Le lundi 19 et le mardi 20 Kislev marquent la libération de Rabbi Chnéour Zalman, auteur du Tanya et du Choul’hane Arou’h Harav.

Au mois d’Adar (février) 1985, un ami de Rav Leibel Zaientz le contacta afin qu’il procure à un de ses proches parents de la Matsa Chmoura pour la fête de Pessa’h, comme le font tous les émissaires du Rabbi dans le monde entier. Le problème était que cet homme habitait à Kinshasa, capitale du Zaïre, maintenant République Démocratique du Congo.

En apprenant qu’un Juif habitait dans ce pays lointain et exotique, Rav Leibel fut le plus heureux des hommes ! En effet, Rav Leibel se consacrait corps et âme à la campagne initiée par le Rabbi de Loubavitch : imprimer partout dans le monde, en compagnie de communautés juives locales, le Tanya, l’œuvre maîtresse de Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi. Cette nouvelle signifiait donc qu’il pouvait voyager au Congo et… y faire imprimer le Tanya, l’étudier avec ce Juif et donner ainsi une grande satisfaction au Rabbi.

Apparemment, Rav Leibel ne se renseigna pas trop sur l’endroit qu’il s’apprêtait à visiter : sinon il aurait compris qu’il s’agissait d’un pays d’Afrique sub-saharienne qui, à l’époque, était considéré comme difficile, même si la situation était calme.

Mais Rav Leibel ne s’attarda pas sur ces «détails». Il écrivit au Rabbi une lettre dans laquelle il exposait son plan de voyage. Le Rabbi approuva ses projets mais lui demanda d’organiser à l’avance où il pourrait imprimer le Tanya et trouver sur place l’imprimeur qui s’occuperait de l’édition etc. L’ami de Rav Leibel prit en charge toutes ces dispositions techniques et Rav Leibel commença ses préparatifs.

Comme il était très proche de la regrettée Rabbanite ‘Haya Mouchka, Rav Leibel lui rendit visite et lui annonça fièrement qu’il s’impliquait à fond dans la campagne initiée par le Rabbi : il allait même faire imprimer le Tanya à Kinshasa. Si Rav Leibel n’était pas très au courant des événements politiques, la Rabbanit, elle était consciente des dangers qu’il encourrait peut-être en se rendant dans ce pays instable. Inquiète, elle lui demanda : «Vous rendez-vous compte où vous allez ? Savez-vous que ce pays n’est pas très sûr ?»

Rav Leibel affirma que, puisqu’il voyageait avec la bénédiction du Rabbi, le Tout Puissant l’aiderait certainement !

En apprenant qu’il avait obtenu la bénédiction du Rabbi, la Rabbanite le bénit elle aussi en lui souhaitant un bon voyage. Cependant, elle s’inquiétait énormément ! Elle lui recommanda instamment de prendre toutes les précautions nécessaires et de lui faire part de son retour le plus rapidement possible.

Avant de partir pour Kinshasa, Rav Leibel reçut la réponse suivante du Rabbi, alors qu’il devait auparavant se rendre dans plusieurs autres pays d’Afrique du sud :

«On a insisté plusieurs fois sur la nécessité d’étudier le Tanya quand il est imprimé dans un endroit, au moins une fois… Il est inclus dans cette réponse de l’argent à remettre à la Tsedaka dans les endroits qu’il visitera. Je le mentionnerai sur le tombeau (du Rabbi précédent)».

Durant son voyage, Rav Leibel fit face à de nombreuses aventures mais, grâce à D.ieu, il surmonta tous les obstacles et parvint à faire imprimer le Tanya à Kinshasa en quelques jours. Il trouva là-bas une petite communauté soudée. Dès sa mission terminée, Rav Leibel s’empressa de quitter le pays, avec quelques exemplaires du Tanya dans ses valises : il avait laissé aux Juifs résidant sur place tous les autres exemplaires, ainsi que des Matsot Chmourot à l’approche de la fête de Pessa’h.

Le vendredi, veille du Chabbat où on bénit le mois de Nissan, Rav Leibel arriva à Brooklyn : dans ses valises, il avait emballé précieusement les Tanya qu’il avait fait imprimer au Brésil et ceux de Kinshasa.

Le lendemain, lors de la réunion ‘hassidique, le Rabbi appela Rav Leibel et lui remit une bouteille de vodka, comme c’était la coutume à cette époque. Le Rabbi lui demanda de se rendre à nouveau dans les endroits où il avait fait imprimer dernièrement le Tanya et d’apporter aux Juifs locaux de la Matsa Chmoura pour Pessa’h. Avec un grand sourire, le Rabbi précisa cependant : «Mais ne retournez pas à Kinshasa !»

Comme la Rabbanite lui avait demandé instamment de revenir et qu’il savait que, jusqu’à la nouvelle de son retour en bonne santé, elle serait inquiète, il lui annonça son retour. La Rabbanite ne cacha pas sa joie de le savoir revenu sain et sauf et, soulagée, lui demanda de venir lui rendre visite en affirmant à son secrétaire : «Aujourd’hui nous aurons la visite de quelqu’un d’important, important parce qu’il revient d’un pays pareil…!»

Quand Rav Leibel entra dans la maison du Rabbi, sur President Street, la Rabbanite lui transmit que le Rabbi avait demandé que le visiteur se rende dans son bureau situé à l’étage. En général, les rares personnes qui rendaient visite à la Rabbanite étaient reçues au rez-de-chaussée et ne se hasardaient pas dans les chambres situées à l’étage. Mais la Rabbanite affirma à Rav Leibel : «Mon mari a déclaré qu’un invité aussi important doit être reçu dans le bureau !»

Quand Rav Leibel quitta la maison, la Rabbanite lui confia : «Vous avez labouré, semé et sué ! Mais bientôt, on enverra là-bas un Chalia’h (émissaire) !»

Effectivement, le Congo Kinshasa est devenu depuis 1991 le lieu de résidence de Rav Chlomo Bentolila qui, avec sa famille et des jeunes gens qui viennent régulièrement le seconder, s’occupent des besoins culturels et cultuels des Juifs d’Afrique sub-saharienne. Le couple qui avait motivé la venue de Rav Leibel en premier lieu a fait construire un Mikvé (bain rituel). De nombreuses autres institutions éducatives et sociales ont été établies par le Rav Bentolila.

Comme l’avait prédit la Rabbanite, une vie juive intense se développe maintenant dans ce pays ! Sa prophétie s’est pleinement réalisée !

Reb Leibel Zaientz

Traduit par Feiga Lubecki