeune homme s’évanouit.

On le ranima et, d’un ton suppliant, il demanda à Rabbi Chnéour Zalman la permission de rester à Lyozna pour reprendre ses études de Torah et permettre à ses parents d’être à nouveau pleinement satisfaits de sa conduite.