Un des émissaires du Rabbi en Europe reçut un appel téléphonique du secrétariat du Rabbi. II lui était demandé de se rendre au plus vite dans un petit village de Hollande, afin de remettre trois Matsot à un Juif qui s'y trouvait. Ce 'Hassid fut particulièrement heureux de se voir confier une mission par le Rabbi et, quelques heures plus tard, il partit pour le village qui lui avait été désigné.

Lorsqu'il y arriva, il rechercha les juifs habitant ce village. Mais, à sa grande surprise, ceux qu'il interrogea lui affirmèrent qu'il n'y en avait pas un seul. Ce fut la réponse unanime de tous ceux à qui il s'adressa. Un autre aurait pu penser qu'il y avait là une erreur, aurait abandonné ou tout au moins rappelé le secrétaire du Rabbi pour demander s'il était bien au bon endroit.

Notre homme n'eut pas une telle pensée. Il était clair pour lui qu'il ne pouvait y avoir d'erreur. C'était bien ici qu'il avait été envoyé et il devait retrouver ce Juif, lui transmettre les Matsot. Après une journée de recherches infructueuses, l'obscurité s'installa et le 'Hassid, décidant de surseoir sa recherche au lendemain, se mit en quête d'un hôtel pour y passer la nuit.

Le lendemain, après avoir prié et imploré D.ieu de couronner ses recherches de succès, il se remit à son enquête. Mais les heures passèrent, les personnes interrogées se multiplièrent et la réponse fut toujours la même que la veille: II n'y a pas de Juifs dans ce village. Alors que la déconvenue le gagnait, l'émissaire du Rabbi interrogea encore un vieil homme qui lui indiqua enfin que le cuisinier de l'unique restaurant de l'endroit était, lui semblait-il, d'origine juive. Il se rendit aussitôt dans ce restaurant et demanda à rencontrer le cuisinier. Celui-ci vint et, voyant le 'Hassid, il s'exclama: "Oh non, ce n'est pas possible!" Puis il éclata en sanglots. Après s'être calmé, il raconta son histoire. Il était né dans ce village, dans lequel il y avait, à l'époque, une petite communauté juive. Mais la seconde guerre mondiale avait décimé sa famille et tous les autres Juifs de la ville. Tous furent tués.

L'homme était parvenu à se cacher et, pendant trente ans, il avait tant bien que mal gardé le souvenir de son origine juive, bien que ne l'affirmant pas publiquement. Mais l'isolement lui pesait tant qu'il supplia D.ieu de lui faire un signe en l'absence duquel il romprait tout lien avec le Judaïsme. Il fixa même pour cela un délai de deux semaines. Or, ce jour était le dernier de ces deux semaines.