Il existe des gens qui n’aiment pas évoquer leurs actions méritantes, qui se cachent et ne racontent pas leur vie devant les autres, qui préfèrent écouter plutôt que parler. Et parfois, emportés par l’émotion, ils se laissent aller à des confidences sans toutefois dévoiler même leurs noms et les détails qui permettent de les reconnaître. Ce fut le cas d’un Chalia’h (émissaire du Rabbi) qui raconta son histoire au cours d’une réunion ‘hassidique qui se tenait au 770 Eastern Parkway en Tichri.

«Quand j’effectuai mon service militaire en Israël, je fus sélectionné avec d’autres soldats pour participer à une mission dangereuse et secrète à l’intérieur du territoire égyptien : pour des raisons évidentes de sécurité, je ne peux en dévoiler – même ici et maintenant- les tenants et aboutissants. Vu l’importance de cette mission, un chef très haut gradé de Tsahal (l’armée de défense d’Israël) se déplaça pour nous donner les dernières instructions et nous souhaiter bonne chance. D.ieu merci, tout se passa pour le mieux et les soldats revinrent tous à la base, en bonne santé, heureux d’avoir pu servir leur pays et d’avoir ainsi contribué à la sécurité de millions d’hommes et de femmes.

Alors que le chef d’état-major venait nous féliciter, je m’approchai de lui et me présentai : un ‘Hassid de Loubavitch. Je profitai de cet instant euphorique pour m’enhardir et déclarer : «Jusqu’à présent, c’était toi (en Israël, il n’existe pas le «vous» de politesse et tout le monde se tutoie) qui commandait tout le monde ici mais maintenant un ordre est arrivé, émanant d’un commandant encore supérieur : D.ieu qui ordonne que chaque Juif mette les Téfilines !».

Encore sous l’emprise de notre succès, je réalisai pourtant que ce n’était peut-être pas le bon moment ou le bon endroit pour une telle proposition. Et je fus quelque peu surpris, je l’avoue, quand le chef d’état-major, lui-même un peu déstabilisé par ma requête, répondit que, bien entendu, il allait mettre les Téfilines puis qu’il m’expliquerait ensuite la raison de sa bonne volonté soudaine.

Je l’aidai à poser les boîtiers contenant les parchemins sacrés et à enrouler les lanières noires autour de son bras gauche puis de sa tête ; il récita les bénédictions et le Chema Israël avec ferveur et remit les Téfilines à leur place, dans le sac en velours brodé dont je ne me séparais pas, surtout à l’armée.

Voici ce qu’il nous raconta :

«Ce matin, alors que nous préparions l’opération, j’étais en réunion à la Kiria (le QG de l’armée) à Tel-Aviv avec d’autres généraux dont je tairai le nom par mesure de sécurité. Des ‘Hassidim de Loubavitch arrivèrent alors et nous proposèrent de mettre les Téfilines. Agacé, je leur posai «la question qui tue», celle à laquelle j’étais persuadé qu’ils ne sauraient pas répondre : pourquoi le Rabbi de Loubavitch restait-il à New York et ne s’installait-il pas en Israël ? Pas gênés du tout, ils répondirent que le Rabbi avait envoyé des émissaires en Israël et que l’émissaire est considéré comme étant celui qui l’envoie. Donc grâce à ses émissaires, fidèles à leur mission, c’était comme si le Rabbi lui-même se trouvait en Israël. J’argumentai un peu et, pour me débarrasser d’eux, je leur annonçai que j’allais me rendre dans le Sinaï, à l’intérieur du territoire égyptien : si là-bas aussi, des ‘Hassidim me demandaient de mettre les Téfilines parce que le Rabbi leur avait demandé d’encourager tous les Juifs à le faire, je serais obligé d’admettre que le Rabbi se trouvait vraiment en Eretz Israël !

Et me voici ici, dans le Sinaï ! A ton retour de cette mission périlleuse, je t’ai immédiatement repéré avec ta barbe ! Je me suis dit : «Si c’est un Loubavitch, je serais curieux de voir s’il me demande de mettre les Téfilines !». Effectivement, à peine étais-tu rentré, épuisé par le stress de cette aventure, tu n’as pas perdu une minute et toi, fidèle soldat du Rabbi, tu m’as suggéré de mettre les Téfilines ! Maintenant je suis bien obligé d’admettre que les émissaires du Rabbi se trouvent partout et que le Rabbi est donc là lui aussi !»

Traduit par Feiga Lubecki