Rav Shlomo Wilhelm est un émissaire du Rabbi de Loubavitch et Grand-Rabbin de Zhitomir en Ukraine. Il y a neuf ans, durant la fête de ‘Hanouccah, par un glacial soir d’hiver, Rav Wilhelm quitta son domicile douillet pour se rendre dans les villes et villages avoisinants. Il recherchait des Juifs auxquels il pourrait adresser un sourire chaleureux et auxquels il pourrait proposer un chandelier de ‘Hanouccah ou un manteau d’hiver ou même des repas cachères tout prêts fournis gratuitement par son centre communautaire.
Partout où il se rendait, que ce soit une grande ville ou un hameau, il demandait aux rares passants ou aux aubergistes s’ils connaissaient des Juifs. Dans un village en particulier, il interrogea une, deux, trois personnes. Non, on ne connaissait pas de Juif. Loin de se décourager, Rav Wilhelm continua son enquête : «Oui, affirma finalement un paysan, il y a une vieille dame juive au bout du village!»
Il lui montra la petite maison et Rav Wilhelm frappa à la porte : «La jeune femme qui ouvrit pâlit en me voyant et me fit entrer sans même me demander le but de ma visite. Elle me présenta sa grand-mère qui était alitée et visiblement très malade. J’avoue que j’étais assez étonné de l’attitude de la jeune femme qui semblait toute heureuse de ma visite.
Elle s’appelait Alya et me présenta aussi son frère et sa fille qui l’avaient accompagnée depuis la lointaine Sibérie pour être au chevet de la vieille dame qui vivait visiblement ses derniers jours. Je leur parlai de la fête de ‘Hanouccah et de son importance : ils buvaient mes paroles mais n’en avaient jamais entendu parler. Je m’approchai alors de la grand-mère qui – bien qu’incapable de parler – manifesta une émotion particulière quand je lui parlai en yiddish, sans doute sa langue maternelle : j’expliquai au frère comment allumer les bougies de ‘Hanouccah et les petites flammes attirèrent comme un aimant le regard fatigué de la veille dame.
Je leur demandai s’ils avaient suffisamment de couvertures, de bois pour se chauffer et de nourriture. Je leur demandai leur numéro de téléphone afin que je puisse m’informer de l’état de santé de la malade.
Effectivement, quand j’appelai le lendemain matin, Alya m’informa que, quelques minutes après que j’ai quitté sa maison, la grand-mère avait paisiblement rendu son âme à son Créateur. Je retournai au village et aidai la famille à procéder à l’inhumation selon la ‘Hala’ha, la loi juive. Avant de quitter Alya et sa famille, je leur laissai les coordonnées de mes collègues Loubavitch en poste en Sibérie.»
L’histoire ne s’arrête pas là.
L’an dernier, à l’occasion d’un rassemblement féminin à Zhitomir, à l’occasion de ‘Hanouccah, Madame Esther Wilhelm demanda aux dames présentes de raconter quelque chose de spécial qui leur serait arrivé en rapport avec la fête des lumières. Une femme se leva et raconta : «Il y a quelques années, mon frère, ma fille et moi-même avons rendu visite à ma grand-mère, âgée, qui vivait dans un village perdu près de Zhitomir. Ma grand-mère sentait que ses derniers moments arrivaient et elle nous appela. D’une voix faible mais déterminée, elle déclara : «Je vais vous révéler un secret que je garde depuis soixante-dix ans. Je suis juive ! Toutes ces années, je n’ai pas vécu comme telle mais je désire être enterrée comme une Juive!»
Mon frère et moi-même étions sous le choc de cette révélation. Bien entendu, nous avons pris l’engagement d’accomplir sa dernière volonté bien que nous n’ayons aucune idée de ce que cela impliquait. Si elle était juive, étions-nous juifs nous aussi ? Et comment organiser une cérémonie juive alors que nous ignorions tout de ce que cela signifiait ? Avant même que nous n’ayons réfléchi à ces questions, on frappa à la porte : c’était Rav Shlomo Wilhelm ! Il pensait apporter la joie de la fête de ‘Hanouccah à une vieille dame juive, isolée dans un hameau perdu, il allait lui proposer des services concrets, une assistance financière éventuellement. Mais, de fait, c’est certainement la Providence Divine (concept dont j’ai pris conscience en suivant des cours de judaïsme) qui l’a amené au bon moment, afin que ma grand-mère puisse passer ses derniers instants sur terre dans une atmosphère juive, en assistant à l’allumage des lumières de ‘Hanouccah. Pour nous, cela a marqué le début de notre périple vers le judaïsme, vers la foi de nos ancêtres.
A partir de ce jour, nous avons trouvé des réponses à nombre de nos questions. J’ai énormément appris de ma fille Irina : depuis que nous avons déménagé à Zhitomir, elle est grâce à D.ieu inscrite à l’école Ohr Avner Chabad…» conclut Alya sous les applaudissements.

Rav Avraham Berkowitz – directeur du F.J.C.
L’Chaim
Traduit par Feiga Lubecki