Chacun racontait son histoire ce vendredi soir chez Rav Silberg. L’un d’entre eux, coiffé d’une Kippa, âgé d’environ trente ans, se leva alors et déclara :

«Je m’appelle Moché et j’ai quitté l’Egypte ! Ne riez pas, c’est vraiment vrai ! J’ai été élevé dans une famille assimilée en Argentine et nous ne pratiquions aucun judaïsme à la maison. Tout ce que je connaissais, c’était le «Chema Israël» et quelques versets qu’on m’avait forcé à prononcer pour ma Bar Mitsva. J’ai fait mon service militaire dans Tsahal sans croire en D.ieu. Puis, j’ai entrepris le tour du monde, comme tous les anciens de l’armée. Ma destination finale était l’Egypte.
Comme je ne voulais pas que les Egyptiens sachent que j’étais juif, je suis entré avec mon passeport argentin. J’étais si excité, je voulais visiter toutes les pyramides. Dans le métro, j’étais assis en face d’un homme particulièrement sympathique, accompagné de plusieurs enfants. Il me proposa tout de go : «Je vois que vous êtes un étranger ! Venez, je vais devenir votre guide, je m’occuperai bien de vous !»
Si sympathique ! Des enfants adorables ! Je le suivis chez lui, il me donna à manger et à boire. Quand je me réveillai le lendemain matin après un sommeil si lourd, je ne savais plus où j’étais. Où était ma valise ? Et mon porte-monnaie ? Si sympathique, disais-je ! Il m’avait tout volé : vêtements, argent mais surtout… mon passeport : je me retrouvai à la rue, sans rien !
Je me précipitai au poste de police : les fonctionnaires y avaient l’air sincèrement désolé pour moi. Ensemble nous avons recherché le voleur mais celui-ci s’était évaporé parmi quelques 80 millions de ses concitoyens.
Je me rendis au consulat israélien : là, on ne pouvait rien pour moi puisque j’étais entré en Egypte avec mon passeport argentin. Ils me donnèrent un papier dûment tamponné spécifiant que j’étais argentin mais cela ne pouvait m’aider à quitter le pays.
Quand les Egyptiens réalisèrent que j’étais juif, ils devinrent très désagréables avec moi et menacèrent : «Tu es juif, tu ne sortiras pas d’Egypte!»
J’errai dans les rues, me nourrissant avec les autres mendiants. Au bout de quelques jours, le consulat israélien put me donner un peu d’argent que mes parents avaient envoyé à mon intention. Cela m’a aidé, bien sûr, mais je ne pouvais toujours pas quitter le pays.
Une semaine passa, rien ne bougeait. Chaque fois que je me rendais au consulat, on se moquait de moi : «Quitter l’Egypte! Tu n’y parviendras pas!»
Au bout de deux mois, je crus que j’allais craquer nerveusement. Je décidai de prendre un avocat, même si cela me coûterait une fortune. Nous nous sommes donnés rendez-vous un lundi à 9h.
Ce jour-là, je me réveillai très en forme. Je remis les mêmes vêtements que j’avais portés depuis des semaines et allai au rendez-vous. A 9h15, l’avocat n’était toujours pas là. A 10h, j’étais très démoralisé. Puis je me promis que, si un jour je parvenais à quitter l’Egypte, j’apprendrai davantage sur D.ieu et le judaïsme.
Soudain, je ressentis que D.ieu m’accompagnait, je me sentis comme Moïse entrant dans le palais du Pharaon ! Je me présentai au premier guichet et criai au premier fonctionnaire : «Je suis Moïse! Et je quitte l’Egypte! Et si tu ne me laisses pas, je te maudirai, toi et ta famille pour toutes les générations !» Je me suis mis à crier le Chema et les quelques mots dont je me souvenais de la Paracha de ma Bar Mitsva. Le visage de «Pharaon» devint violet de peur et il hurla à son assistant : «Donne à cet homme les tampons dont il a besoin et qu’il nous laisse tranquilles!»
Je me rendis chez le second fonctionnaire, provoquai le même scandale et menaçais de le maudire lui aussi s’il n’apposait pas son tampon! Lui aussi fut tellement choqué qu’il me donna immédiatement tous les papiers nécessaires.
Je quittai le consulat, me trouvai dans l’avion pour Israël. A mon arrivée, j’embrassai le sol puis me rendis directement à la synagogue.
Depuis je suis vraiment retourné à mon peuple. Il a fallu ce «séjour» en Egypte pour que je réalise ce que j’aurais dû savoir toute ma vie !»

Sori Block – Melbourne, Australie
N’shei Chabad Newsletter n°7104
traduit par Feiga Lubecki